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Pour agir contre les changements climatiques, tout commence dans notre assiette

Il est curieux de noter qu’un grand oublié persiste dans ce combat contre les changements climatiques : l’agriculture animale.
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Plusieurs efforts sont consacrés afin de répondre aux changements climatiques, comme en témoigne la mobilisation internationale sous l'Accord de Paris sur le climat. Par contre, il est curieux de noter qu'un grand oublié persiste dans ce combat contre les changements climatiques : l'agriculture animale. Une industrie intouchable ou une prise en charge tardive des gouvernements?

Ce qui se retrouve dans votre assiette peut contribuer davantage aux changements climatiques que l'automobile que vous conduisez le matin pour vous rendre au boulot. C'est une déclaration plutôt sensible, j'en conviens, mais les études démontrant l'impact de l'agriculture animale sur les changements climatiques abondent.

L'ignorance politique à l'égard de l'élevage animal quant à la production de gaz à effet de serre (GES) est étonnante puisque les données sont disponibles depuis maintenant plusieurs années. Selon un rapport publié en 2013 de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'industrie de l'élevage est directement responsable de 14,5% des émissions de GES mondiales, surpassant l'ensemble de l'industrie du transport.

En 2016, Corinne Côté a publié un essai à l'Université de Sherbrooke où elle comparait l'empreinte de carbone de l'alimentation végétale avec le régime alimentaire local composé de produits d'origine animale. Sa conclusion : le végétalisme possède une plus faible empreinte carbonique. Malgré leur importation, les produits végétaux sont moins nocifs pour l'environnement.

Il est ainsi surprenant que l'agriculture animale soit absente de l'Accord de Paris sur le climat. Un aveuglement volontaire chez nos élites politiques n'est pas à écarter. Il ne faut pas oublier qu'au Canada, l'agriculture animale représente des milliards de dollars en revenus et stimule de façon importante l'économie, sans omettre l'importance des activités de lobbyisme défendant fermement les intérêts de l'industrie.

Si le statu quo est maintenu, une consommation persistante de produits d'origine animale pourrait freiner la lutte contre les changements climatiques.

Si le statu quo est maintenu, une consommation persistante de produits d'origine animale pourrait freiner la lutte contre les changements climatiques. L'atteinte des objectifs érigés sous l'Accord de Paris, soit la limitation à 2°C de l'augmentation de la température globale, doit impliquer des efforts dans toutes les industries polluantes, incluant l'agriculture animale.

La participation de l'agriculture animale aux GES n'est pas destinée à s'atténuer puisque la consommation de produits d'origines animales augmente de façon constante partout sur le globe. L'organisation World Resources Institute (WRI) souligne que la demande d'aliments d'origine animale devrait augmenter de 80% entre 2006 et 2050. Cette augmentation exacerberait certains problèmes découlant de l'industrie de l'élevage, entre autres la dégradation des terres ou la consommation d'eau.

La 23 conférence sur les changements climatiques se déroulant à Bonn durant l'automne dernier a souligné, un peu timidement, le rôle de l'agriculture animale dans les changements climatiques. Peut-on parler d'une modification dans le discours des élites politiques? Dans l'immédiat, non. Il est certain qu'une conscientisation des acteurs politiques est nécessaire pour espérer une progression dans ce dossier.

L'empreinte écologique individuelle peut drastiquement être diminuée par une diminution de sa consommation de produits d'origine animale. Une étude publiée en 2009 dans la revue Climate Change souligne qu'une transition mondiale à un régime à faible teneur en viande pourrait stabiliser le réchauffement climatique jusqu'à 50% d'ici 2050. Le gouvernement doit aussi se sortir la tête du sable et saisir l'enjeu pour être davantage en mesure de travailler de concert avec les travailleurs du secteur de l'agroalimentaire afin de réformer le secteur. Nos gouvernements devront produire des politiques publiques pro-environnementales, comme l'implantation d'un marché du carbone ciblé au secteur alimentaire, afin de contrôler plus efficacement la production de GES des entreprises.

Les impacts environnementaux de l'agriculture animale doivent impérativement être abordés lors des prochaines discussions de la COP 24 en Pologne.

Les impacts environnementaux de l'agriculture animale doivent impérativement être abordés lors des prochaines discussions de la COP 24 en Pologne. Le défi reste de rallier les États-Unis à cette table. Incarnant l'un des plus grands pollueurs de la terre, Washington est aussi un grand joueur de l'industrie agroalimentaire et son président n'est pas très enthousiaste sur la question climatique. Mais évitons le cynisme!

C'est une commande d'envergure, mais comme le souligne M. José Graziano da Silva, directeur général de la FAO : « Les avantages liés à l'adaptation sont plus importants que les coûts qui découleront de l'inaction ».

La bonne nouvelle est qu'il n'est pas nécessaire d'attendre les politiques publiques gouvernementales pour ralentir la destruction de l'environnement, chacun peut réduire dès maintenant sa consommation de produits d'origine animale. Vos choix alimentaires sont cruciaux dans le combat collectif aux changements climatiques.

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