Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Respect, confiance et sollicitude, mon oeil

La Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada est en train de devenir une véritable farce, ou plutôt une véritable honte. Il n'y a plus un aspect de cette loi qui soit respectée, tant en ce qui a trait aux langues officielles qu'en ce qui a trait aux centres de maintenance. Il y a à peine une semaine, la Chambre des communes votait sous bâillon une loi spéciale mettant un terme à la menace de lock-out chez Air Canada et empêchant les travailleurs de déclencher une grève. Le recours à la loi spéciale -ou à sa menace- pour nuire à la capacité de négocier des syndicats est une habitude récurrente chez les conservateurs.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
ap

La Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada est en train de devenir une véritable farce, ou plutôt une véritable honte. Il n'y a plus un aspect de cette loi qui soit respectée, tant en ce qui a trait aux langues officielles qu'en ce qui a trait aux centres de maintenance.

Il y a à peine une semaine, la Chambre des communes votait sous bâillon une loi spéciale mettant un terme à la menace de lock-out chez Air Canada et empêchant les travailleurs de déclencher une grève. Le recours à la loi spéciale -ou à sa menace- pour nuire à la capacité de négocier des syndicats est une habitude récurrente chez les conservateurs. L'argument est toujours le même que ce soit pour les cheminots, les postiers ou les travailleurs d'Air Canada, une grève nuirait à l'économie canadienne. Dans le cas d'Air Canada, Stephen Harper déclarait qu'un arrêt de travail pourrait possiblement avoir des conséquences sur l'économie canadienne.

Mais dans les faits, c'est les syndicats qui préoccupent les conservateurs et pas l'économie. Voyez-vous, le gouvernement Harper n'aime pas les syndicats.

• On se rappellera que les conservateurs voulaient inclure dans leur plan d'aide au secteur automobile une condition imposant une diminution salariale malgré les conventions collectives,

• qu'ils ont intégré dans leur budget de 2009 une modification des conventions collectives des employés de la fonction publique imposant unilatéralement de nouvelles conditions salariales pour certains d'entre eux (Partie 10 de la loi C-10),

• qu'ils ont voté contre un projet de loi du Bloc Québécois qui excluait de la période de référence de l'assurance-emploi la période d'un conflit collectif. (Ce projet de loi visait à combler une omission qui pourrait théoriquement servir de moyen de pression de la part des employeurs sur un syndicat.)

• On se rappellera enfin que les conservateurs ont toujours été contre une loi anti-scab, ce qui désavantage une fois de plus les travailleurs aux dépens de leur employeur.

L'utilisation de la loi spéciale dans le cas d'Air Canada n'avait pour but que d'obliger le syndicat à se soumettre à la volonté patronale.

Comme le soulignait un rapport commandé par le gouvernement en 1995 sur le Code canadien du travail intitulé Vers l'équilibre :

« Étant donné l'empressement du Parlement à intervenir dans certains types de différends, les parties sont portées à présumer que le législateur ne permettra pas de toute façon qu'une grève ou un lock-out dure longtemps. D'une part, les syndiqués n'envisagent plus de devoir de rester longtemps sur les lignes de piquetage et, d'autre part, les employeurs ne craignent plus les pertes à long terme de recettes ou d'une part du marché. Les grèves et les lock-out ne sont donc plus des mesures incitatives aussi efficaces pour en arriver à un règlement. »

Tout ça pour dire que la Loi spéciale imposée par les conservateurs ne servait pas l'intérêt public, mais strictement l'intérêt des patrons.

À peine une semaine plus tard, Aveos annonçait la fermeture de ses centres d'entretien, entrainant la perte de milliers d'emplois, notamment dans la région de Montréal. Le ministre Lebel s'en lave les mains : «c'est pas de nos affaires, c'est une entreprise privée», qu'il nous dit.

D'une part, si c'est une entreprise privée, c'est que le gouvernement Harper l'a bien voulu en permettant en 2007 que les services d'entretien d'Air Canada soient confiés à Aveos, détenu en partie par Air Canada. Et d'autre part, la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada comporte à l'article 6.1 «des dispositions l'obligeant à maintenir les centres d'entretien et de révision dans les villes de Winnipeg et Mississauga et dans la Communauté urbaine de Montréal».

Dès la création d'Aveos, les travailleurs de maintenance d'Air Canada craignaient pour leurs emplois, lorsqu'en 2010, on apprenait qu'Aveos faisait l'acquisition d'une entreprise au Salvador, les craintes se sont accentuées et le gouvernement n'a rien fait. Aujourd'hui, une semaine après que Stephen Harper ait justifié sa loi spéciale par de « possibles conséquences sur l'économie», Aveos ferme avec la bénédiction conservatrice.

Aveos présente ses valeurs sur son site Internet comme étant Respect, confiance et sollicitude. Pffff! Le gouvernement conservateur et Aveos nous démontrent tout à fait le contraire. Les centres d'entretien et de révision doivent être maintenus comme l'impose la loi, un point, c'est tout.

Et pour ce qui est de la fermeture d'Aveos, les conséquences sur l'économie ne sont pas possibles, elles sont réelles.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.