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En Espagne, les Basques se préparent (eux aussi) à décider

Ce sont aujourd'hui les jeunes générations qui se réapproprient leur culture, allant jusqu'à vendre les mérites de l'indépendance du Pays basque.
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Le 10 juin dernier, plusieurs milliers de personnes se sont réunies dans les rues de la capitale économique basque sous la bannière Prest - « prêt » en basque.
Vincent West / Reuters
Le 10 juin dernier, plusieurs milliers de personnes se sont réunies dans les rues de la capitale économique basque sous la bannière Prest - « prêt » en basque.

À l'instar des Catalans, les Basques se préparent eux aussi « à décider ». Qu'ils soient pour l'indépendance, ou non, les citoyens de l'autre puissante communauté autonome espèrent pouvoir s'exprimer librement sur leur avenir au sein de l'État espagnol. Une position largement partagée par la société civile basque, qui suscite aussi l'intérêt de certains partis politiques. Au grand dam du gouvernement central espagnol.

Dans les rues de Bilbao, les symboles synonymes de « fierté basque » ornent les balcons. L'Ikurrina – drapeau basque – est l'un d'entre eux. Pour Juantxu, restaurateur du centre-ville, cette « reconquête de la culture basque » est la conséquence du balayage par le régime franquiste des signes d'appartenance régionale au Xxème siècle. Ce sont aujourd'hui les jeunes générations qui se réapproprient leur culture, allant jusqu'à vendre les mérites de l'indépendance du Pays basque.

Le 10 juin dernier, plusieurs milliers de personnes se sont réunies dans les rues de la capitale économique basque sous la bannière Prest - « prêt » en basque. Les manifestants réclamaient la liberté pour les Basques de pouvoir s'exprimer par les urnes sur l'indépendance de leur communauté, déjà dotée d'une autonomie considérable. Ce rassemblement a été organisé par la plate-forme Gure Esku Dago- « c'est entre nos mains » en basque – qui milite pour le « droit de décider ».

Cette mesure est aussi défendue par Podemos, le parti du charismatique Pablo Iglesias. « Même si leur conception du droit de décider ne coïncide pas nécessairement avec la notre », confie Sergio Campo Lladó, responsable de la section « politique basque » de Podemos. Dans la tourmente après avoir essuyé l'échec de la motion de censure proposée devant le Parlement central espagnol en juin 2017, Podemos ne défend pas l'indépendantisme du Pays basque, mais son droit à l'autodétermination.

« Les personnes vivant sur un même territoire, compte tenu de leur citoyenneté, devraient avoir la capacité de décider du statut juridique du territoire sur lequel elles vivent », affirme Sergio Campo Lladó. « Pour nous, ce droit devrait être individuel », ajoute le responsable politique, faisant référence au droit collectif des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Selon Maïté, artiste Bilbainas, « les citoyens basques regardent de très près le mouvement catalan. Le référendum sur l'autodétermination de la Catalogne serait un véritable essor pour cette région qui aspire au même destin » que les Basques, confie-t-elle.

Ce référendum est craint du gouvernement central qui ne cesse de vouloir réduire à néant la volonté de l'exécutif catalan.

Pour cause, les Catalans devraient pouvoir s'exprimer par les urnes le 1er octobre prochain sur leur autodétermination. Ce référendum est craint du gouvernement central qui ne cesse de vouloir réduire à néant la volonté de l'exécutif catalan. Mariano Jajoy, chef du gouvernement espagnol, a même prévenu une nouvelle fois le 28 juillet 2017 « qu'il n'y aura pas de référendum en Catalogne ». S'il se tient, il sera une justification de plus pour les Basques du bien-fondé de leur requête.

Tous ne souhaitent pourtant pas l'indépendance du Pays basque. Sergio Campo Lladó est l'un d'entre eux. Selon lui, « le revenu par habitant du Pays basque est supérieur à celui des Catalans. Le Pays basque a un degré d'autonomie supérieur, une dette publique moindre, une économie plus ouverte que celle de la Catalogne. Nos pensions sont plus élevées, nos salaires bien meilleurs et nous avons un excellent système de santé publique. Notre position est beaucoup plus avantageuse que celle de la Catalogne ». Aritz*, fonctionnaire pour le gouvernement basque, n'est pas non plus favorable à l'indépendance de la région dans laquelle il a grandi.

Ce droit est en revanche pour eux, avant tout un symbole de « démocratisation de l'État » et une volonté de faire « respecter le choix des citoyens ».

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