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Mes premiers amis à mon arrivée au Québec? «Ti-Mé» Paré et Ron Fournier

Le 9 juillet 1995, nous débarquions à Montréal. Il faisait très chaud. Après d'interminables vérifications au bureau d'immigration et au service vétérinaire, nous avons enfin réellement mis les pieds sur le sol québécois.
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Certaines personnes n'ont jamais quitté leur maison d'enfance en succédant ainsi à leurs parents et parfois même à leurs grands-parents. J'en connais, vous en connaissez certainement. Je doute qu'à Montréal, on en trouve beaucoup si l'on considère sa journée officielle du déménagement ancrée depuis bien longtemps dans le calendrier. Ainsi, chaque 1er juillet, on assiste à un mouvement de migration urbaine qui s'achève par le spectacle de vieux meubles et de détritus en tous genres sur les trottoirs, quand ce n'est pas, hélas, des chiens, des chats ou autres animaux de compagnie laissés sur le carreau.

En ce qui me concerne, il y a belle lurette que j'ai quitté ma maison d'enfance. Et si j'y pense bien, c'est au Québec que j'ai vécu le plus longtemps au même endroit. Le gène de la bougeotte, ce sont mes parents qui me l'ont transmis. Les premières années de ma vie, je les ai passées avec eux dans une caravane qui se déplaçait au gré des chantiers routiers sur lesquels « régnait » mon père. Je devais changer d'école tous les six mois. Puis vint un temps, quand la famille se fut agrandie, où nous avons posé nos pénates dans une vraie maison dans une petite ville située à l'extrême nord de la France (pour que vous ne confondiez pas avec la Normandie, pensez au film Bienvenue chez les Ch'tis). Ce furent les plus belles années de mon enfance ; je me souviens très bien de ces mercredis sans classe où ma mère décidait sur un coup de tête de nous emmener, mon frère, ma sœur et moi, à la plage. Ici, je parle de la mer du Nord, réputée plutôt pour son immense trafic maritime et sa pollution que pour son eau turquoise.

Beaucoup plus tard, après un court transit en banlieue parisienne, j'ai réalisé mon rêve de vivre dans un appartement à Paris intra-muros au prix d'un gros prêt à la banque... Et puis l'amour s'est pointé le bout du nez sans crier gare. Vous savez ce que c'est, quel que soit l'âge, on ne réfléchit pas trop et on vit de bonheur et d'eau fraîche. Lui, attiré depuis toujours par l'Amérique du Nord, n'a donc pas eu grand mal à me convaincre de le suivre dans une grande aventure au Canada, même s'il fallait abandonner travail, appart, amis et famille. Dès lors, le compte à rebours a commencé en vue du grand déménagement. Pendant un an, nous avons fait les démarches nécessaires (même une visite médicale pour vérifier que nous n'avions pas la syphilis) pour obtenir notre statut de résident permanent, que nous avons obtenu tous les deux, fort heureusement, car ce n'était pas gagné d'avance. Nous avons tout vendu, dit au revoir une dernière fois à nos proches et à nos amis. À ce stade-là, plus question de faire marche arrière.

La veille de notre départ, les bagages bouclés, les papiers en règle et la cage de transport pour notre chat prêt au grand départ, la panique nous a saisis tous les deux avec un gros doute et la désagréable impression d'avoir fait la plus grande gaffe de notre vie. Au petit matin, vint pourtant le moment de fermer les portes derrière nous.

Le 9 juillet 1995, nous débarquions à Montréal. Il faisait très chaud. Après d'interminables vérifications au bureau d'immigration et au service vétérinaire, nous avons enfin réellement mis les pieds sur le sol québécois. Direction l'hôtel Taj Mahal (qui acceptait les animaux) situé au Terminus Berri où nous avions réservé trois nuits, le temps de nous trouver un logement.

Je vous parlais plus tôt de grande aventure ? Elle le fut vraiment...

Premières acquisitions: un vélo pour lui et un pour moi. Nous avons visité les différents quartiers de Montréal et oui, nous avons atterri dans un 4 1/2 sur le Plateau. Pas par prétention (puisque nous ne savions rien de la réputation du quartier; seules la beauté de ses rues et la proximité de toutes sortes de commerce ont penché dans la balance). Imaginez, à l'époque, nous avons réussi à louer un appartement sans avoir d'emploi, ni mon conjoint ni moi ! Je ne suis pas certaine que ce soit encore possible aujourd'hui. Comme nos meubles étaient en route dans un conteneur embarqué sur un bateau, nous avons emménagé et vécu les premières semaines de notre nouvelle vie dans un appartement vide. Heureusement, le concierge de l'immeuble, d'origine péruvienne et qui en avait certainement vu d'autres, nous a gentiment prêté un vieux matelas (oui, oui, nous avons dormi dessus sans hésiter ; là encore, je ne suis pas certaine que je ferais la même chose aujourd'hui), un canapé dans lequel, en revanche, je n'ai jamais posé mes fesses considérant son état de délabrement. Enfin, et non des moindres, une télévision noir et blanc 13'' que nous avons installée dans un coin du salon... vide. Entretemps, nous avions acheté un transistor. Le luxe, quoi !

À la télé, nous regardions régulièrement les épisodes de La p'tite vie. Je ne cacherai pas qu'il fallait tendre un peu plus l'oreille pour être sûrs de bien comprendre. À la radio, je me souviens très bien de ces tribunes téléphoniques de sport animées par Ron Fournier. Rien de tel pour plonger dans la culture de votre pays d'adoption. Ça m'a certainement bien servi puisque je n'ai jamais eu de difficultés à comprendre qui que ce soit. Il faut dire que les tonalités du pays des Ch'tis ont quelques ressemblances avec celles du Québec.

Bref, c'était ma petite séquence souvenirs. D'habitude, quand je débute mes phrases par « je me souviens », c'est que je suis un peu pompette. Je vous promets d'avoir écrit ce texte avec toutes mes facultés.

Sur ce, bon déménagement à ceux et celles qui « migrent » cette année !

Il n'est rien de constant si ce n'est le changement - Bouddha

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