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La crampe au cerveau

J'ai réagi pas mal fort à l'exclusion de Maria Mourani. J'ai déchiré ma carte. Et pour être certain que le Bloc le sache, je leur ai envoyé la photo de la carte déchirée en leur souhaitant bonne chance pour l'avenir.
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J'ai causé une petite commotion sur les réseaux sociaux, la semaine dernière. Involontairement. En fait, je suis encore surpris de la manière que s'est répandu mon message destiné au Bloc québécois.

J'ai réagi pas mal fort à l'exclusion de Maria Mourani. Pardon: Madame Maria Mourani. Une grande dame, droite comme une barre, pour qui j'ai le plus grand respect. Et parce qu'elle a dit tout haut ce que plusieurs pensaient tout bas, parce qu'elle a défendu les citoyens et les citoyennes qui l'ont élu, elle a été exclue du caucus bloquiste.

Pour moi, ça démontrait parfaitement à quel point les débats et les discussions ne sont plus les bienvenu(e)s au Bloc québécois. Étais-je en accord avec ce que Maria Mourani a dit le jour d'avant? En partie oui. En partie non. Ça ne change pas le fait qu'en démocratie, on jase.

Alors j'ai déchiré ma carte. Et pour être certain que le Bloc le sache, je leur ai envoyé la photo de la carte déchirée en leur souhaitant bonne chance pour l'avenir.

Traînée de poudre. Ça s'est répandu en quelques minutes. Des centaines et des centaines de «retweets», des centaines et des centaines de «favoris». Tant et si bien que j'ai dû me taper une p'tite ride médiatique: Paul Houde au 98,5FM, Le Devoir, iPolitics, etc. Ils voulaient tous savoir pourquoi j'avais déchiré ma carte. Le National Post en a même profité pour en faire un (autre) torchon qui dit que le mouvement souverainiste s'effrite. Business as usual, comme diraient les chinois.

J'ai même eu l'occasion d'échanger avec nul autre que Justin Trudeau en personne qui m'a fait part du respect qu'il a pour mon geste. Vous vous doutez bien que je me suis empressé de lui rappeler que je ne suis pas un agent-libre pour autant et que je suis plus souverainiste que jamais. Réponse polie de Justin 1er à ce propos, on passe à autre chose. On ne peut lui reprocher de ne pas essayer...

Mais quelle crampe au cerveau de la part de Paillé et ses acolytes, n'est-ce pas? Comment démolir la besogne de Bernard Drainville en un geste facile, lui qui a passé la semaine à s'époumoner pour nous dire que la discussion était ouverte. Tellement ouverte que le cousin fédéral sacre sa députée qui se prononce contre dehors au premier instant. «Qui d'autre veut discuter de manière démocratique et posée avec nous»?

Je l'ai dit plus haut: je n'étais pas totalement en accord avec les propos de Mme Mourani. Mais elle a eu le courage de le dire et elle a eu le courage de démontrer clairement que son patron est le citoyen qui l'a élu, pas son chef de parti. Parti qui oublie de faire un tout, soit dit en passant...

Et elle a raison sur un point, Mme Mourani: le PQ et le Bloc pratiquent actuellement la politique de la division. Ils préfèrent le nationalisme identitaire qui les portera probablement au pouvoir de façon majoritaire à l'indépendance et à la constitution. Sauf qu'on est toujours pas un pays. Et qu'on est toujours pas plus ouverts au monde.

Après tout, le projet de loi 94 du Parti libéral du Québec encadrait bien ce qu'est un accommodement raisonnable. Le PQ s'était montré contre...avant de proposer le même processus dans sa charte.

Oh!, ais-je dit quelque chose de dérangeant? Ben oui: l'indépendantiste que je suis ne se gêne pas pour dire que le PLQ, des fois, a de bonnes idées.

C'est justement ce qui me fait suer, en ce moment. La politique est devenue tellement sectaire et manichéenne qu'on pratique la politique du «Crois ou meurs». Comme si chaque militant ou chaque député était un bloc monolitique à déplacer sur un échiquier. Fin de la parenthèse que je n'avais pas ouvert au préalable.

Ceci dit, une fois qu'on a les lois et les règlements nécessaires pour confirmer la neutralité religieuse de l'État et que tout le monde sait ce qu'est un accommodement raisonnable ou déraisonnable, voulez-vous bien me dire pourquoi on devrait aller plus loin?

Moi? Oui, je suis athée. Je suis même apostasié. La religion ne me fait rien, je n'en ai cure. Sauf que je ne me donne pas la permission de juger de la foi d'un ou une de mes semblables. C'est pas de mes affaires et ce n'est pas des affaires de l'État. Surtout pas de ces employés. Car si on est laïque, on ne s'occupe pas de religion. Être laïque au point d'ordonner à des gens de l'être autant que soi frise le ridicule.

Mon Québec idéal, je l'ai décrit ici. Et j'ai précisé ici les raisons pour lesquelles je suis souverainiste. Je vous laisse juger si je suis confortable ou non avec la catho-charte du PQ.

Alors, vais-je signer une pétition pour le retour de Mme Mourani au caucus? Non. Le Bloc ne la mérite pas. Elle sera certainement plus utile ailleurs. Au Québec, par exemple. J'espère simplement qu'elle ne sera pas tentée de quitter le mouvement indépendantiste. Parce qu'il a saprement besoin d'elle.

Avez-vous vu ça, d'ailleurs? Ces gens qui glorifiaient Mme Mourani y'a pas si longtemps en la nommant patriote de l'année à la SSJB pour ensuite la soupçonner d'être une fédéraliste camouflée, d'avoir fait un calcul électoral ou d'être une inflitrée? Franchement, ça fait pitié.

J'ai déchiré ma carte et je ne reviendrai pas. Je suis souverainiste, plus que jamais. Mais je ne m'identifie pas à ce parti, ni à la catho-charte du Parti québécois.

D'ailleurs, cher Bloc, vous ne m'avez toujours pas confirmé ma démission du parti. Ça vient, oui?

Dire que ça pourrait être simple, ce mouvement. Comme en Catalogne. La libération nationale est une cause plus que noble à laquelle je m'identifie de tout coeur. Posséder le plein contrôle de ses lois, ses impôts et les traités commerciaux qui nous lient aux autres nations et essentiel pour atteindre notre plein potentiel. Mais de lier la nationalisme identitaire à la cause souverainiste de manière indissociable est un magnifique détour intellectuel.

J'espère que les crampes au cerveau sont choses du passé. La laïcité de l'État est un élément essentiel au bon fonctionnement de celui-ci. Mais de croire que ça se fait en ordonnant à une personne ce qu'elle a le droit de croire ou non sur les heures de travail, c'est d'une idiotie sans borne. Cher PQ, cher Bloc, je n'ai pas voté pour ça.

Bon, c'est pas tout, ça. Y'a Pétrolia, Enbridge et le projet de TransCanada qui voient l'ouverture béante à cette distraction.

Restons vigilants.

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