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Je crois que les Grands Ballets ont trouvé en la personne de Stephan Thoss, un chorégraphe inspiré et inspirant., sa dernière création dont la première mondiale a eu lieu le 16 mai, est un spectacle de très grande qualité qui présente de la danse contemporaine de façon accessible et esthétique tout en donnant aux danseurs l'occasion d'utiliser leurs forces et leur expressivité.
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Damian Siqueiros

Je crois que les Grands Ballets ont trouvé en la personne de Stephan Thoss, un chorégraphe inspiré et inspirant. Rêve, sa dernière création dont la première mondiale a eu lieu le 16 mai, est un spectacle de très grande qualité qui présente de la danse contemporaine de façon accessible et esthétique tout en donnant aux danseurs l'occasion d'utiliser leurs forces et leur expressivité.

Il est supposé y avoir une histoire dans ce ballet. Je ne m'en suis pas préoccupée. Si histoire il y a, elle n'est pas si importante. J'ai préféré pénétrer dans cet univers composé de tableaux vivants extrêmement évocateurs et d'inventivité visuelle tous plus intéressants les uns que les autres comme je me suis laissée gagner par la gestuelle parfois très terre à terre parfois virevoltante de Stephen Thoss. Son langage chorégraphique est extrêmement convaincant, il implique le corps entier à qui il fait véhiculer un nombre incalculable d'émotions avec tout un spectre de nuances. C'est de l'abstraction sensible et tendre que l'on voit sur la scène et le fait que les danseurs s'y investissent totalement n'est pas sans ajouter au plaisir que l'on retire de Rêve.

Parmi les trouvailles visuelles de ce spectacle enivrant, un danseur suspendu par les pieds et qui incarne une lampe, un des thèmes explorés dans ce ballet. J'ai aussi beaucoup apprécié la gestuelle qui n'est pas sans rappeler des mouvements d'insectes et les visages parfois dissimulés des danseurs de même que les chapeaux melon, pommes vertes et pipes qui font écho aux peintures de Magritte qui ont servi d'inspiration à Stephen Thoss. Le choix de la musique, et dieu sait qu'il est important, est tout aussi pertinent: de Shostakovich à Bach en passant par des compositeurs qui m'étaient moins familiers comme Wojciech Kilar et Klaus Badelt, cette musique épouse parfaitement le propos du chorégraphe et des danseurs. Elle est rythmée quand il le faut, soutenue avec des accents parfois tribaux et la panoplie de compositeurs se fond dans une harmonieuse sonorité.

À l'avant-scène les rêveurs, Eva Kolarova et Jérémy Galdeano le soir de la première, nous préparent à ce que nous allons voir en arrière-scène, dans ce monde ludique et surréaliste où rien n'est ce qu'il semble. Ces rêveurs dansent devant un écran où sont projetés des scènes en noir et blanc qui ne sont pas sans rappeler, de par leur facture et leur humour, Un chien andalou, le célèbre et très bizarre film de Luis Bunuel et Salvador Dali. Rêve est rempli de magnifiques correspondances entre l'art, le cinéma et la danse. C'est un ballet à l'affût de la sensation vraie dans le mouvement des corps et des choses.

On sent aussi le travail perfectionniste des répétitions: c'est un spectacle déjà bien rodé que nous avons vu le soir de la première mondiale où les danseurs étaient manifestement à l'aise dans la chorégraphie et les changements de tableaux. J'espère que Rêve aura une longue vie sur la scène internationale et qu'on le présentera de nouveau ici. Je souhaite aussi que cette fructueuse collaboration entre un extraordinaire chorégraphe qui oscille si bien entre l'intime et le farouche et les Grands Ballets se poursuive encore longtemps. C'est tout ce que l'on veut projeter à l'étranger: de l'inventivité, du professionnalisme, de la qualité, de quoi être fier de Montréal, ville de danse.

Rêve est présenté à la Place des arts jusqu'au 25 mai.

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