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Faire plus que «changer nos bobettes de bord»

Plusieurs ont résumé la dernière campagne comme étant une décision entre «manger duou duou un peu des deux, mais pas trop». D'autres ont fait la comparaison avec l'achat d'un véhicule usagé au trois choix très limités. Celle qui m'a fait le plus sourire: «On a encore changé nos bobettes de bord sans les laver».
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Les Québécois(es), lorsque déçus d'une situation, réussissent toujours à rivaliser d'originalité pour la décrire. De ce fait, le 7 avril dernier, à l'élection claire d'un gouvernement libéral majoritaire, les comparatifs entre les résultats desdites élections et des anecdotes de la vie courante m'ont bien fait sourire. Plusieurs ont résumé la campagne comme étant une décision entre «manger du Burger King ou du McDonald's ou un peu des deux, mais pas trop», d'autres ont fait la comparaison avec l'achat d'un véhicule usagé au trois choix très limités. Celle qui m'a fait le plus sourire vient de mon ami et ex-candidat d'Option nationale dans la circonscription de Jean-Lesage, Christian Saint-Pierre, qui a dit: «On a encore changé nos bobettes de bord sans les laver», suivant d'un haussement d'épaule.

Il faut se l'avouer, tout de même. Depuis le premier référendum de 1980, c'est ce que les Québécois font avec leurs gouvernements, sans plus. On finit toujours par voter contre des idées que pour des idées, par dépit. Et c'est bien peu constructif, comme manière de procéder. Tant et si bien que l'idée simple du bien commun fait du surplace au profit de campagnes qui ont l'air de concours de popularité plus que de réels brassages d'idées.

Soyons honnêtes: rares sont ceux et celles qui peuvent sortir trois idées concrètes véhiculées par chacun des quatre principaux partis, lors de la dernière campagne électorale. Ce qu'on a retenu, c'est la menace référendaire propagée par les libéraux, les nombreux faux pas de communication du Parti québécois, les envolées de François Legault lors du deuxième débat qui disait «courage» à toutes les deux phrases sans réellement le définir et l'absence des médias dans l'autobus de Québec solidaire.

Et pourtant, le Québec a tant à offrir. Mais aussi beaucoup à bâtir.

On pourrait faire une longue énumération de tous les problèmes que nous avons à régler au Québec, mais nous les connaissons tous. En somme, la population vieillit, les médicaments coûtent cher, nos infrastructures sont en piteux état, nos PME sont en panne et nos institutions démocratiques dégagent une forte odeur de boule à mites.

Et c'est justement en ces moments que le Québec a, historiquement, été le plus fort. Devant les nombreux défis, les politiciens ont su retrousser leurs manches, laisser la partisanerie de côté et travailler de concert dans une quête de bien commun qui dépassait largement les lignes de parti ou les amis du parti à rendre heureux pour loyaux services rendus.

Sans vouloir être nostalgique, où est passée l'audace de la Révolution tranquille? Cette époque où citoyens, public et privé marchaient main dans la main pour bâtir un Québec qui nous rendaient non seulement fiers, mais qui prenait sa place sur l'échiquier mondial comme un joueur de plus en plus important, voire essentiel?

Au lieu de cela, nous entrons dans une logique de gestion à la petite semaine, de court terme et de bien peu d'égard pour les générations qui suivront. La Révolution tranquille a laissé place à la Dévolution tranquille, lentement mais sûrement. À l'occasion, sans même que les solutions proposées soient débattues par nos élu(e)s pour des raisons totalement partisanes. Il est donc évident qu'à ce moment, on en arrive à la conclusion que les partis désirent beaucoup plus sauvegarder les emplois des adjoints aux divers cabinets que de donner au Québec une alternative politique et sociale louable. Même si cette dernière option signifie, peut-être, de perdre.

On se divise même par couleurs. Les bleus, les rouges, les turquoises, les oranges. Comme si les idées devaient être confinées dans de petites boîtes bien hermétiques qu'on déplace sur un échiquier: un peu plus à gauche, un peu plus à droite, un peu moins ou un peu plus radical. Oh!, et ne vous avisez pas à être d'accord avec les rouges sur une seule chose si vous êtes un bleu, espèce d'impie.

Parce qu'il faut croire jusqu'au bout, sans se poser de questions. Le programme est la Bible et ce que la Bible dit est vrai puisque la Bible dit que ce qui est dans la Bible est vrai. Ainsi va la vie partisane politique québécoise.

Je ne sais pas pour vous, mais je pense que le Québec est rendu ailleurs. Qu'il est à la croisée des chemins, en plein changement de génération qui, ne soyons pas dupes, est victime d'un désavantage numérique qui la relègue systématiquement au poste de figurant. Pourtant, c'est cette génération qui prendra bientôt le relais: faudrait avoir un plan.

En somme, nous devrons bientôt s'arranger pour faire plus que simplement «changer nos bobettes de bord». Et à force de ne pas les laver, faudra simplement s'en procurer de nouvelles.

Pour la suite du monde, comme dirait Yves Desgagnés. Mais pas pour les mêmes raisons.

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