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Menaces sur le Grand Prix?

Le président du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval, en rajoute une couche. Dans sa lettre envoyée aux médias, il demande une période d'accalmie à l'approche de la période estivale. Il faudrait donc arrêter d'être indigné parce qu'une vingtaine de millionnaires bardés de logos veut faire des tours de chars à 300 km/h? Qu'on rentre dans les rangs parce qu'il va bientôt y avoir des défilés de clowns dans nos rues? Qu'on cesse de penser parce que c'est la saison des festivals? Qu'on ferme nos gueules parce qu'on installe des podiums dans le centre-ville?
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Le Grand Cirque des chauffards du dimanche est bientôt de retour. De Saint-Laurent à Crescent en passant par l'île Notre-Dame, ça sentira dans quelques jours les gaz d'échappement, l'huile à moteur, les gommes tendres et la crème à bronzer. Pendant toute une fin de semaine, Montréal se prendra pour Las Vegas, les élus feront des courbettes devant Bernie Ecclestone et tout ce qui compte d'amateurs de vroum vroum et d'odeur de pétrole brulé se mettra des bouchons dans les oreilles pour apprécier le calme d'une belle fin de semaine au bord de l'eau.

Mais toute cette extraordinaire orgie d'argent, de filles sexy et de pubs de bières sans arrière-goût pourrait être menacée par la grogne populaire... C'est le premier ministre du Québec qui l'a lui-même annoncé avec toute la suffisance qu'on lui connaît lors d'une conférence de presse botchée après avoir flushé les étudiants venus négocier avec sa nouvelle ministre de l'Éducation.

Les étudiants fâchés de s'être une fois de plus laissés bernés par le gouvernement vont continuer de manifester. Et des dizaines de milliers de citoyens vont reprendre de plus belle leur cacophonie de casseroles indignées pour que les élus daignent enfin les écouter.

«On ne peut pas faire autrement que d'interpréter ça comme étant des menaces, appelons les choses par leur nom », a dit Jean Charest en parlant des casseroles. « Un gouvernement ne cède pas devant les menaces » a-t-il ajouté d'un ton... menaçant.

Le président du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval, en rajoute une couche. Dans sa lettre envoyée aux médias, il demande une période d'accalmie à l'approche de la période estivale.

Il faudrait donc arrêter d'être indigné parce qu'une vingtaine de millionnaires bardés de logos veut faire des tours de chars à 300 km/h? Qu'on rentre dans les rangs parce qu'il va bientôt y avoir des défilés de clowns dans nos rues? Qu'on cesse de penser parce que c'est la saison des festivals? Qu'on ferme nos gueules parce qu'on installe des podiums dans le centre-ville?

Notez que le Conseil du patronat du Québec n'est pas reconnu pour défendre les gens de la rue. Je vous copie/colle un extrait du communiqué de monsieur Dorval. Ça vaut la peine.

« Que vous soyez rouge, blanc ou vert, que vous soyez de la gauche, du centre ou de la droite, que vous soyez jeunes, moins jeunes ou âgés, que vous soyez résidents de l'Île-de-Montréal ou de toute autre région du Québec, nous vous demandons de transformer toute cette énergie effervescente ainsi que votre désir de mobilisation dans une participation massive et positive à toutes les activités qui vous seront offertes durant l'été... Bref, de montrer à la face du monde que, peu importe les différences de points de vue que l'on puisse avoir ici, le Québec est une nation accueillante où il fait bon vivre et où il est agréable d'y venir pour les affaires et pour le plaisir... Souhaitons-nous une sortie de crise à très court terme et un été où les cris et les bruits dans les espaces publics se transformeront en applaudissements et en encouragements pour tous ceux qui, par leurs prestations et leurs performances de toutes sortes, sauront apporter les moments de détente et les plaisirs auxquels tous nos concitoyens ont droit après des mois mouvementés ».

Si je comprends bien, le patron des patrons veut que l'indignation devienne de l'approbation.

Heu. M. Dorval n'a pas compris ce qu'était un mouvement social? Il n'a pas saisi qu'on n'étouffe pas un printemps à coups de relations publiques? Il n'a pas senti que le vent qui tourne emporte le Québec vers de nouveaux horizons et que, dans son sillage, il éveille les consciences de New York à Londres, de Paris à Vancouver, de Bruxelles à Toronto?

Si le conseil du patronat voulait vraiment une sortie de crise, il se serait adressé directement au premier ministre du Québec en lui demandant de faire preuve de leadership, de négocier de bonne foi et de déclencher illico des élections.

En attendant, ne vous inquiétez pas pour le Grand Prix. Malgré les casseroles, malgré les carrés rouges, malgré la peur de Jean Charest, les pitounes défileront en petite tenue sur Sainte-Catherine comme si elles passaient un casting pour PornStar Académie, les rues seront bondées de VUS aussi économiques que propres, la bière flat coulera à flot, le cash sortira des poches comme les lapins des chapeaux, les dépliants publicitaires rempliront les poubelles et tapisseront les rues. Bref, ce sera la Grande débauche annuelle.

Et lâchez-moi avec les retombées économiques du Grand Prix. Je constate qu'il y a surtout de nombreuses retombées de gaz à effet de serre.

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