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Au Québec, quand on parle de la Terre sainte, certains faits sont considérés comme paroles d'Évangile: si Israël arrêtait de bâtir en Cisjordanie, si Israël détruisait sa barrière de sécurité, si Israël faisait telle ou telle concession, si Israël, faisait X, si Israël... Toute la responsabilité pour le manque de progrès est mise sur le dos de l'État juif.
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Alors que le président américain Barack Obama quitte Israël au moment même où j'écris ces lignes, je ne peux m'empêcher de réfléchir au traitement du conflit israélo-arabe ici.

Au Québec, quand on parle de la Terre sainte, certains faits sont considérés comme paroles d'Évangile: si Israël arrêtait de bâtir en Cisjordanie, si Israël détruisait sa barrière de sécurité, si Israël faisait telle ou telle concession, si Israël, faisait X, si Israël... Toute la responsabilité pour le manque de progrès est mise sur le dos de l'État juif.

Ces mêmes personnes qui veulent l'indépendance pour les Palestiniens déresponsabilisent ces derniers pour la situation dans laquelle ils se trouvent. Si ce n'est pas la faute d'Israël, c'est la faute des États-Unis, de l'Ouest ou de qui d'autre encore.

Pourtant, l'indépendance est de prendre en main ses destinées, d'assumer ses responsabilités et les conséquences de ses gestes.

La cause de la présence israélienne en Cisjordanie

Personne ne semble vouloir se rappeler pourquoi Israël est en Cisjordanie. Personne n'ose se souvenir qu'en 1967, alors qu'Israël avait par tous les moyens dit à la Jordanie (qui contrôlait alors ce territoire - oui ça veut dire qu'il n'y a jamais eu d'État palestinien...) de ne pas l'attaquer, le roi Hussein avait néanmoins ouvert les hostilités.

Malgré sa victoire, Israël a offert de retourner la majorité des territoires. La réponse arabe? Elle est venue, très claire, de la Ligue arabe réunie à Khartoum: non à la reconnaissance d'Israël, non aux négociations avec Israël, non à la paix avec Israël. C'était la première fois dans l'histoire qu'une puissance victorieuse courait après les vaincus pour en arriver à la paix...

Ce refus n'est ni la faute d'Israël, ni des États-Unis, ni de l'Ouest.

Il n'y eut aucune prise de responsabilité de la partie arabe pour ces décisions funestes. Jamais.

(En passant, ceci ne veut pas dire que j'appuie de bâtir des implantations en Cisjordanie - ma position sur le sujet, explicitée à maintes reprises non seulement à la Chambre des communes, mais aussi dans mon livre et dans mes chroniques est on ne peut plus claire).

Le billet de Richard Marceau se poursuit après la galerie réalisée par le HuffPost américain

Le refus palestinien

Et le refus continue, sans que nos commentateurs à la pensée mystérieusement unique sur le sujet ne s'en offusquent ou n'en aient même conscience.

Nabil Shaath, le directeur des relations internationales du Fatah (le parti du Président Abbas) a affirmé sur les ondes de ANB TV en juillet 2011:

«Cette histoire de "Deux États pour deux peuples" veut dire qu'il y aura un peuple juif là, de ce côté et un peuple palestinien de l'autre côté. Nous n'accepterons jamais cela - que ce soit dans une initiative française ou une initiative américaine. Nous ne sacrifierons pas le million et demi de Palestiniens citoyens d'Israël qui vivent à l'intérieur des frontières de 1948. Nous n'accepterons pas cela, que cette initiative soit française, américaine ou tchécoslovaque (sic).»

En d'autres mots, alors que le premier ministre israélien Nétanyahou - supposément faucon - a réitéré cette semaine encore sa volonté de bâtir la paix sur le principe de deux États pour deux peuples, les Palestiniens refusent.

Et la solution de deux États pour deux peuples est pourtant la seule qui soit juste.

Pourquoi les Palestiniens ne sont-ils jamais mis devant leurs responsabilités? Pourquoi nos soi-disant experts n'osent-ils pas dire des Palestiniens qu'ils ont leurs responsabilités pour leur situation. Qu'ils doivent négocier avec Israël - et qui dit négociations dit donnant-donnant. Qu'ils ne peuvent pas simplement prendre sans rien donner en échange.

Silence sur la société palestinienne

Pourquoi nos commentateurs, si prompts à relever chaque travers d'Israël, ne parlent-ils jamais du manque de démocratie chez les Palestiniens? Abbas est dans la 9e année de son mandat de... quatre ans!

Pourquoi aussi ce silence sur l'absence de liberté de presse, non seulement à Gaza contrôlé par le Hamas, mais aussi en Cisjordanie où les journalistes critiques de l'Autorité palestinienne sont emprisonnés?

Et quid de l'exode des chrétiens, notamment de Bethléem qui a perdu sa majorité chrétienne depuis qu'Israël en a remis le contrôle à l'Autorité palestinienne? Et des femmes? Et des homosexuels?

(Je reviendrai dans un prochain texte sur la situation dans les territoires palestiniens.)

Le chemin vers la paix

Personne ne peut faire la paix à la place des Israéliens et des Palestiniens. Personne ne peut imposer la paix dans cette région. Ni les Américains, ni les Européens, ni les Nations Unies. Les parties doivent la désirer.

Par contre. Ces mêmes parties doivent être encouragées, supportées, peut-être poussées en peu. Mais pas une seule partie; pas seulement Israël.

Les négociations de paix, comme toutes sortes de négociations (pour un contrat, pour un emploi, pour acheter une maison, etc.) nécessitent des compromis des deux côtés.

Et elles nécessitent de s'asseoir à la même table.

Les Palestiniens, en refusant tout compromis et en refusant de négocier directement avec Israël, nuisent à la paix.

Il est temps pour nos soi-disant experts d'enlever leurs oeillères idéologiques et voir la réalité telle qu'elle est. Et, surtout, de cesser de propager comme paroles d'Évangile une vision des choses qui est fausse.

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