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La téléportation politique de Sébastien Lévesque

Comment Sébastien Lévesque peut-il convaincre que la souveraineté du Québec est un objectif de premier plan, et s'identifier ensuite au plus fédéraliste des partis provinciaux? Comment a-t-il cheminé pour passer d'un parti qui souhaite la gratuite scolaire balisée à un parti qui veut voir les étudiants débourser davantage? Vraiment, il n'y a pas de chemin permettant camper chez Option nationale une journée, et chez les libéraux le lendemain.
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Les 2 et 3 mars dernier, j'ai participé pour la première fois de ma vie à un rassemblement politique d'envergure. Il s'agissait du Congrès d'Option nationale, au Palais des congrès de Montréal. Ayant été séduit par la plateforme de ce parti naissant, je souhaitais humblement contribuer à la vie démocratique de l'organisation, en participant aux débats concernant les différentes propositions formulées par les membres du parti, de même qu'en votant pour ceux et celles qui aspiraient à faire partie du conseil exécutif national. C'est ainsi, avec un enthousiasme certain, que j'ai voté pour plusieurs candidats, dont Sébastien Lévesque.

Il y a de cela un peu plus de deux semaines, le 4 juin, c'est avec déception que j'apprenais via les réseaux sociaux et Le Soleil, que M. Lévesque démissionnait de son poste. Il évoquait alors, parmi les raisons qui motivaient sa décision, que le cœur n'y était plus et qu'il invitait ses anciens collègues à se pencher sérieusement sur les questions d'éthique et de démocratie.

Suite à cette nouvelle, j'étais triste de voir un matelot abandonner le bateau à la première occasion, mais je me disais que s'il n'était pas à l'aise avec la façon dont le parti souhaitait naviguer, c'était une sage décision que de quitter. Si le sentiment que j'avais après la lecture de cette annonce s'apparentait à de la déception accompagnée de résilience, il était tout autre après ma lecture du blogue qu'il a publié le 19 juin dernier dans le Huffington Post Québec, intitulé: Pour que le PLQ redevienne le parti des Québécois . Dans ce billet, l'ex-membre du conseil exécutif d'Option nationale affirme être maintenant un militant du Parti libéral du Québec. Ouf!

Ce n'est pas la première fois qu'un individu change de camp politique. Cependant, dans ce cas particulier, c'est bien plus qu'un changement de cap qui s'est opéré; ça ressemble plutôt à une téléportation politique. Comment peut-il convaincre que la souveraineté du Québec est un objectif qui doit être mis au premier plan une semaine, et s'identifier au plus fédéraliste des partis provinciaux la semaine suivante? Comment a-t-il cheminé pour passer d'un parti qui souhaite introduire la gratuite scolaire balisée à un parti qui veut voir les étudiants débourser davantage pour se faire éduquer? Vraiment, il n'y a pas de chemin permettant camper chez Option nationale une journée, et chez les libéraux le lendemain.

Je trouve également sidérant le fait qu'il invite les membres du conseil exécutif d'Option nationale à se pencher sur les questions d'éthique et de démocratie juste avant d'aller rejoindre un parti qui a été négligeant sur ces deux points au cours des dernières années.

J'ai le souvenir des cours de philosophie au collégial où une moitié de la classe devait trouver des arguments pour défendre une proposition, et l'autre moitié son contraire. Je me demande parfois si Sébastien Lévesque est en train de se prêter à ce genre d'exercice théorique. Puisqu'il semble apprécier les analogies avec le hockey, comme en témoigne son article Le «beau risque» de Philippe Couillard , publié sur le HuffPost le 8 juin, je vais en faire à mon tour usage pour décrire ce que je ressens suite à sa téléportation politique.

En fait, je dirais simplement que j'ai le sentiment d'avoir recruté un mauvais joueur pour mon équipe lors du repêchage au mois de mars, mais que l'équipe va sans doute se porter mieux privée du joueur qui fait des passes sur la palette des adversaires.

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