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Israël-Palestine: la solution se trouve plus que jamais à Washington

Les deux protagonistes semblent figés dans un affrontement meurtrier où les grands perdants sont les peuples palestinien et israélien.
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Ce qui se passe en ce moment a comme un air de déjà-vu malheureusement. À la suite d'une action aussi meurtrière qu'idiote politiquement (l'assassinat de trois jeunes Israéliens par des Palestiniens ne répondant pas directement aux ordres du Hamas comme on l'a dit au départ), le camp d'en face a répondu : d'abord de manière atroce via le violent assassinat d'un adolescent palestinien par des extrémistes israéliens, puis de manière aveugle et atroce via une attaque de Tsahal dans la bande de Gaza. Difficile d'avoir des chiffres fiables, mais les pertes civiles (il faut insister sur cette notion de « civil ») côté palestinien seraient pour l'instant déjà supérieures à 1300...

Comme à chaque fois, chaque camp explique la nécessité de ses opérations et revendique la victoire : le Hamas en affichant ses capacités militaires via l'envoi de centaines de roquettes (une bonne partie d'entre elles étant arrêtées par le Dôme de fer de l'armée israélienne) et sa résistance face à une armée supérieure techniquement à tous les niveaux, et Israël en expliquant détruire les tunnels utilisés par le Hamas et en protégeant ainsi sa population. Les deux protagonistes semblent figés dans un affrontement meurtrier où les grands perdants sont les peuples palestinien et israélien.

Les pertes civiles côté palestinien font la Une des médias internationaux quoiqu'on observe désormais un désintérêt relatif de ces derniers qui privilégient les événements dangereux il est vrai qui se produisent dans le nord de l'Irak. Pourtant, c'est bien à une catastrophe humaine, morale et politique à laquelle nous avons affaire.

À de nombreuses reprises, l'armée israélienne a bombardé des lieux qu'on peut difficilement soupçonner d'être des emplacements stratégiques et hautement dangereux pour la sécurité d'Israël : écoles, bâtiments de l'ONU, infrastructures vitales (réseau électrique...). Certes, l'armée envoie des messages pour prévenir des bombardements, mais les familles qui les reçoivent n'ont que trop peu de temps pour fuir, et d'ailleurs où ? De plus, les armes utilisées par Tsahal ont clairement pour objectif de mutiler « au mieux », de tuer dans la plupart des cas. Si l'on regarde le rapport de force à aujourd'hui, force est de constater que l'opération menée par Israël est un échec. En effet, le Hamas ne semble guère diminué par ces quasi deux mois de combats asymétriques, tandis que la population palestinienne a payé le prix fort. Cette dernière n'a jamais eu de répit : comment accepter sérieusement de parler de « trêve » lorsqu'il ne s'agit que d'une parenthèse de quelques heures ? Qui peut croire à cette présentation pour le moins biaisée de la réalité ?

Israël a évidemment le droit, mais aussi le devoir de se protéger, si sa population est menacée, si l'intégrité de son territoire est remise en cause, mais il doit veiller à agir de façon proportionnée, ce qu'il s'est toujours refusé à faire jusqu'à présent, causant des dommages humains, politiques et médiatiques majeurs. L'armée israélienne a les capacités techniques et technologiques suffisantes pour repérer précisément et arrêter les personnes se trouvant dans Gaza qui cherchent à nuire à sa sécurité via l'envoi de roquettes. Certes, cela impliquerait l'envoi de troupes au sol avec le risque de pertes militaires qui s'élèvent déjà à plus de soixante soldats ; mais cela permettrait à Israël d'éviter les engrenages meurtriers auxquels la région est désormais habituée.

Ce qui est le plus grave, c'est que ce genre de « mini-guerre » (je parle évidemment de la durée et non de la gravité des dommages causés) est amené à se répéter, car aucune vision à long terme n'émerge pour résoudre ce conflit malheureusement historique. Le premier ministre Netanyahu s'enferme dans une droitisation de son discours qui n'a que pour objectif de satisfaire une partie de son électorat. En refusant de négocier sur des bases claires (cf. arrêt de la colonisation pendant les négociations) avec le Hamas, il rend toujours plus difficile les conditions d'une paix viable et durable. Le Hamas et le Fatah ont évidemment une part de responsabilité importante dans les échecs successifs des négociations passées, car bien souvent débordés par des branches de leurs partis plus radicales. Mais une fois que l'on constate les erreurs de chacun, il faut aller de l'avant et l'impulsion doit venir d'Israël, puissance dominante. Or, il semble peu probable qu'une telle avancée soit à l'ordre du jour, comme peut en témoigner l'échec cuisant de John Kerry pour relancer le processus de paix, et ce malgré de multiples efforts.

Israël, ou plutôt le gouvernement israélien, s'estime dans son « bon droit », ce qui est assez surprenant quand on y réfléchit : l'État d'Israël tient une partie de son existence du droit appliqué par les Nations Unies lors de sa création en 1948, et il est aujourd'hui l'État qui bafoue le droit international, faisant fi des condamnations multiples des organismes internationaux. Il est vrai qu'il est conforté dans sa démarche par l'attitude, aussi condamnable moralement que stratégiquement, des États-Unis qui ont systématiquement fait usage de leur droit de véto lorsque des sanctions, légitimes, étaient portées contre Israël.

Lors l'arrivée à la Maison-Blanche de Barack Obama en 2008, beaucoup ont espéré de lui qu'il procède à une redéfinition des relations américano-israéliennes. Il n'en a rien été ! Malgré des échos dans la presse de tensions entre Barack Obama et Benjamin Netanyahu, la position américaine n'a pas changé. Les Etats-Unis continuent leur très étroit partenariat avec Israël, aussi bien en termes économiques, militaires et diplomatiques, malgré les initiatives israéliennes qui fragilisent une région qui n'en a guère besoin.

Il convient de rappeler pourtant que le président Obama s'était vu remettre le prix Nobel de la Paix en octobre 2009, prix jugé par certains trop précoce, par d'autres comme un encouragement à œuvrer pour la paix dans le monde. Certes, la diplomatie américaine n'a pas été inactive sur le conflit israélo-palestinien, John Kerry ayant consacré ses derniers mois à ce dossier compliqué, mais il n'a pas réellement bénéficié ouvertement de l'appui clair et ferme du président américain. Ce dernier a moins de deux ans pour agir, c'est à la fois peu et beaucoup. Il peut rentrer dans l'Histoire et mériter amplement son prix Nobel, mais cela passe par une implication totale dans la résolution du conflit israélo-palestinien. En forçant la main de Netanyahu, il permettrait à ce dernier ainsi qu'à Israël de ne plus être dans le sens contraire de l'Histoire.

La tâche est ardue, titanesque même, mais pas irréalisable pour autant. En assurant à Israël sa sécurité (via la présence de forces d'interposition par exemple pour plusieurs années), son développement économique (via le renforcement des échanges économiques régionaux et à destination de l'Europe et des États-Unis), ce dernier n'aurait plus de motif pour agir de la sorte. Un tel bouleversement impliquera la création d'un Etat palestinien sur des bases juridiques claires et acceptées par Israël, ainsi que la création de programmes de coopération renforcée entre les deux États, de telle sorte qu'ils n'aient plus aucun intérêt à s'affronter.

Il faut désormais passer des paroles aux actes : le succès ne sera assuré que si de vrais hommes de paix émergent de chaque côté.

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