Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

1ère année du cégep en français et politique linguistique cohérente vont de pair

Le débat portant sur l'extension de la Charte de la langue française (loi 101) aux études collégiales continue... sauf que le projet de loi 14 n'aborde pas la nécessité d'étendre l'enseignement en français. On perpétuerait un laisser-faire quant à la liberté de choix de la langue d'enseignement au collégial... au lieu de faire valoir un argumentaire en faveur d'un compromis pragmatique raisonnable.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
Alamy

Le débat portant sur l'extension de la Charte de la langue française (loi 101) aux études collégiales continue... sauf que le projet de loi 14 n'aborde pas la nécessité d'étendre l'enseignement en français. On perpétuerait un laisser-faire quant à la liberté de choix de la langue d'enseignement au collégial... au lieu de faire valoir un argumentaire en faveur d'un compromis pragmatique raisonnable.

Langue identitaire: culture, histoire et la cohésion sociale ...en plus de la langue française

S'enthousiasmer pour la langue identitaire, c'est déjà rechercher plus de cohésion sociale; c'est répondre à l'impérieuse volonté d'enraciner sa transmission vitale au sein d'un système d'enseignement en français cohérent qui contribue à forger la langue identitaire et l'appartenance culturelle; c'est contribuer à la transmission de l'identité d'un peuple...

Identité! Qu'est-ce? C'est essentiellement le «fondement même de l'identité d'un peuple, ce par quoi il se reconnaît et est reconnu, qui s'enracine dans son être et lui permet d'exprimer ce qu'il est», selon la Dre Camille Laurin. Qui voudrait n'être rien d'autre qu'un pâle reflet de toutes les influences? La langue identitaire teinte la vision du monde et confère l'unicité de l'être social.

  • L'avenir d'un peuple, d'un caractère vital et distinct, dépend de sa mémoire collective et lorsque cette mémoire et les valeurs qu'elle véhicule ne sont plus transmises, les leçons du ''passé n'éclairant plus l'avenir, l'esprit marche dans les ténèbres'' (De Tocqueville), la liberté et la démocratie sont compromises...

  • Les lois et des politiques linguistiques sont donc à la fois le dépositaire et une courroie de transmission d'un fondement essentiel de la démocratie et de la liberté...

L'article 27 de la Charte prescrit ainsi que l'enseignement se donne en français dans les classes maternelles, dans les écoles primaires et secondaires sous réserve des exceptions prévues.

Toutes les années scolaires de la maternelle à la fin de l'année terminale des études secondaires doivent constituer un tout cohérent propre à éduquer de l'identité culturelle et de la maîtrise de la langue française, de la maternelle à la fin de l'année terminale normale du niveau secondaire d'un modèle de référence universel.

L'enseignement collégial et l'enseignement en français

Il est important de comprendre que la première année (le tronc commun) enseignée dans les institutions dites cégeps correspond largement à l'année terminale du système des High School ou des lycées (la douzième année inclusivement). Cette formation fait partie d'un continuum de l'enseignement secondaire normal.

  • À cause d'un référence sémantique et organisationnelle particulière au Québec, l'année terminale du secondaire n'a jamais été professée en français pour tous, comme cela est normal et légitime pour l'anglais, au sein des sociétés anglophones.
  • La division arbitraire de l'enseignement entre le secondaire et le cégep aura ainsi contribué à grever la cohérence du système d'enseignement, à introduire une rupture du continuum psychoéducatif normal et à fragiliser l'intégration normale de l'ensemble des jeunes à la société francophone. On aura créé et perpétué autour de l'enseignement en français au collégial un débat éternel où ailleurs, par pragmatisme et pour des raisons liées au développement psychoéducatif, l'enseignement se fait tout naturellement dans la langue nationale jusqu'à 18 ou 19 ans.

Considérant que la fréquentation des cégeps en anglais conditionne les choix linguistiques et un transfert à l'anglais; et, que la rupture du continuum d'apprentissage et du développement psychoéducatif établit une fragilisation du processus normal d'acquisition de connaissances du français, de valeurs culturelles et d'appartenance identitaire à la société québécoise de langue française: il serait normal que l'enseignement tout au moins du corpus commun de la douzième année - lequel porte sur une manière de penser et des connaissances de l'histoire et de la littérature québécoise et la consolidation de langue française - soit dispensé en français.

Doit-on pour autant inscrire cette obligation dans la Loi 101? Pas nécessairement, puisque la Loi décrit déjà que l'enseignement secondaire devrait être donné en français. On aurait tout juste besoin de rétablir une terminologie commune à l'ensemble des systèmes d'enseignement nationaux, et décréter l'instauration d'un diplôme supérieur d'école secondaire sanctionnant la réussite des études du tronc commun de l'enseignement dispensé dans les établissements dits cégeps. On aura par surcroît réduit un paradoxe qui entretient une rupture entre le développement psychoéducatif normal de l'étudiant, jeune pré-adulte, et le mode d'appartenance identitaire normal et l'organisation scolaire.

Le projet de loi 14 propose que l'obtention du diplôme collégial soit conditionnelle à la réussite de tout cours de français prescrit (ou d'un examen de français pour les jeunes des cégeps anglophones...). Mais, comprenons que la nature de la situation de problèmes repose sur une notion différente d'une telle approche normative à caractère punitif.

L'enseignement de l'histoire au collégial

Observons que, contrairement à leurs collègues du Canada anglais, les étudiants collégiaux ne sont pas tenus de compléter un cours d'histoire. Paradoxal dans une province dont la devise est Je me souviens...

La transmission de la langue identitaire et de la mémoire vive de la conscience nationale d'un peuple passe en partie par l'enseignement de l'histoire et de la littérature que le peuple québécois, et canadien-français, a engendré dans les siècles de sa résistance. Alors, ne pas enseigner cette littérature et cette histoire à tous les jeunes allophones et francophones au cégep équivaudrait à leur refuser l'accès à l'identité québécoise, à ses racines profondes. C'est les livrer à un puits de l'oubli, dont ils ressortiront imprégnés de toutes les influences anglomanes à la mode.

En définitive, tous comprendront que ces connaissances éducatives (histoire, littérature...) doivent faire l'objet d'un enseignement en français pour tous au tronc commun du régime d'enseignement collégial.

La politique linguistique doit faire que cela soit, comme cela devrait être... pour l'intégration positive et la cohésion sociale.

Pour en savoir plus

- Des arguments autour de thèmes portant sur la cohérence du système d'enseignement en français: des études collégiales en français, proposition de rechange au programme projeté d'anglais intensif en sixième année, par Michel Pagé

- Audiences de consultation générale sur le projet de loi 14, mars 2013

VOIR AUSSI

La Loi 101 au Québec

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.