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La CAQ aux pieds d'argile

Comment expliquer que la CAQ fasse parfois bonne figure dans les sondages, mais déçoive 10 fois sur 14 au moment où la décision se prend dans l'urne ? La réponse est simple, la CAQ a une existence presque uniquement médiatique.
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À la veille du Conseil national du Parti Québécois qui s'est tenu récemment, Radio-Canada avait annoncé sur toutes ses plateformes que « la CAQ a le vent dans les voiles ».

Comme plusieurs d'entre vous s'en doutent, j'en ai déduit inévitablement qu'un nouveau sondage venait de confirmer cette information révélée en mai.

Toutefois, il n'en fut aucunement le cas puisque la société d'État avait simplement cru bon de recycler ces vieux sondages tout en y insérant une ou deux citations de commentateurs afin de mousser un peu la Coalition, et ce, sans qu'aucun nouvel élément factuel puisse le justifier.

Pourtant, il y avait bel et bien un nouvel élément factuel à se mettre sous la dent.

En effet, même si le dernier sondage datait du 20 mai, neuf jours plus tard, les électeurs de Gouin étaient appelés aux urnes.

En l'absence d'un candidat péquiste afin de favoriser la convergence voulue pour démontrer ainsi la bonne foi du Parti québécois, on aurait pu croire que la CAQ aurait fait des gains significatifs.

Or, le contraire s'est produit.

D'un maigre 8,7 % des voix en 2014, la CAQ a chuté à 6,7 % en 2017.

C'est quand même curieux, quand on a « le vent dans les voiles » et que son principal adversaire s'est retiré de la course, qu'on chute encore.

Sur cette piste, je crois qu'un journaliste allumé aurait pu remonter le cours du temps et se rendre compte que, sur les 14 élections partielles tenues depuis le début du présent mandat, la CAQ a reculé dans 10 d'entre elles, encaissant des reculs de 5, 10, voir 19 points de pourcentage.

Souvenons-nous également qu'en décembre dernier, plusieurs donnaient la CAQ gagnante dans Saint-Jérôme.

C'était bien évidemment un test pour François Legault. Résultat : la CAQ a pris 4 points, mais le PQ qui, rappelons-le n'a pas le vent dans les voiles, a doublé sa marge de victoire sur la CAQ par rapport à l'élection précédente.

Quant au PQ, il a progressé dans 9 sur 13, tandis que le PLQ a reculé dans 10 partielles sur 14...

Comment donc expliquer que la CAQ fasse parfois bonne figure dans les sondages, mais déçoive 10 fois sur 14 au moment où la décision se prend dans l'urne ?

La réponse est simple, la CAQ a une existence presque uniquement médiatique.

Il faut se rappeler que cette formation politique a simplement été créée par un seul homme pour se porter au pouvoir et n'a jamais réussi sa jonction avec une base solide...

Il faut se rappeler que cette formation politique a simplement été créée par un seul homme pour se porter au pouvoir et n'a jamais réussi sa jonction avec une base solide...

À son apogée, la CAQ comptait 22 000 membres. Au dernier décompte, elle n'en a plus que 11 000. C'est d'ailleurs intéressant que les chroniqueurs nationaux aient fait grand cas de la perte de dizaines de milliers de membres du PLQ, mais ne mentionnent jamais la perte de la moitié des membres de la CAQ.

Peut-être la Coalition devrait donner ses cartes de membre avec un incitatif comme un rabais au restaurant La Belle Province puisqu'elle est nationaliste... D'ailleurs, la gratuité n'a-t-elle pas déjà été en vigueur dans cette formation afin d'en devenir membre ?

Cette faiblesse au niveau des membres a bien entendu des conséquences réelles sur la vie du parti.

Alors que les attachés politiques et employés du PQ n'ont statutairement pas le droit d'être membres des exécutifs locaux, il est fréquent que les employés de la CAQ occupent ces fonctions « militantes ».

Évidemment, quand on a peu de membres, on a peu des bénévoles et on fait peu de financement, surtout quand on a perdu la moitié de nos membres...

Ce parti qui rappelons-le a le « vent dans les voiles » a récolté seulement cette année, selon le DGEQ, 68 000 $, soit trois fois moins que Québec solidaires (180 000 $) et sept fois moins que le Parti Québécois (480 000 $).

L'équation est simple puisque moins de membres donnent moins de bénévoles, moins de bénévoles apportent moins d'argent, donc moins d'organisation locale quand vient le temps de gagner des élections et de faire sortir son vote.

Cela explique sans doute pourquoi François Legault affirme avoir renoncé à recruter des députés péquistes. Il a pourtant annoncé à maintes reprises que leur arrivée dans son caucus était « imminente ».

Par contre, si ce dernier a renoncé à recruter des députés péquistes, qui, de toute évidence, ne veulent rien savoir de lui, il s'est cependant mis à recycler avec enthousiasme des idées péquistes, notamment, la volonté d'investir six milliards dans le Réseau électrique métropolitain -- les députés du Parti québécois Nicolas Marceau et Alain Therrien avaient tenté de convaincre il y a plus d'un an le gouvernement d'inclure une clause de contenu québécois dans la loi habilitant la Caisse de dépôt à lancer le projet.

Rappelons également que la Coalition avait été complètement muette lorsque le sujet fut abordé...

De plus, en janvier dernier, dans son discours sur le nationalisme économique, Jean-François Lisée s'engageait à défendre le contenu québécois dans les achats gouvernementaux et à en faire un élément de sa plateforme électorale, un thème qu'il martèle d'ailleurs depuis à chaque occasion.

Du côté de la CAQ, c'était le silence radio jusqu'à ces derniers jours où, François Legault a décidé soudainement d'en faire son cheval de bataille quotidien, comme s'il venait de vivre une épiphanie...

Sur la loi donnant de l'autonomie aux municipalités maintenant, le PQ a mené une bataille afin de préserver le revenu pour les hebdos locaux et régionaux provenant de la publication des avis publics.

La CAQ, qui avait pourtant voté en faveur du principe de la loi abolissant ce revenu, et qui fut quasi muette pendant tout le débat, tente maintenant et sans vergogne de faire croire qu'elle en était le preux chevalier...

Qui plus est, dans le combat mené par Alexandre Cloutier pour garder ouverte la maison pour handicapés Jean-Eudes-Bergeron à Alma, il était totalement risible d'observer comment le caquiste François Paradis qui n'y était d'ailleurs pour rien a tenté délibérément de tirer la couverture médiatique de son côté sur cette victoire péquiste...

Bref, pour un parti où il vente apparemment si fort, la CAQ semble malgré elle à court de membres, d'argent, de votes ainsi que d'idées.

Voilà pourquoi cette formation politique se fait désormais surnommer malgré elle « La CAQ aux pieds d'argile ».

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