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Wô les moteurs! L'Institut Fraser nous ment!

Il faut vraiment être hypocrite et déconnecté de la réalité pour soutenir que les fonctionnaires au Québec sont mieux traités que dans le privé, en plus d'insinuer qu'ils sont des gras durs qui doivent faire des concessions durant leurs négociations actuelles.
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Depuis toujours, casser du sucre sur le dos des fonctionnaires est une obsession pour les tenants de la droite. Et hier matin, les journaux de Québecor se sont surpassés en la matière. Ils rapportent les conclusions d'une « étude » de l'Institut Fraser selon laquelle le personnel du secteur public bénéficierait d'une rémunération salariale supérieure de 10,8 % à celle du secteur privé. J'ai failli m'étouffer avec mon café en lisant une telle menterie! C'est encore plus tordu et malhonnête en associant l'article à une photo du symbole des fonctionnaires de l'État québécois : l'Édifice Marie-Guyart (le Complexe G).

Il faut vraiment être hypocrite et déconnecté de la réalité pour soutenir, dans un média se disant sérieux, que les fonctionnaires au gouvernement du Québec sont mieux traités que dans le privé, en plus d'insinuer qu'ils sont des gras durs qui doivent faire des concessions durant leurs négociations actuelles. Cette conclusion de l'Institut est erronée et méthodologiquement douteuse, mais, en plus, les médias de Québecor laissent dépasser leur jupon idéologique.

Dans les faits, l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) publie annuellement un rapport indépendant sur la rémunération des salariés de l'État québécois. En novembre dernier, l'ISQ rappelait que le salaire des fonctionnaires québécois, en 2014, était inférieur de 11,5 % à celui des autres salariés. Si on ajoute les avantages sociaux, la rémunération globale des fonctionnaires est alors inférieure de 7,6 %. Les emplois de mes membres, qu'ils soient fonctionnaires ou ouvriers, accusent donc un sérieux retard; même que les ouvriers spécialisés (conducteurs de camions, mécaniciens, électriciens, etc.) sont payés moins de 37 % que ceux du privé!

Au cas où vous ne le sauriez pas, l'Institut Fraser est financé par la droite économique. Grâce à leurs recherches, souvent biaisées, l'Institut est passé maître dans l'art de jouer avec les chiffres. La preuve? L'étude affirme que les fonctionnaires ont des avantages sociaux supérieurs au secteur privé. Ils n'ont sûrement pas tenu compte de la médiocre participation de notre employeur à nos régimes d'assurance. Pour l'assurance maladie, le gouvernement du Québec paie 2 $ par mois... Pour l'assurance salaire de longue durée, il ne paie rien du tout, mais les employés sont obligés d'y souscrire! Pour l'assurance-vie, les fonctionnaires peuvent y souscrire s'ils le veulent... en payant 100 % de la prime! On est loin des régimes payés en partie ou en totalité par l'employeur! À titre de comparaison, savez-vous que 50 % des entreprises paient 50 % de l'ensemble des assurances de leurs employés, tandis que 25 % les paient en entier? Avec une cotisation de moins de 1 %, le gouvernement du Québec est un employeur médiocre, minable, pingre... Choisissez votre adjectif, mais de grâce, arrêtez avec les gras durs!

Comme si ce n'était pas suffisant, les chercheurs estiment que la sécurité d'emploi est un avantage dont tout le monde bénéficie dans le secteur public. Eh bien non! Il y a plus de 35 % de nos membres qui n'en ont pas.

L'Institut Fraser devrait avoir honte de qualifier d'étude ce qu'il dévoile aujourd'hui et Québecor devrait refaire son cours d'éthique journalistique, car les deux échouent lamentablement à informer la population!

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Mai 2017

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