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Encore bien des raisons de s'indigner

La Journée internationale des femmes, le 8 mars, nous permettra de renouveler notre réflexion sur les progrès des luttes menées par les femmes d'ici et d'ailleurs. Elle ne fera pas oublier, malgré les avancées, la fragilité des droits acquis, particulièrement au chapitre du travail avec son lot d'emplois parmi les plus précaires. Pensons également à la violence envers les femmes, trop souvent banalisée et à ce constat désolant qu'elles sont les plus pauvres parmi les plus pauvres comme nous l'apprend la Fédération des femmes du Québec.
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La Journée internationale des femmes, le 8 mars, nous permettra de renouveler notre réflexion sur les progrès des luttes menées par les femmes d'ici et d'ailleurs. Elle ne fera pas oublier, malgré les avancées, la fragilité des droits acquis, particulièrement au chapitre du travail avec son lot d'emplois parmi les plus précaires. Pensons également à la violence envers les femmes, trop souvent banalisée et à ce constat désolant qu'elles sont les plus pauvres parmi les plus pauvres comme nous l'apprend la Fédération des femmes du Québec.

Les faits démontrent également que l'accès des femmes aux positions de pouvoir stagne. Au Québec, il faudra attendre 1961 pour qu'une première femme, Marie-Claire Kirkland, soit élue à l'Assemblée nationale, soit vingt ans après les combats menés par des femmes comme Marie Gérin-Lajoie, Idolas Saint-Jean et Thérèse Casgrain pour l'obtention, en 1940, du droit de vote pour les Québécoises. Le 11 avril 1940, le premier ministre Adélard Godbout déclarait ceci au parlement : « Les conditions dans lesquelles nous vivons font de la femme l'égale de l'homme. Elle a souvent les mêmes devoirs et les mêmes obligations. Je dirai même que pour la société, les devoirs de la femme sont en quelque sorte plus élevés que ceux de l'homme. Pourquoi lui refuser les mêmes droits, surtout quand bien des questions dont nous avons à décider relèvent plus de sa compétence que de la nôtre? (...) Les femmes de notre province sont en général plus instruites que les hommes, par conséquent mieux préparées à juger nos problèmes sociaux. Je réclame donc le droit de vote pour la femme afin d'élever le niveau de nos discussions politiques. »

Pour mémoire, mentionnons que ce n'est qu'en 1947 qu'une première femme, Mary Leehy-O'Connor, se porte candidate à une élection au Québec; que Lise Payette devient en 1979 la première ministre d'État à la condition féminine; que Linda Goupil, en 1998, la première ministre de la Justice et que Louise Harel, en 2002, la première présidente de l'Assemblée nationale du Québec.

Au cours des dernières législatures, le pourcentage des députées a oscillé entre 25 et 30%, un bond considérable, mais qui ne peut prétendre à l'égalité.

Vous me permettrez évidemment, en toute cohérence, transparence et pertinence, de mentionner également qu'en 2007 Pauline Marois devient la première chef d'un parti politique représenté à l'Assemblée nationale et Caroline St-Hilaire, en 2009, la première mairesse de la Ville de Longueuil.

L'actualité nous amène à notre devoir de vigilance. Ainsi, dans l'édition récente du magazine Entreprendre intitulée L'avenir du Québec, sortir de la crise, la parole est donnée à 100 personnalités québécoises. Dans ce gotha, 23 de ces personnalités sont des femmes...

Dans un registre plus grave, pensons aux politiques du gouvernement conservateur qui constituent des reculs réels pour les femmes et que Lise Payette, dans Le Devoir du 10 février 2012, a parfaitement résumé: « Après les coupes Harper dans les subventions qui soutenaient les femmes en difficulté, après l'abandon du registre des armes à feu, après l'annonce par Québec de l'augmentation des droits de scolarité qui va frapper les filles de plein fouet, après l'affaire Shafia qui nous a chamboulé le cœur, nous voilà, de nouveau, toutes présumées inaptes à décider par nous-mêmes de ce qui nous concerne aussi directement que la capacité d'être ou de ne pas être mères. »

L'épineuse question des fondamentalismes religieux, revient aussi à la surface en cette veille du 8 mars avec notamment ce récent article du Journal de Montréal (13 février 2012) qui nous apprenait qu'une association culturelle de la métropole favoriserait les mariages au sein de la communauté, ce qu'un observateur appelle très justement « le mariage clanique ». Peut-on, sans sourciller, parler d'une avancée quant au respect de la liberté et du respect des droits des femmes?

Cette autre dérive me ramène aux nombreuses heures passées en commission parlementaire, le printemps dernier, sur le projet de loi 94, Loi établissant les balises encadrant les demandes d'accommodements dans l'administration gouvernementale et dans certains établissements. Face au refus obstiné du gouvernement libéral d'organiser un véritable débat sur la laïcité, incapable de fixer des balises claires sur nos comportements à adopter qui favoriseraient une intégration réussie, nous nous enlisons et permettons des aberrations comme cette histoire de la chanson L'Hymne à l'amour censurée dans une école primaire de la Montérégie. On piaffe d'impatience!!!

Les revendications du féminisme sont donc basées sur des faits et, comme le proclame la thématique du 8 mars, «les femmes ont toutes les raisons de s'indigner» pour enfin, partout et définitivement, parler d'égalité.

Je profite donc de la journée du 8 mars pour exprimer ma solidarité envers les femmes qui s'engagent dans la cause de leurs droits. Je m'inscris sur la liste des opposants à toutes les politiques qui constitueraient un recul pour les femmes, donc un recul pour l'ensemble de la société québécoise.

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