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Et l'éducation, dans tout ça?

Allez, une grande gorgée de café et un autre billet sur cette Charte des Valeurs québécoises. Ce billet sera court, net et précis. Simplement parce que je peine à comprendre pourquoi ce débat a complètement évacué l'éducation de la discussion.
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Allez, une grande gorgée de café et un autre billet sur cette Charte des Valeurs québécoises.

Ce billet sera court, net et précis. Simplement parce que je peine à comprendre pourquoi ce débat a complètement évacué l'éducation de la discussion.

Soyons clairs: le Parti québécois répète souvent qu'il faut continuer le mouvement de laïcisation des années 60' au point de le compléter. Très bien, j'en suis. Ceci dit, avons-nous déjà oublié que c'est l'éducation qui nous a donné un jugement critique face à la religion?

D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que les curés, les imams, les rabbins et tous les «ch't'un» de ce monde sont froissés dès qu'on touche au syllabus d'une démarche éducative. Ils le savent, peut-être plus que vous et moi, que l'éducation est une arme très puissante pour l'humain.

À l'inverse de l'éducation, nous avons les interdits. Si on relate les faits historiques de par le monde, les interdits n'ont provoqué qu'une chose: étouffer un problème pour le remettre à plus tard. Au mieux, c'est le résultat. Au pire, c'est la pagaille.

Ajoutons un élément supplémentaire à la question initiale: est-ce bien le rôle de l'État de dicter à un individu, en une circonstance ponctuelle (soit durant l'exercice de ses fonctions publiques dans ce cas-ci), quoi croire et quoi ne pas croire? Après tout, si l'État est laïque, ça veut dire qu'il ne s'occupe pas de religion. De facto. Juste? Or, ici, il le fait: il dicte quoi croire et quoi ne pas croire de manière ponctuelle.

Est-ce le rôle de l'État, en revanche, de bien éduquer ses citoyens pour développer en eux un jugement critique qui leur donnera tous les outils nécessaires pour conclure, eux-mêmes, du bien fondé ou du non-fondé d'une religion? Ah là, on parle d'autre chose.

Je me permets de vous citer un passage du Traité d'Athéologie, de Michel Onfray.

Je ne suis pas croyant. Pour moi, la religion n'est rien d'autre qu'une secte qui a réussi. Ça m'emmerde, de me faire dire quoi croire ou ne pas croire. En revanche, si ça m'emmerde de me faire dicter quoi que ce soit par la religion, je ne peux supporter l'idée qu'une autre entité vienne me dire quoi croire ou ne pas croire. Ce serait illogique et très malhonnête de ma part. D'autant plus que c'est à l'école que j'ai appris à développer mon questionnement face à ces sectes à succès.

- Michel Onfray

Bien sûr, que je sais que ce n'est que dans l'appareil étatique que les croyants n'ont pas le droit de le montrer. Mais justement: ne serait-ce pas un incroyablement bel exemple de laïcité que de métisser les gens de toutes confessions en cette enceinte publique qu'est la nôtre? Puisqu'on parlait à l'origine de laïcité, après tout, la question se pose.

Il faudra se mettre dans le crâne qu'une religion fait partie d'un individu. C'est intrinsèque. On ne parle pas d'une moto trop polluante qu'on interdit sur nos routes ou d'un hors-bord trop bruyant sur nos lacs: on parle de ce qui définit une personne, de près ou de loin. Même là, l'État hésite plus à enlever les véhicules polluants de nos routes que de se mettre les mains dans la vie privée des citoyens...

Soyons donc plus rusés que la moyenne des ours. Les écoles confessionnelles? Non. Les cursus de cours axés sur les rites d'une religion au détriment des autres matières minimales demandées par le ministère de l'éducation? Non. Les subventions à des organismes religieux qui n'ont rien à voir avec le patrimoine religieux? Non.

À ce moment, on pourra commencer à réellement parler d'une continuation du mouvement de laïcisation des années 60'. Pour l'instant, cette catho-laïcité à deux vitesses rate complètement la cible.

Dommage: pour l'instant, le débat a pris une tournure anti-constructive bien étrange et j'ai peur qu'on ait brisé quelque chose à long terme par maladresse nationale...

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