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Il est plus que temps qu'une femme devienne mairesse de Montréal

Qu'on puisse simplement penser à ramener ce monsieur à la mairie, après sa loi ridicule sur les pitbulls, ses déversements dans le fleuve, ses rodéos censés nous rappeler notre histoire (euh?), sa course de boîtes à savon électriques et j'en passe me dépasse.
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Grâce à une habile campagne, Valérie Plante est parvenue à réduire, puis à éliminer l'écart qui la séparait de notre Denis national. Ça force le respect.
Olivier Robichaud
Grâce à une habile campagne, Valérie Plante est parvenue à réduire, puis à éliminer l'écart qui la séparait de notre Denis national. Ça force le respect.

Comme les petits enfants à l'approche de Noël, les politiciens adeptes de l'abus de pouvoir, à la veille d'une élection, redeviennent subitement aimables, humbles et serviables. Voilà ce que j'ai pensé en voyant le maire Coderre, cette semaine, faire son mea culpa. Comme si de plates excuses, face à ses menaces et ses petits jeux de pouvoir mesquins, aux dépens des journalistes, allaient parvenir à cacher sa vraie personnalité. Je me suis demandé, un instant, avec quel genre d'imbéciles ce genre de manœuvre pouvait bien fonctionner, pour qu'il s'en donne la peine. Puis, je me suis souvenu de la quantité de gens ayant voté libéral deux ans seulement après le printemps érable...

Qu'on puisse simplement penser à ramener ce monsieur à la mairie, après sa loi ridicule sur les pitbulls, ses déversements dans le fleuve, ses rodéos censés nous rappeler notre histoire (euh?), sa course de boîtes à savon électriques et j'en passe me dépasse. Sa campagne électorale, à elle seule, tient du plus profond ridicule, et la population, à en croire les plus récents sondages, semble en avoir assez de se voir promettre monts et merveilles pour voir ensuite le maire tout oublier au profit d'une opération photo ou d'une autre. Je l'écoutais, la semaine dernière, nous entretenir de ce qu'il comptait faire bâtir autour de son fameux prolongement de la ligne bleue, alors qu'en quatre ans, il n'a jamais été foutu de faire le premier pas pour démarrer le projet. Ce qui ne semble pas l'empêcher de le promettre à nouveau, en prenant carrément les gens pour des cons. Parce qu'au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, ses promesses électorales sont exactement les mêmes qu'à la dernière élection! Celles auxquelles il ne s'est pas attaqué en quatre ans, trop occupé à claquer les fonds publics dans des événements, bien souvent douteux, pour célébrer un anniversaire qui l'était tout autant. Parce que si j'achetais, au 350, ou au 400, le 375 me semble toujours tiré par les cheveux...

Surtout, j'en ai assez de le voir courir après les caméras, une attitude déjà discutable quand on voit comment il traite les journalistes. J'en ai assez de le voir donner son opinion sur des sujets nationaux et internationaux qui ne le concernent en rien. Mais qu'est-ce que j'en ai à battre de son avis sur la Catalogne, bon sang, quand des sans-abris de sa propre ville sont toujours en attente des logements sociaux promis il y a quatre ans, et encore une fois, puisqu'on y est, il y a deux semaines? En quoi ai-je besoin de le voir descendre dans les égouts, alors que la ville s'apprête à déverser une quantité phénoménale de merde dans le fleuve, avec son accord?

Notre bon Denis, toutefois, aime l'attention. Il aime être vu, et entendu, même quand ce qu'il dit n'a pas le moindre intérêt. Les gens sont contre les pitbulls? Vite, une loi, sans réfléchir, sans analyser, pour montrer qu'il fait quelque chose, serait-ce n'importe quoi! Montréal sera une ville sanctuaire! Oh, zut, j'oubliais la quantité de xénophobes et de racistes sur la liste électorale, alors évitons d'aborder le sujet à nouveau, surtout! Oh, la loi 62 passe mal, finalement? Non, Montréal ne respectera pas la loi! Comme si, de son trône, il avait le pouvoir de choisir les lois auxquelles il allait obéir! C'est bien dommage, remarquez, parce que c'est bien là la seule chose intelligente que je l'aie entendue dire depuis des mois... Avec un peu de chance, ce ne sera même pas son problème, puisqu'il jouera au golf au moment où elle sera contestée en cour.

Grâce à une habile campagne, toutefois, elle est parvenue à réduire, puis à éliminer l'écart qui la séparait de notre Denis national. Ça force le respect.

Quand Valérie Plante a annoncé qu'elle se présenterait contre lui, j'ai tout de suite pensé à l'histoire de la souris et de l'éléphant. Au propre comme au figuré. Ce n'était pas gagné d'avance. Grâce à une habile campagne, toutefois, elle est parvenue à réduire, puis à éliminer l'écart qui la séparait de notre Denis national. Ça force le respect.

J'ai dans l'idée qu'une bonne part de ses supporteurs vote beaucoup plus contre Coderre que pour elle, mais le résultat sera le même, et lui offrira sa chance de faire ses preuves. Votre humble serviteur donnerait son appui à Kermit la grenouille, Groucho Marx ou Ronald McDonald pour éviter voir revenir kid-kodak à la mairie. Est-ce que je crois aux promesses de ligne rose de Mme Plante? Non. Est-ce que je crois aux mises en scène, quand même bien foutues, la plaçant justement, comme par hasard, dans des situations lui permettant de soutenir des positions contredisant celles de Coderre? Non plus, mais c'est de la politique, et en matière de mises en scène, nous avons à nous taper depuis quatre ans celles de M.Coderre, généralement beaucoup moins habiles, et toujours intéressées.

Est-ce que je pense qu'elle peut faire mieux qu'il ne l'a fait ces quatre dernières années?

Je ne vois simplement pas comment elle pourrait faire pire.

Sa plate-forme électorale est intéressante, à défaut d'être réaliste, et je pense sincèrement qu'elle y croit. Elle se cognera nécessairement le nez au mur de la réalité, éventuellement, mais au moins, elle y croit. C'est déjà plus que dans le camp adverse.

Il ne s'agit ici que de mon avis, mais il est aussi plus que temps qu'une femme devienne mairesse de Montréal.

Et sincèrement, entre deux politiciens, sans égard à leur expérience, je vais vers celui qui semble le plus vrai. La plus vraie, dans le cas présent. Je ne la connais pas personnellement, mais je vois mal Mme Plante jouer à la Gestapo de l'info, ou menacer la carrière d'un journaliste. Il ne s'agit ici que de mon avis, mais il est aussi plus que temps qu'une femme devienne mairesse de Montréal. Ne serait-ce que pour faire taire les hurluberlus qui retiennent son sexe contre elle dans cette course à la mairie.

À ceux et celles qui trouvent que Valérie Plante est peut-être un peu verte, dans le monde politique, pour occuper un tel poste, je répondrais que Jean Charest avait de l'expérience. Que Pauline Marois avait de l'expérience. Que Philippe Couillard a de l'expérience.

Que Denis Coderre a de l'expérience.

Ça ne les a guère empêchés de foirer lamentablement.

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