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Aux urnes, les jeunes! Moi aussi, moi aussi!

Cette jeunesse que l'on aime tant diaboliser et que l'on dépeint souvent comme prétentieuse et gâtée, nous en avons tout à coup besoin pour sauver les apparences dans le cadre d'élections municipales (et bientôt provinciales). Mais dites donc, il faut vraiment être mal pris pour lui mettre sur le dos une telle pression, à notre jeunesse, d'autant plus que le choix n'est facile pour personne dans le cadre de cette course à la mairie sans fards
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« Aux urnes, jeunes citoyens! Nous avons besoin de vous! » Cette jeunesse que l'on aime tant diaboliser et que l'on dépeint souvent comme prétentieuse et gâtée, nous en avons tout à coup besoin pour sauver les apparences dans le cadre d'élections municipales (et bientôt provinciales). Il est vrai que ce serait pas mal cool de dépasser le petit 40 % de taux de participation... Mais dites donc, il faut vraiment être mal pris pour lui mettre sur le dos une telle pression, à notre jeunesse, d'autant plus que le choix n'est facile pour personne dans le cadre de cette course à la mairie sans fards. Résumons, on a principalement le choix entre un politicien chevronné, un gestionnaire assumé, un urbaniste convaincu et une jeune femme d'affaires habile en relations publiques.

Mais sentez-vous un vibrant projet collectif, vous? Toutes ces promesses-pour-vous-plaire, vous les croyez vraiment? Si c'est non, je me demande bien pourquoi il en serait autrement pour nos jeunes exposés à cette fatigante guerre d'images et de mots bien loin d'être constructive. Comment des jeunes peuvent-ils rêver d'avenir alors que tout est uniquement question de gros sous autour d'eux, même l'éducation qui n'est dorénavant que valeur marchande? Parlant de jeunes, je suggèrerais aux candidats de cesser de vanter leurs futures initiatives en terme de réseaux sociaux (entendu particulièrement au premier débat tenu à l'Institut du Nouveau Monde). Ce jeu de séduction me semble une insulte à leur intelligence, et à celles des autres, alors qu'on espère bien que la mairie de Montréal - ville au rayonnement international - sera branchée !

Ah, mais au fait, qui sont ces « jeunes » que l'on souhaite tant attirer ? Car, entre vous et moi, il y a dans notre société pas mal de jeunes qui sont déjà vieux jeu. Comme ceux et celles qui citent l'achat d'une maison comme premier grand projet de vie ou qui ont hâte d'avoir un bon travail (entendons ici sécurité d'emploi, bon salaire, vacances, assurances collectives, blablabla) pour pouvoir être financièrement indépendants et se procurer enfin leur voiture, leur écran plasma ou même commencer à épargner en vue de leur retraite. Hey, toi le jeune, ça ne te dit pas de partir à la découverte du monde avec ton sac à dos ?

À l'inverse, il y aussi pas mal de vieux jeunes, tant leur esprit est toujours en quête d'autres façons de faire, quitte à prendre des risques et à se casser la figure. Bref, vous l'aurez compris, je déteste les petites cases sociodémographiques dans lesquelles on vous jette pour mieux faire des généralisations. De là l'homogénéisation de notre société où priment avant tout confort suprême, consumérisme à outrance et individualisme. Dans ce contexte, on aura beau avoir le ou la maire(esse) super héros, on ne s'en sortira pas tant que l'on continuera, jeunes et vieux, à bâtir cette collectivité bonasse et pépère qui s'enfonce confortablement dans le divan de son salon en feuilletant les pages d'une brochure en vue de prochaines vacances dans le Sud.

Pourtant, il y a péril en la demeure. On a qu'à tendre les oreilles pour s'en rendre compte - au bureau, dans la rue, dans les commerces, à l'école, dans les médias - Montréal va mal, très mal (certes, il suffit de regarder ailleurs pour se consoler. Mais cela ne nous empêche de voir quand même plus grand, non ?). En effet, à moins que vous ne soyez actifs dans des domaines hyper spécialisés, le marché de l'emploi dans la métropole est difficile - beaucoup de petits boulots et d'emplois précaires et sous-rémunérés. La qualité de vie est en déclin avec des loyers, des services et des activités de loisir de plus en plus chers, ainsi que des réseaux de transport routier et collectif déficients. L'humeur est morose alors que nous avons l'impression de tourner en rond depuis pas mal de temps. L'entrepreneuriat a cédé la place à la plus grande prudence. Je connais de jeunes professionnels (trentaine, quarantaine) qui envisagent à regret de partir ailleurs, pour voir s'il y a de la place pour eux ou pour simplement changer d'air quelque temps (je suis moi-même en réflexion).

Alors, qui donc va redonner du tonus au peu de confiance qu'il reste aux Montréalais ?

Pour ma part, je suis bien embêtée pour faire mon choix entre les candidats, car je n'adhère pas aux incontournables lignes de partis qui sont tout sauf au bénéfice du bien commun. Tout ce que fait l'autre est forcément mauvais et des joutes verbales ridicules font trop souvent la manchette au détriment de vrais enjeux. Et si une petite touche Coderre, une bonne dose Bergeron, une garniture Côté et un soupçon Joly étaient la bonne recette pour relancer Montréal ?

Sans blague, je souhaiterais presque voir la création d'une administration de coalition où des hommes et des femmes de sensibilité politique différente travailleraient ensemble autour de la table (je sais, je suis une idéaliste...). Une sorte d'équipe multidisciplinaire (environnementalistes, artistes, gestionnaires du domaine culturel, entrepreneur(e)s, visionnaires, etc.) qui ne serait pas mue par des considérations partisanes, mais bien par des visées socio-économiques emballantes, mobilisatrices et réalisables. Moins de bureaucratie, moins de paliers de gestion et de décision régis en silos et par conséquent inefficaces, moins de consultations sur consultations, moins de bureaux d'étude, moins d'appels à des firmes de services-conseils. Et puis ça éviterait peut-être aussi les petits cadeaux entre amis...

J'aimerais ainsi entendre parler de neuf, pas de rafistolage, comme le mérite Montréal. De l'authenticité aussi. C'est bien beau d'être fiers d'être Montréalais quand on est à l'extérieur ou fiers d'organiser des grands événements de niveau international comme le Festival de jazz ou l'excellent C2-MTL par exemple. Mais à quoi ça sert si l'humeur à la maison n'y est plus dès que la fête est finie ? C'est comme si on en mettait plein la vue pour les invités alors qu'on n'a jamais rien à bouffer.

Alors, dites-moi, est-ce que je rêve en couleurs pour l'avenir de Montréal ?

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