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Ce qui se joue en Libye pendant que l'occident regarde la Syrie

Depuis le déclenchement des combats à l'Est puis sur Tripoli, deux blocs s'affrontent à tous les niveaux : pétrole, entreprises publiques, représentation diplomatique...
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Depuis le déclenchement des combats à l'Est puis sur Tripoli, deux blocs s'affrontent à tous les niveaux : pétrole, entreprises publiques, représentation diplomatique...

Quels sont les rapports de force actuels en Libye ?

Il y a deux blocs qui s'affrontent en Libye. D'un côté, il y a le bloc de l'Armée nationale (le général Haftar, les officiers, les milices de Zentan, et des tribus) et de l'autre côté on a le bloc des milices de Misurata, leurs alliés les islamistes et les djihadistes. Bien entendu, ces blocs ne sont pas homogènes. Mais il y a depuis quelques mois, une tentative de constituer un corps d'armée nationale sur la base d'un objectif commun : le combat contre une des plus importantes milices en Libye, les milices de Misurata et de leurs alliés les islamistes et les djihadistes.

Ces deux blocs ont étendu depuis les premiers combats à Tripoli et à l'Est des ramifications sur toute la Libye. Dans certaines villes, certaines milices, déjà établies, sont favorables à l'un ou l'autre camp. Même le Sud est gangréné. Dans cette zone, des combats ont déjà eu lieu, au sujet du pétrole, en raison de cette partition Est-Ouest !

Ainsi peut-on constater qu'en terme de soutien dans les villes secondaires, le rapport de force commence à être en faveur de l'Armée nationale. Le pilonnage massif de l'armée nationale sur Tripoli et ses environs sur les djihadistes, islamistes, et les milices de Misurata, le fait même évoluer. Des tribus se sont récemment ralliées à ce général, ce qui va certainement permettre un plus grand quadrillage des ses opérations sur le territoire.

Au-delà des actions militaires qui se cristallisent naturellement autour des installations pétrolières, une course s'est engagée de part et d'autre concernant les directions des entreprises publiques, la représentation diplomatique... entre le gouvernement fantôme de Tripoli et le gouvernement légitime de Al Beida (son siège a quitté Tobrouk)

L'occident doit-il intervenir ?

L'accélération et l'intensification de l'action du général Haftar qui a intégré l'armée pro-gouvernementale pourrait changer la donne sur le terrain au niveau de l'Ouest et de l'Est. Mais, il faut tout de même attendre, même si Haftar gagne actuellement de nombreux points sur le terrain. Cela peut prendre du temps, c'est une entreprise de longue haleine. S'agissant des djihadistes en particulier. Si auparavant les groupes extrémistes étaient discrets, maintenant ils ont pris pied dans certaines villes. La ville de Sirte (l'ancien fief de Kadhafi) est ainsi devenue un des fiefs de Ansar Al-Charia d'où ses membres peuvent alimenter en armes leurs frères combattants. Les hommes de Bel Mukthar, donc AQMI, eux, peuvent circuler librement d'Oubari dans le Sud-Ouest jusqu'à Misurata sur les côtes de la Méditerranée. Dans d'autres zones, c'est Al-Qaïda qui est présente. Des connections se sont établies. A l'Est, Darna a prêté allégeance à Daesch et les djihadistes continuent d'affluer de Syrie. Ces derniers s'organisent maintenant avec les djihadistes libyens.

S'agissant du Sud, cette région est très problématique. De nombreuses cellules Aqmi, Al Qaïda, Ansar Al charia, lesquelles établissent des ramifications à l'Est et l'Ouest.

Certes Haftar peut se positionner dans le Sud et s'appuyer sur les Touarègues et les Toubous qui lui sont favorables, mais il n'y arrivera probablement pas seul. Donc, une action des occidentaux et particulièrement de la France dans le Sud serait nécessaire, ne serait-ce que pour éviter que les djihadistes passent les frontières notamment des pays frontaliers, dans le cas où l'armée nationale et donc Haftar arrive à Tripoli, qui est devenu une base de recrutement djihadiste et islamiste, puis entre Darna et mène des actions dans le Sud. Ces opérations pourraient provoquer un repli important des djihadistes dans le Sud libyen, qui tenteront de franchir les frontières des pays voisins, dont l'Algérie, qui a fait beaucoup d'efforts, et le Niger. Les frontières sont immenses, poreuses et certains points de passage connus ne sont pas encore véritablement sécurisés. Mais l'occident et notamment la France a-t-il la volonté d'assurer le « service après-vente », comme le dit si bien le Niger ?

L'action de l'Onu est-elle efficace ?

Elle est intéressante, car cela a déjà entrainé quelques dissensions entre les milices à Tripoli et à Misurata. Mais le gouvernement légitime d'Al Beida est davantage en faveur d'une action militaire exclusive que politique, laquelle est trop conditionnée. Cela peut compromettre la future réunion qui peine à s'organiser. Il me semble qu'une action politique et militaire couplées peut, au vue de certains éléments, avoir de l'effet ne serait-ce que pour récupérer les éléments des camps de Tripoli et de Misurata qui demandent déjà à négocier, au vue des actions menées par l'Armée nationale. Des vengeances sont, en effet, à craindre.

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