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Quand je pense qu'on va vieillir ensemble: en français de France

Ce que j'ai vu à l'Usine C m'a semblé un mélange de sketches influencé par Ionesco qu'on pourrait sans problème présenter au Festival Juste pour rire. C'est amusant des bouts. Longuets pas moments. Un peu canaille et, surtout, pas mal outrecuidant.
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Je n'ai pas vraiment été séduite par ces Chiens de Navarre venus de France pour nous présenter ce spectacle Quand je pense qu'on va vieillir ensemble, spectacle inspiré, nous dit-on par un essai du journaliste et écrivain suédois Stig Dagerman. Dagerman s'est suicidé en 1954 après avoir témoigné de son époque comme on l'a rarement fait. Il faut lire ses textes sur la Deuxième Guerre mondiale où la compassion côtoie la stupéfaction devant les horreurs dont sont victimes les populations civiles. Ce que font les Chiens de Navarre me semble bien loin de tout cela.

Quand je pense qu'on va vieillir ensemble, à l'Usine C, est une série de sketches, de tableaux, dont certains avec un fil conducteur assez lâche qui s'attardent au phénomène des formations en entreprises qui dégénèrent assez souvent en thérapies de groupe. Le genre où les individus se font tomber dessus à bras raccourcis et se font asséner des soi-disant vérités par toujours bonnes à dire au nom de la performance, de la réalisation individuelle et de la croissance personnelle. L'une de ces séances dérape en cours de linguistique avec obsession de la ponctuation et je dois dire que j'ai trouvé cela assez savoureux, mais, toujours, les thérapeutes sous des abords doucereux se révèlent d'une subtile et infinie cruauté.

Un autre segment est follement amusant avec un type hyper-cruche qui ne comprend rien et à qui on veut apprendre à se présenter à un employeur potentiel. Il y a aussi le couple en voiture qui se chamaille alors que leurs deux chiens sont à l'arrière. Une autre séance de thérapie met en scène une jeune femme qui trouve la princesse en elle et par la suite un prince charmant dont les attributs physiques nous seront présentés de façon à ne rien laisser à l'imagination. On passe par la suite à une école de sex-appeal d'où la plus vague notion de féminisme est exclue et où on recommande à une jeune fille éperdue de labourer l'espace avec ses ovaires...Le dernier tableau est le plus réussi à mon avis, rêveur, philosophique avec deux étranges créatures perdues dans un brouillard surréel et qui s'entretiennent de réconciliation. Mais, à deux heures de représentation, il y a des longueurs dans ce spectacle basé sur l'improvisation, tout cela pourrait être resserré et peut-être aussi pourrait-on éviter les gags à répétition où on se moque de Montréal en laissant entendre qu'il s'agit d'une ville sans histoire et sans culture dont les habitants sont des péquenauds. Ces commentaires suscitaient d'ailleurs beaucoup d'hilarité dans une salle composée en grande partie de français...

Les Chiens de Navarre ne réinventent pas la roue, mais exploitent ces thèmes avec aplomb et de façon très physique aussi. Il y a également chez eux un désir manifeste de provocation, un peu puéril, ai-je pensé. Et je n'ai vraiment pas vu l'utilité de mettre des surtitres anglais à leur performance. S'attendaient-ils à voir débarquer en masse à l'Usine C les anglophones de Montréal, avides de culture française? Ou alors croyaient-ils que les Québécois francophones avaient besoin de cela parce qu'ils n'allaient pas saisir toutes les subtilités de leur discours en français de France? Mmmmm...

Ce que j'ai vu à l'Usine C m'a semblé un mélange de sketches influencé par Ionesco qu'on pourrait sans problème présenter au Festival Juste pour rire. C'est amusant des bouts. Longuets pas moments. Un peu canaille et, surtout, pas mal outrecuidant.

Quand je pense qu'on va vieillir ensemble: à l'Usine C jusqu'au 27 novembre 2014.

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