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Compostelle et la souveraineté du Québec

Récemment, je marchais sur un des sentiers de Saint-Jacques-de-Compostelle dans le sud-ouest de la France. J'entendis des pas qui s'approchaient derrière moi. Je me retournai et un individu me lança avec le sourire: «Bonjour le Canadien!» Comme c'est souvent le cas lorsqu'un Français rencontre un Québécois, la conversation bifurque sur la question de la séparation du Québec du reste du Canada.
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Récemment, je marchais sur un des sentiers de Saint-Jacques-de-Compostelle dans le sud-ouest de la France. J'entendis des pas qui s'approchaient derrière moi. Je me retournai et un individu me lança avec le sourire: «Bonjour le Canadien!» Je réalisai rapidement qu'il avait vu «Montréal (Québec)» inscrit sur mon sac à dos, souvenir d'un congrès à Montréal. Je lui rendis ses salutations et il ajusta ses pas aux miens pour que nous continuions notre marche ensemble. Après les présentations d'usage, j'appris qu'il avait roulé sa bosse en Europe, en Amérique et en Asie comme cadre pour des sociétés internationales. Il était actuellement en réflexion sur son avenir, d'où le pèlerinage à Compostelle.

Comme c'est souvent le cas lorsqu'un Français rencontre un Québécois, la conversation bifurque sur la question de la séparation du Québec du reste du Canada. Je ne vais pas vous ennuyer avec les détails de cette conversation dont vous devinez sans doute le contenu. Ce qui mérite toutefois d'être rapporté, c'est cette question de mon interlocuteur: «Comment les indépendantistes québécois peuvent-ils prétendre améliorer le sort économique de l'ensemble de leurs compatriotes en se séparant du Canada, alors qu'ils y possèdent déjà de nombreux pouvoirs économiques et politiques à tous les niveaux? Des pouvoirs qu'aucun État indépendant au monde ne peut prétendre posséder sur une autre nation.»

Je risquai alors une réponse: «Les souverainistes, lui dis-je, considèrent qu'il est plus important d'avoir un siège dans les organismes internationaux afin de pouvoir influencer leur avenir.» «Mon pauvre ami, me répondit-il, les petits États n'y ont pas véritablement de sièges, ni même de strapontins. Regardez toutes ces républiques de bananes qui ne font que de la figuration dans les organismes internationaux. À qui, croyez-vous, profite leur présence? Seulement à eux qui y font de la figuration et surtout pas à leurs compatriotes qui doivent se saigner à blanc pour leur assurer leur gros train de vie.»

Visiblement enflammé, je laissais mon éphémère compagnon de route reprendre son souffle et nous continuâmes de marcher en silence comme si chacun prenait le temps de digérer les paroles de l'autre. Quelques kilomètres plus tard, mon pèlerin s'arrêta en me touchant le bras pour que je fasse de même et me regardant directement dans les yeux, il me dit: «Au Canada, les Québécois ont toujours occupé et continuent d'occuper, si je ne m'abuse, des fonctions, parmi les plus importantes, à tous les échelons politiques. Pourquoi les indépendantistes québécois les ont-ils toujours fait paraître parmi leurs concitoyens, et à l'étranger, comme des traîtres à la nation québécoise? Pourquoi ces indépendantistes n'ont-ils pas profité et ne profitent-ils pas de ces positions dominantes pour améliorer leur situation, si le besoin existe, à l'intérieur du Canada?»

Ne me laissant pas le temps de formuler une réponse, il enchaîna: «Parce que ce n'est pas le mieux-être de leurs concitoyens que recherchent les têtes dirigeantes des séparatistes, mais la satisfaction de leurs désirs de grandeur et de pouvoirs illusoires qu'ils ne peuvent pas obtenir dans le cadre d'un pays déjà souverain, le Canada; mais, seulement dans le cadre d'une position de pseudo souverains, voir de roitelets, comme celles qu'occupent tous ceux et celles que l'on retrouve dans les rencontres internationales à titre de chef d'État et dont les sujets paient leur soif de pouvoir souverain.»

Remerciant mon ami momentané pour ces réflexions, je le quittai, mon objectif kilométrique journalier ayant été atteint. Visiblement amoureux du Québec, il me fit promettre de transmettre à mes compatriotes ses observations. Voilà! C'est fait!

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