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Enfin la laïcité: Bernard La Rivière démystifie des clichés

Au fond, conclut Bernard La Rivière, tout ce débat ne renverrait-il pas seulement à une «question de politesse»? Doit-on accorder du respect à une personne qui entre chez vous et qui refuse d'enlever ses bottes par un temps mauvais?
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Le titre du livre de Bernard La Rivière, Enfin la laïcité, tranche beaucoup avec le résultat des dernières élections. Surtout avec la récente apparition d'un «ministère de l'Inclusion» voué à la promotion du multiculturalisme canadien. Il n'en demeure pas moins que cet ouvrage ne pourrait pas être plus d'actualité. En plus de fournir un excellent compte rendu du dernier débat sur la laïcité qui s'est étalé du mois d'août 2013 au 7 avril 2014, ce livre contribue grandement à la déconstruction de certains mythes tenaces qui menacent de plus en plus notre démocratie.

Des clichés démystifiés

Bernard La Rivière part d'un constat simple: la laïcité n'est pas l'apanage de certains idéologues xénophobes, racistes et «islamophobes». Bien au contraire. La laïcité est un projet politique qui vise «l'universalité de la sphère publique» considérée comme un «bien commun».

En retraçant les grands développements historiques de la laïcité, l'auteur montre qu'au Québec, la séparation des pouvoirs religieux et politique n'a pas été effectuée sans bousculer un catholicisme bien enraciné. Rapidement, La Rivière montre que contrairement à ce que prétendent plusieurs chroniqueurs, la promotion de la laïcité est bien antérieure aux vagues d'immigration musulmane en Occident et qu'elle s'inscrit dans une perceptive progressiste.

Bernard La Rivière présente aussi les différentes conceptions de la laïcité et en vient à la conclusion suivante: «Aujourd'hui, la laïcité doit lutter pour préserver sa définition». Devant la grande popularité qu'a récemment acquise la laïcité «ouverte», il faut se demander ce que peut avoir de vraiment «laïque» cette même laïcité qui s'enorgueillit d'être aux antipodes de la laïcité française (ou républicaine) dont l'expression était contenue dans la Charte des valeurs québécoises.

Inutile de rappeler que la France demeure le premier vecteur historique de la laïcité et que l'article premier de sa constitution stipule qu'elle est une «République indivisible, laïque, démocratique et sociale». Pour raconter une anecdote évocatrice de ce détournement de sens, j'avais une professeure à l'Université Laval qui aimait dire que les États-Unis formaient un pays plus laïque que la France - l'inventrice de la laïcité!

Autrement dit, la laïcité «ouverte» est aussi éloignée de la laïcité que peut l'être le fédéralisme de l'idée d'indépendance du Québec. Selon Bernard La Rivière, si tous se disent laïques, bien peu font la preuve de leurs convictions.

Des collabos révélés

Enfin la laïcité n'est pas un ouvrage très provocateur, mais il désigne clairement les responsables de cette stratégie de peur inversée. Ces personnes qui, entre autres, ont réussi à faire avaler à une bonne partie de la population que le hidjab était un symbole anodin et que les partisans de la Charte étaient grossièrement racistes, alors que plusieurs membres de la communauté maghrébine de Montréal avaient donné leur appui au projet du Parti québécois.

Bernard La Rivière est très bien placé pour désigner ces coupables. Militant de longue date chez Québec solidaire, il sait très bien de quoi il parle lorsqu'il accuse le parti de gauche d'avoir défendu le port d'un voile misogyne et communautariste pour les femmes musulmanes. Il sait aussi très bien de quoi il parle lorsqu'il dénonce l'hypocrisie de plusieurs personnalités publiques qui ont préféré surfer sur la vague de néfastes tendances néo-trudeauistes plutôt que de défendre des droits féminins durement acquis.

Au cours de ce grand débat qui aura au moins eu le mérite de réinsérer temporairement le Québec dans l'Histoire, les Québécois n'ont donc pas eu vraiment plus peur de l'immigration massive que d'être associés à ce racisme imaginaire.

Mais au fond, conclut l'auteur, tout ce débat ne renverrait-il pas seulement à une «question de politesse»? Doit-on accorder du respect à une personne qui entre chez vous et qui refuse d'enlever ses bottes par un temps mauvais? Pour ma part, la réponse est Non.

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