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Démocratie de pacotille et bipartisme de façade

Dans d'autres circonstances - celles d'une véritable alternance de projets de société - on parlerait d'un signe de vitalité démocratique. La réalité québécoise est toute autre. Depuis des décennies, le Québec est géré par un même système incarné dans un bipartisme qui n'est que de façade, sur bien des aspects,
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Nous sommes donc tous et toutes convoqués aux urnes le 7 avril prochain. Ce sera la quatrième élection provinciale depuis 2007. Si on inclut les élections fédérales et municipales, on a l'impression qu'au Québec, on sort à peine d'une élection qu'on se prépare déjà à la suivante.

Dans d'autres circonstances - celles d'une véritable alternance de projets de société - on parlerait d'un signe de vitalité démocratique. La réalité québécoise est toute autre. Depuis des décennies, le Québec est géré par un même système incarné dans un bipartisme qui n'est que de façade, sur bien des aspects.

Pauline Marois choisit de retourner aux urnes dans l'espoir de voir un gouvernement majoritaire PQ en sortir. Elle prétexte qu'elle n'en pouvait plus des «blocages du PLQ et de la CAQ».

Le fait est que malgré le caractère minoritaire du gouvernement de Mme Marois, les deux principaux partis d'opposition ne l'ont jamais empêché de gouverner, de déposer ou de voter des lois et... même d'adopter le budget de l'année dernière. Rien ne semble donc justifier l'urgence d'appeler les électeurs et électrices au vote surtout que c'est ce même gouvernement qui a voté une loi pour des élections à date fixe. De plus, l'Assemblée nationale semblait pencher sur plusieurs dossiers initiés par le PQ comme le fameux projet de loi 60 sur la charte des valeurs ou encore le projet de loi 52 «Mourir dans la dignité» qui avait le consentement de la CAQ et de QS.

Ainsi, s'agissant du projet de loi 60, le gouvernement a lancé en janvier, des audiences publiques qui devaient s'étaler jusqu'au mois d'avril. Des dizaines de citoyens et de citoyennes, d'organismes et d'associations intéressés par ce débat ont longuement réfléchi et produit des mémoires qu'ils ont déposés à la commission des institutions de l'assemblée nationale. Ils sont nombreux ceux qui n'auront pas la chance de se présenter à cette commission parlementaire. Leurs rendez-vous sont tout simplement annulés. On leur a indiqué qu'aux «termes du règlement qui gouverne l'Assemblée et ses commissions parlementaires, la dissolution de la législature annule tous les ordres qui n'ont pas été pleinement exécutés».

Pendant des mois, on a remué ciel et terre autour des dangers qui guetteraient le Québec, à travers la montée des intégrismes et particulièrement de l'intégrisme musulman. Les ténors du gouvernement n'ont pas cessé d'inviter les Québécois et les Québécoises à débattre de laïcité, de valeurs québécoises et d'égalité entre les hommes et les femmes. Des figures médiatiques les ont incités à prendre la parole, à mettre leurs culottes, à cesser d'être trop gentils, etc.

Après tout ce tintamarre assourdissant, qu'est-ce qu'on dit à tous ceux et toutes celles qui ont fini par s'intéresser à ce débat, à le trouver utile, indépendamment de ce que les uns et les autres pensaient du projet de loi 60 ? On leur dit : ça y est, on ferme boutique. On n'a plus besoin de vous écouter.

N'est-ce pas du mépris envers toutes les personnes qui ont consacré un temps précieux à réfléchir sur cette question avec l'objectif de partager leurs conclusions, voire même envers le peuple Québécois qui pouvait considérer les audiences sur le projet de charte des valeurs comme un espace démocratique utile à l'amélioration du Vivre ensemble. Visiblement le PQ n'en a cure.

Ce qui est important, aux yeux de la direction du Parti québécois, c'est qu'à ce stade, la Charte lui a permis de monter dans les intentions de vote, mais que si la discussion s'étale dans le temps, le PQ court le risque d'un désamour, dans un contexte où le peuple ne perçoit pas d'amélioration de la situation économique et sociale. Aujourd'hui, la charte peut lui donner un gouvernement majoritaire. Il faut donc aller le chercher. Tant pis, si le débat sur la charte n'est pas allé au bout. Tant pis si des dizaines voire des centaines de familles doivent attendre avant de voir des proches condamnés, mourir dans la dignité. Tant pis pour la convocation du corps électoral quelques jours après la présentation d'un budget que les élus du peuple n'auront pas eu l'occasion de discuter.

Aux urnes, en avant toute

Démocratie, dites-vous? L'élection, à peine déclenchée, les médias vendent déjà un duel PQ-PLQ. Et ça va continuer tout au long des 34 jours de campagne. Exit ON, QS et même la CAQ, pourtant propulsée par les mêmes médias croupion il y a deux ans, quand l'impopularité du PLQ avait atteint des sommets.

Dans notre système parlementariste, il n'y a de place que pour deux partis que presque tout unit même si l'un se proclame souverainiste quand l'autre vante les mérites du fédéralisme canadien.

Ils vont continuer à se succéder au pouvoir pour appliquer des politiques qui servent les mêmes intérêts des puissants et pour s'en prendre aux classes moyennes et aux démunis. Ils n'hésiteront pas à le faire d'autant qu'ils savent, l'un et l'autre, détourner l'attention des citoyens et des citoyennes sur des questions qui les divisent et qui sont utilisées comme écrans de fumée empêchant de voir les vrais enjeux.

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