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Étant nous-mêmes opposés à la hausse des frais de scolarité telle qu'annoncée dans le dernier budget Bachand, nous nous enthousiasmons à l'idée que ce mouvement étudiant propulse la question des frais de scolarité universitaires à l'avant-plan du débat public. Notre optimisme se transforme néanmoins en désappointement lorsque nous constatons à quel point les négociations entre les associations étudiantes et le gouvernement sont laborieuses, voire inexistantes.
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CP

Cela fait désormais de nombreuses semaines que la grève étudiante s'étend sur l'ensemble du Québec.

Étant nous-mêmes opposés à la hausse des frais de scolarité telle qu'annoncée dans le dernier budget Bachand, nous nous enthousiasmons à l'idée que ce mouvement étudiant propulse la question des frais de scolarité universitaires à l'avant-plan du débat public. Notre optimisme se transforme néanmoins en désappointement lorsque nous constatons à quel point les négociations entre les associations étudiantes et le gouvernement sont laborieuses, voire inexistantes. Chaque parti reste campé sur ses positions : les associations étudiantes réclament un gel alors que le gouvernement n'offre qu'une ouverture très limitée aux revendications des grévistes. Et que le meilleur gagne...

Outre ces deux positions, y-a-t-il une alternative à la crise? Est-il possible d'éviter qu'un des deux groupes demeure insatisfait au terme du conflit, pénalisant ainsi l'ensemble de la société québécoise? Nous sommes convaincus qu'il existe un terrain d'entente qui ne contraindra ni les étudiants, ni le gouvernement, tout en assainissant le problème de sous-financement dont souffrent les universités du Québec. Nous sommes fiers d'appartenir au mouvement de solidarité étudiante actuel. Toutefois, il nous apparaît essentiel d'établir un dialogue afin de sortir de l'impasse. Nous proposons une démarche qui encouragera les étudiants à contribuer au financement des universités de manière plus acceptable. D'autre part, l'idée qui suit a également pour objectif la résolution des problèmes de gestion des universités, mis en lumière par de récents exemples tirés de l'actualité.

Voici trois propositions crédibles pouvant représenter une porte de sortie à la crise pour le gouvernement actuel, autant qu'une solution pour une grande partie des étudiants :

Unification des droits de scolarité et des frais afférents (FIO) : Les frais

institutionnels obligatoires (FIO), qui étaient inexistants en 1968, s'établissaient en

moyenne à 700$ par année en 2010. Le discours actuel du gouvernement voulant que

l'augmentation des frais nous ramène aux droits de 1968 en dollars constants ne tient pas

la route, car il y a omission des frais afférents. Pour qu'une hausse des frais soit crédible,

il faudrait parler des frais totaux, et unifier les frais afférents aux droits de scolarité en

une seule facture pour mieux contrôler leur croissance exponentielle, comme proposé par

Paul St-Pierre-Plamondon et Jean-François Gingras, membres de Générations d'idées.

Création de l'Observatoire des Universités du Québec : Mise en place d'une entité indépendante du ministère de l'Éducation, dont le rôle serait l'étroite supervision des finances des universités. En cas de mauvaise gestion de la part de celles-ci, l'organisation aurait le pouvoir d'imposer des sanctions financières. De plus, elle aurait un mandat semblable à celui de la Régie de l'Énergie du Québec en ce qui a trait à la régularisation des frais de scolarité. Ainsi, les paramètres influant ceux-ci seraient analysés et évalués afin de permettre ou non au gouvernement de modifier les droits de scolarité. Le budget alloué aux prêts et bourses serait également établit par l'Observatoire afin que de possibles hausses des droits de scolarité ne compromettent pas l'accessibilité aux études.

Augmentation conditionnelle des droits de scolarité : Majoration par session des frais de scolarité unifiés moindre que celle proposée par le gouvernement. Celle-ci serait conditionnelle à la réalisation des propositions précédentes et s'échelonnerait sur une période de deux années, dite d' «essai». Cet intervalle de temps permettrait à l'Observatoire mentionné précédemment de s'établir et d'évaluer l'utilisation des fonds supplémentaires accordés aux universités par l'entremise de la hausse. En résumé, une hausse négociée serait instaurée et révisée après deux années.

La semaine dernière, le gouvernement a sorti une première carte de son jeu, dévoilant un programme de prêts accessible à plus d'étudiants et le remboursement proportionnel au revenu. Bien qu'insuffisante, cette proposition a le mérite d'être un premier pas vers un compromis. C'est maintenant au tour des leaders des associations étudiantes de mettre de l'eau dans leur vin et de faire une contre-proposition crédible. Il devient de plus en plus difficile pour eux de rester attachés au gel ou la gratuité des frais, sans même afficher une certaine ouverture. La prochaine semaine sera critique en ce qui a trait à la continuité de la contestation étudiante.

Nous sommes persuadés que plusieurs étudiants et citoyens du Québec affichant une position médiane se reconnaîtront dans notre position qui se veut conciliante. Il faut se rendre à l'évidence : le débat se retrouvant désormais dans une impasse, il est nécessaire d'offrir une voie vers un compromis. Cette proposition n'a pas la prétention d'être l'unique solution ; elle n'est qu'une amorce. Car de ce conflit ne doit sortir ni vainqueur ni vaincu. Qu'un seul gagnant : l'ensemble de la société québécoise.

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