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On entend beaucoup ces jours-ci de jugements excessivement négatifs sur la religion dans le cadre du débat sur le Charte des valeurs québécoises. On y confond souvent laïcité et lutte à la religion. Et on affirmeque toutes les religions sont patriarcales et anti-femmes.
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Le monde juif hassidique fascine. On le voit à la sortie ces jours-ci du documentaire Shekinah, qui a déjà attiré une importante attention médiatique (notamment avec Sophie Durocher dans le Journal de Montréal et Marc Cassivi dans La Presse) et au succès - bien mérité - de l'excellent livre Pourquoi moi?de Lise Ravary.

Je ne peux affirmer que je connais bien ce monde, mais je le fréquente régulièrement à la marge. J'ai plusieurs amis hassidiques, je me suis rendu à Ouman en Ukraine pour un des plus importants rassemblements du mouvement Breslev (expérience fascinante, mais qui a été plus sociologique que spirituelle et qui a confirmé que ce mode de vie n'était vraiment pas pour moi), j'ai étudié avec des tenants du hassidisme.

Chaque fois que ma famille et moi somme reçus par des hassidiques, c'est très chaleureux, généreux et sans jugement. Contrairement à plusieurs idées reçues, ce sont des gens qui gagnent à être connus.

Cependant, la fascination pour le monde hassidique a pour conséquence que, trop souvent, on limite le monde juif à celui-ci. On confond l'arbre et la forêt.

Les hassidiques ne forment que de 10 à 12% de la population juive montréalaise - et dans le monde. Ils sont importants, mais sont loin d'être la majorité. Ce qu'ils font et croient n'est pas ce que font et croient la vaste majorité des Juifs chez nous.

Les femmes et le judaïsme

On entend beaucoup ces jours-ci de jugements excessivement négatifs sur la religion dans le cadre du débat sur le Charte des valeurs québécoises. On y confond souvent laïcité et lutte à la religion. Et on affirme urbi et orbi que toutes les religions sont patriarcales et anti-femmes.

Je laisserai à d'autres le soin d'expliquer le monde chrétien protestant, dans lequel la principale église canadienne, l'Église unie du Canada, a des femmes pasteurs, a eu à sa tête des femmes et est en faveur des causes les plus progressistes.

Mon point d'entrée dans le judaïsme a été le mouvement réformé (Reform Judaism).

J'ai rencontré le rabbin qui a piloté mon introduction au sein du peuple juif lors d'une conférence de presse en faveur du mariage des conjoints de même sexe, alors que j'étais député.

Le mouvement réformé - le plus important numériquement, et de loin, en Amérique du Nord - pratique l'égalité la plus complète entre les hommes et les femmes. Les femmes peuvent être rabbins, chantres, scribes, mohels, présidentes de synagogue, etc. Aucun rôle ne leur est interdit.

Le second mouvement en importance en Amérique du Nord est le mouvement conservateur , appelé aussi Conservative et massorti (malgré son nom, c'est un mouvement non orthodoxe). Bien que plus traditionnel que le mouvement réformé (notamment en terme de rituel), les femmes peuvent aussi y être rabbins, chantres, scribes, présidente de synagogue, etc.

Cette complète égalité-femmes se retrouvant dans des mouvements plus petits comme les mouvements reconstructionniste et Renewal.

Même le monde orthodoxe voit une progression importante du rôle de la femme avec l'ordination de maharat (des rabbins sauf en nom), dont 2 des 3 se trouvent à... Montréal.

En d'autres mots, la très vaste majorité du monde religieux juif - sans parler des Juifs laïcs qui sont par nature très progressistes - pratique l'égalitarisme hommes-femmes.

Le catholicisme n'est pas la seule religion

Je comprends que l'expérience religieuse d'une vaste majorité des Québécois se soit faite dans - ou en réaction - la sphère catholique.

Je comprends aussi que l'Église catholique ne pratique pas l'égalité hommes-femmes. Mais affirmer que la religion est en soi anti-femmes est non seulement réducteur, mais aussi faux.

Les débats sur des enjeux tels les valeurs québécoises, la laïcité, les droits des femmes, les droits des minorités, etc. doivent être tenus avec rigueur.

Il en va de la qualité de nos débats démocratiques.

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