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Élections israéliennes: un profond désir de changement domestique

La première leçon à tirer du résultat des élections israéliennes est que nos nombreux spécialistes autoproclamés sur les sujets touchant au Proche-Orient se sont encore trompés. Ceci étant dit, j'invite les commentateurs et observateurs d'ici à cesser de voir tout ce qui se passe en Israël par le prisme du conflit israélo-arabe. Tout comme au Québec, tout n'est pas déterminé par le clivage souveraineté-fédéralisme, en Israël, tout n'est pas déterminé par la situation entre Israéliens et Palestiniens.
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Israeli actor, journalist and author Yair Lapid, leader of the Yesh Atid (There is a Future) party, speaks to supporters early on January 23, 2013 at his party headquarters in Tel Aviv. Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu said it was necessary to form the 'broadest possible government' after his Likud-Beitenu list won a narrow election victory, with the centrist Yesh Atid in second place. AFP PHOTO/AHMAD GHARABLI (Photo credit should read AHMAD GHARABLI/AFP/Getty Images)
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Israeli actor, journalist and author Yair Lapid, leader of the Yesh Atid (There is a Future) party, speaks to supporters early on January 23, 2013 at his party headquarters in Tel Aviv. Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu said it was necessary to form the 'broadest possible government' after his Likud-Beitenu list won a narrow election victory, with the centrist Yesh Atid in second place. AFP PHOTO/AHMAD GHARABLI (Photo credit should read AHMAD GHARABLI/AFP/Getty Images)

La première leçon à tirer du résultat des élections israéliennes est que nos nombreux spécialistes autoproclamés sur les sujets touchant au Proche-Orient se sont encore trompés.

Il y a peu de temps, le refus de voir la montée en puissance des islamistes suite au (mal nommé) Printemps arabe aurait dû en disqualifier plusieurs.

Concernant les élections israéliennes, ils prédisaient un tournant vers la droite dure et vers le religieux en Israël, tournant qui ne s'est pas produit.

En effet, la vedette de ce scrutin est un centriste, un libéral (au sens philosophique du terme), Yaïr Lapid, symbole de l'Israël laïc et cosmopolite.

De plus, le Premier ministre Netanyahou a été, en quelque sorte, puni pour son alliance électorale avec le parti Yisael Beitenou d'Avigdor Lieberman et pour une certaine radicalisation de son parti par ses propres "purs et durs".

Ceci étant dit, j'invite les commentateurs et observateurs d'ici à cesser de voir tout ce qui se passe en Israël par le prisme du conflit israélo-arabe. Tout comme au Québec, tout n'est pas déterminé par le clivage souveraineté-fédéralisme, en Israël, tout n'est pas déterminé par la situation entre Israéliens et Palestiniens.

Les Israéliens, pourtant en très forte majorité favorables à la solution des deux États (l'État juif d'Israël et l'État palestinien), ne croient pas avoir un partenaire pour la paix du côté des Palestiniens. Le Hamas veut explicitement la destruction d'Israël pendant que le Président Mahmoud Abbas évite du mieux qu'il peut toute négociation directe avec Israël, alors que ce n'est qu'en négociant directement que les partis pourront s'entendre.

Voyant cela, les Israéliens ont voté sur les enjeux domestiques qui les touchent.

Israël: un succès économique phénoménal mais profondément inégalitaire

Israël, longtemps le pays occidental le plus égalitaire de tous, ne l'est plus.

Bien que faisant partie maintenant du club des pays riches qu'est l'OCDE, bien que ses réussites en haute technologie sont remarquées et célébrées partout dans le monde (Israël, la start up nation), Israël est maintenant le pays où l'écart de richesse est le plus prononcé, après les États-Unis. De plus, la classe moyenne a de la difficulté à joindre les deux bouts, et ce, même si les deux conjoints travaillent.

En d'autres mots, le succès économique phénoménal d'Israël ces dernières années a eu un coût, coût que plusieurs ne veulent plus payer.

Le défi ultra-orthodoxe

L'autre enjeu « chaud » est la participation des ultra-Orthodoxes (les harédim) dans la société israélienne.

Alors que les jeunes Israéliens ont un service militaire de 3 ans (suivi d'une période de réserve de 3-4 semaines par année jusqu'à l'âge de 40 ans), alors que les jeunes Israéliennes doivent faire un service militaire de 2 ans, les ultra-Orthodoxes en sont exemptés.

De plus, les harédim ne travaillent pas et reçoivent de l'État un certain montant (genre de bien-être social) pour étudier la Torah, pour poursuivre leurs études religieuses.

Cette situation est le fruit d'un compromis accepté par le fondateur de l'État, David Ben Gourion. Celui-ci croyait en effet que le monde ultra-orthodoxe, décimé par la Shoah, allait disparaître, absorbé par ce modèle de nouvelle société juive qu'allait être Israël.

Cela ne s'est évidemment pas passé.

Ce qui avait été octroyé pour quelques dizaines de religieux souhaitant ne pas voir leur mode de vie disparaître après la Deuxième Guerre Mondiale s'applique maintenant à une partie croissante de la population israélienne, les harédim ayant des familles très nombreuses.

Cette situation ne peut plus durer, politiquement, socialement et économiquement. C'est ce qu'a dit la classe moyenne israélienne le jour de l'élection.

Le message: Il faut que ça change

En d'autres mots, tout en demeurant prêts à faire les compromis nécessaires pour obtenir une paix juste et conforme au droit international, voyant que ce désir n'est pas partagé par les leaders palestiniens, les Israéliens ont décidé de se concentrer sur leurs problèmes domestiques.

Ils ont crié haut et fort leur désir de voir de profonds changements (élisant 52 nouveaux députés sur 120) en matière de taxe, de services sociaux, d'accommodements de nature religieuse et de qualité de vie.

Ils ont, en somme, voté sur des enjeux similaires à ceux sur lesquels nous, Québécois, votons..

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