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«La peur», stratégie politique d'apartheid

«Je déteste ce gouvernement» est lourd de conséquences dans la bouche d'un chef de parti, en l'occurrence Philippe Couillard. Les mots ont encore une signification, même si parfois on l'oublie sur les réseaux sociaux. On entre ici dans l'antichambre de la haine, de l'exclusion sociale. Ça s'appelle «apartheid»!
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On se souvient du slogan de Charest aux élections de 2012: les carrés rouges, la crise étudiante, c'était «la violence et l'intimidation». 2014, Couillard emboîte le pas: le Parti québécois, donc les souverainistes, c'est «le gouvernement toxique et dangereux». Le moins qu'on puisse dire, c'est que les libéraux ont de la suite dans les idées. Étrange suite d'idées puisqu'ils ont perdu le pouvoir en 2012 et que leur chef s'est fait battre dans sa circonscription! Bon, passons sur l'efficacité des stratégies électorales, car il y a plus fondamental ici: est-on encore en démocratie quand un gouvernement ou un parti politique sème le doute sur la légitimité politique d'un autre parti et donc d'une proportion importante de la population?

«Je déteste ce gouvernement» est lourd de conséquences dans la bouche d'un chef de parti. Les mots ont encore une signification, même si parfois on l'oublie sur les réseaux sociaux. On entre ici dans l'antichambre de la haine, de l'exclusion sociale. Ça s'appelle «apartheid»! Charest niait le droit de grève des étudiants, parlait de boycott. Les étudiants avaient osé remettre en question le pouvoir politique, perturber la paix sociale, ne plus suivre les règles du jeu démocratique. Les étudiants devenaient persona non grata. Charest les écrasa et par la loi et par la violence policière.

On sait que Couillard est plus fédéraliste que les fédéralistes québécois. Ne rêve-t-il pas de signer la constitution de 1982, et ce sur simple décret ministériel, donc sans l'appui de l'Assemblée nationale qui pourtant s'y refuse tout parti confondu, parti libéral compris même sous Charest? On sait qu'il est multiculturaliste canadien sans concessions, ses positions sur la Charte des valeurs parlent d'elles-mêmes. Ce sont là ses choix politiques et c'est son droit le plus strict qu'il faut respecter en démocratie. Le peuple décidera lors des élections si cela lui convient.

Mais Couillard doit reconnaître, et respecter, ce même droit de choix constitutionnel aux souverainistes et donc au parti qui les représente, soit le Parti québécois. Il est inacceptable qu'il traite ce parti de toxique et dangereux. Le PQ a été démocratiquement élu et rien n'indique qu'il ait pris le pouvoir de façon frauduleuse. Le PQ est légitimement le gouvernement que les Québécois se sont donnés en 2012 pour les représenter et gérer les affaires publiques. Si le PQ en est indigne, il faut pouvoir le prouver de façon convaincante. Point.

Les propos agressifs de Couillard envers le gouvernement actuel ont franchi la ligne entre la démocratie et l'apartheid. Les souverainistes ont le même droit de cité que les fédéralistes et les arguments de toxicité et de dangerosité pourraient autant être soutenus par les souverainistes envers les fédéralistes. Dans un cas comme dans l'autre, c'est l'exclusion de l'autre, l'exclusion de son droit de cité. Contradictoire chez un Couillard qui soutient par ailleurs que la Charte des valeurs du PQ signifie l'exclusion de groupes détenant légitimement le statut de citoyen du Québec...

En campagne électorale, on ne fait pas de cadeaux aux rivaux, c'est connu et de bonne guerre comme on dit. Mais tout n'est pas permis dans un pays civilisé et démocratique. À moins que la politique et la démocratie ne veuillent plus rien dire. Certains le pensent, accusant les politiciens de n'être plus que des marionnettes, les valets des financiers. À eux de prouver le contraire. Ce qu'on attend de Couillard, c'est un programme politique en bonne et due forme, qui va passer le test du terrain. Et tant mieux pour le Québec s'il peut montrer les failles du programme péquiste. C'est ça une campagne électorale parce que nous devons choisir l'équipe qui va nous gouverner pendant quatre ans. Ce n'est pas rien!

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