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Pour que Montréal retrouve sa pleine mesure

Une décennie après son Sommet de 2002, Montréal n'en finit plus de se chercher de nouvelles vocations. Ancienne plaque tournante de la traite des fourrures, port de mer ouvrant le continent et place commerciale de premier plan, Montréal peine à retrouver son leadership dans un contexte où les centres de décisions se sont déplacés vers l'Ouest canadien et où la délocalisation d'une importante part de nos activités économiques aura frappé de plein fouet une métropole pourtant dynamique.
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Flickr: alexandermensa

Une décennie après son Sommet de 2002, Montréal n'en finit plus de se chercher de nouvelles vocations. Ancienne plaque tournante de la traite des fourrures, port de mer ouvrant le continent et place commerciale de premier plan, Montréal peine à retrouver son leadership dans un contexte où les centres de décisions se sont déplacés vers l'Ouest canadien et où la délocalisation d'une importante part de nos activités économiques aura frappé de plein fouet une métropole pourtant dynamique.

Des secteurs en perte de vitesse

Montréal comptait autour de 90 000 travailleurs du domaine de la mode et de la couture, il y a à peine trois décennies. Ils ne sont plus que 30 000 en poste et certains analystes financiers prônent la liquidation d'un secteur qualifié de mou.

Que dire de l'aéronautique, un des fleurons de la métropole du Québec, alors que le géant Bombardier aéronautique a délocalisé un très fort pourcentage de ses employés vers le Mexique en l'espace d'une décennie.

Même son de cloche du côté des pilotes d'avion, chez Air Transat, alors que le syndicat dénonçait l'automne dernier les manœuvres de l'employeur pour sous-traiter des pilotes étrangers lors des périodes saisonnières d'embauche.

Inféodation

À défaut d'agir comme un véritable poumon économique, la métropole du Québec sert plutôt d'interstice entre des blocs continentaux qui ne savent plus trop comment se relier. Le centre-ville de Montréal accueille en son sein les officines de l'aviation civile et certains cabinets de grandes firmes étrangères, mais sa place boursière n'existe pour ainsi dire plus. Sa capacité de projection financière est lourdement hypothéquée alors qu'un projet de création d'une Autorité des marchés financiers pancanadienne fait même sourciller les analystes du quotidien La Presse.

Délire des grandeurs

Pendant ce temps, les arrondissements comptent sur une dotation qui rétrécit en peau de chagrin, les services de proximité ayant été réduits à leur plus simple expression. Montréal implose, livrée à des guerres de tutelle, des joutes d'influence où s'affronte une myriade d'organismes apparentés qui lui pompe ses ressources vitales. Le bureau du Maire s'occupe des grands projets, à défaut de l'ancien département d'urbanisme qui a été pulvérisé au grand dam de ses artisans.

Si New York ne compte qu'UN centre hospitalier de recherche universitaire -- le Mount Sinai -- nos élites nous ont fait miroiter deux méga-hôpitaux appelés à sceller dans le béton les deux solitudes linguistiques de Montréal.

Un héritage dilapidé

Dans l'entrefaite, la Bibliothèque centrale de Montréal a été liquidée, sans que personne ne proteste. Les maisons de la culture -- telle que la Chapelle du Bon-Pasteur -- n'arrivent plus à voir la lumière au bout du tunnel, dans un contexte où l'administration municipale tente d'en faire des lieux de diffusion au services de promoteurs privés qui engrangeront des profits en profitant d'infrastructures entretenues par les pouvoirs publics.

C'est bien simple, les derniers vestiges des services de proximité sont évidés dans leur coquille pour que des corps étrangers viennent y pomper le peu d'argent des quidams.

Restituer la démocratie municipale

N'oublions pas que c'est au tournant des tumultueuses années 1970 que l'ensemble des citoyens montréalais a conquis (...) le droit d'élire des représentants. Que s'est-il passé depuis pour qu'à peine plus du tiers de l'électorat se manifeste aux dernières élections ?

Un début de coup d'État a été signé avec l'abolition de la mairie de l'arrondissement Ville-Marie, dans le cadre de cette loi 22 adoptée en douce par la ministre Nathalie Normandeau en 2008. Un coup de force qui fait dire à certains citoyens qu'André Lavallée serait devenu le maire fantôme du centre-ville, après sa nomination à titre de directeur du cabinet du nouveau maire de l'arrondissement Ville-Marie, c'est-à-dire le premier citoyen de la métropole. En effet, le maire Gérald Tremblay s'occupe, depuis lors, des destinées d'un arrondissement qui représente surtout les intérêts de quelques corporations aux influences lourdes de conséquences.

Comme le mentionnent, avec acuité, certains observateurs perspicaces, il eut été plus équitable d'abolir TOUTES les mairies d'arrondissement dans le cadre d'une élection municipale qui aurait mis sur la table les vrais enjeux d'une gouvernance qui semble avoir «perdu le nord».

On peut, légitimement, s'interroger dans un contexte où d'importantes modifications à la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme (LAU) pourraient donner naissance à une mégastructure d'agglomération qui prendrait la place de la métropole.

Bien au-delà des enjeux partisans, nous croyons que Montréal est à la croisée des chemins et que ses citoyens devront mettre un terme aux guerres de clochers qui sévissent sur l'île. Il y va de la survivance d'une ville qui s'est démarquée dans le passé et qui pourrait encore nous surprendre à l'avenir. Où est le leadership ?

patricehansperrier.wordpress.com

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