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La guerre des autres

Le conflit israélo-arabe perdurera encore bien longtemps, mais il n'est pas souhaitable qu'il s'impose également chez nous. Nous n'avons pas à payer la facture des tensions séculaires d'outre-mer.
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Depuis les plus récentes échauffourées entre Israël et le Hamas, et plus particulièrement depuis les dernières interventions militaires de l'État hébreu dans la bande de Gaza, plusieurs manifestations ont eu lieu dans le monde pour soutenir la cause palestinienne. Ici même, au Québec, une manifestation pro-palestinienne s'est tenue samedi dernier à Montréal à laquelle ont participé des membres de la communauté musulmane et des personnalités issues des milieux de gauche.

Quant à elle, la France doit aussi contenir depuis déjà plusieurs jours l'expression d'un malaise profond qui la ronge. L'allégeance à la République s'est effondrée avec l'apparition du communautarisme religieux.

Reproduction d'un mythe

J'ai souvent défendu l'État Israël et les Juifs du monde entier qui sont actuellement victimes d'une recrudescence considérable de l'antisémitisme. Dans mon premier essai, Le nouveau triangle amoureux, je soutiens que l'État d'Israël est devenu un symbole politique autour duquel une mythologie rend obsolète toute objectivité. En bref, l'État d'Israël fascine tellement qu'il est devenu le référent maléfique incontournable de l'imaginaire islamo-gauchiste. Pour la gauche, l'État d'Israël, c'est l'équivalent de Voldemort dans Harry Potter.

En effet, il convient de démystifier certains préjugés tenaces qui ne font que discréditer un projet sioniste qui, au départ, contenait une bonne part de légitimité. Bien qu'imparfait, le peuple juif n'a pas besoin de s'excuser pour exister. Malheureusement, les monothéismes sont des systèmes religieux intransigeants qui ont historiquement mené à plusieurs guerres de religion. Quelque part, le conflit israélo-arabe est l'actualisation déplorable d'une quête théologique. D'un côté comme de l'autre, on prie un Dieu unique lorsqu'éclatent les obus.

Ceci dit, la transposition du conflit israélo-arabe à l'échelle de l'Occident ne fait qu'envenimer une situation déjà bien précaire. Le retour de l'antisémitisme en Europe est symptomatique de l'ampleur que prend un peu plus chaque jour le conflit israélo-arabe. Le multiculturalisme importe dans les pays occidentaux la guerre des autres. Le multiculturalisme, c'est la transposition des tribalismes étrangers au sein de nos sociétés. C'est la reproduction locale d'une crise extraterritoriale.

Notre guerre, vraiment?

On peut se poser la question: nos démocraties doivent-elles réellement payer le prix de cette guerre qui n'en finit plus? Combien de temps encore cette guerre durera-t-elle, causera-t-elle de morts, de blessés, d'enfants éventrés, de femmes en pleurs, de litiges idéologiques dans les universités? Pourquoi en payer le prix, jusque dans nos cours d'école?

Car effectivement, cette guerre ressemble de plus en plus à une vendetta politico-théologique où chacun des camps s'empresse d'honorer son Dieu suivant un attentat. Ce conflit est tellement obsédant que les dernières exécutions de masse commises par des djihadistes sunnites, en Irak, sont passées totalement inaperçues. En 2014, l'ONU écrit que le nombre de victimes irakiennes s'est élevé à 5500. Même phénomène en Syrie: des milliers de civils ont été tués sur le territoire syrien dans la dernière année, mais ce qui retient l'attention médiatique, c'est encore la bande Gaza.

Le conflit israélo-arabe perdurera encore bien longtemps, mais il n'est pas souhaitable qu'il s'impose également chez nous. Nous n'avons pas à payer la facture des tensions séculaires d'outre-mer. Surtout, nous n'avons pas à subir les conséquences d'un affrontement qui devient bien plus religieux que politique.

Jusqu'où doit vraiment aller notre devoir de solidarité envers l'un des deux camps?

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