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La balance commerciale du Québec et les enjeux énergétiques

La demande pour des mesures protectionnistes est présente sous diverses formes dans nos sociétés. Elle revêt d'ailleurs différents degrés de sophistication. L'objectif de ce texte: présenter brièvement les avantages d'un échange libre pour ensuite en faire l'application à un passage d'un document gouvernemental sur les enjeux énergétiques.
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Ce billet a aussi été publié sur Libres Échanges, le blogue des économistes québécois.

La demande pour des mesures protectionnistes est présente sous diverses formes dans nos sociétés. Elle revêt d'ailleurs différents degrés de sophistication.

En premier lieu, ce texte reprend une présentation vulgarisée des avantages d'un échange libre. Il s'agit ensuite d'en faire l'application à un passage d'un document gouvernemental sur les enjeux énergétiques.

Les avantages d'un libre-échange

Le manuel de David Friedman (1986: 123 et 436) vulgarise d'une façon imagée la nature du commerce international. Nous reprenons ici la formulation qu'en fait Steven Landsburg en y ajoutant une illustration.

style=«Il y a deux technologies pour la production de voitures en Amérique. L'une consiste à fabriquer à Détroit et l'autre est de les cultiver dans l'Iowa. Tout le monde connaissant la première technologie, laissez-moi vous parler de la seconde. D'abord, vous plantez des graines, qui sont la matière première à partir de laquelle les voitures sont construites. Vous attendez quelques mois jusqu'à ce que le blé apparaisse. Ensuite, vous récoltez le blé, le chargez sur les navires, et dirigez les navires vers l'est dans l'océan Pacifique. Après quelques mois, les navires réapparaissent chargés de Toyotas.»

Le commerce international n'est rien d'autre qu'une forme de technologie. Le fait qu'il existe un endroit appelé le Japon, avec des personnes et des usines, est tout à fait non pertinent pour le bien-être des Américains. Pour analyser les politiques commerciales, nous pourrions tout aussi bien supposer que le Japon est une machine géante avec des rouages mystérieux qui transforment le blé en voitures (Landsburg 2012, Armchair Economist: Economics and Everyday Experience 252-253).

Le libre-échange devient ainsi une source de richesse, qui s'apparente au progrès technologique. Ce gain n'a aucune relation avec le solde commercial, qui est la différence entre la valeur des exportations et celle des importations.

Pétrole et balance commerciale

Le paragraphe suivant, tiré du document de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec, n'a aucun sens analytique:

«En effet, alors qu'on se tourne de plus en plus vers le pétrole non traditionnel, coûteux à exploiter, le prix de base du pétrole est passé de 20 $ à environ 100 $ le baril en une décennie, faisant exploser le déficit commercial du Québec. Durant cette période, le coût des achats de pétrole brut est passé de 7,2 milliards de dollars en 2002 à plus de 13,7 milliards de dollars en 2012. Au cours de la dernière année, la valeur du pétrole acheminé aux deux raffineries québécoises représentait à lui seul (sic) l'équivalent des deux tiers du déficit commercial du Québec ce qui réduit d'autant les dépenses et les investissements disponibles pour les autres secteurs économiques.»

Évolution du coût d'approvisionnement en pétrole brut et en gaz naturel, en une décennie, mise en parallèle avec celle de la balance commerciale du Québec

(en milliards de dollars courants)

(Commission sur les enjeux énergétiques du Québec 2013: 13)

Le solde du compte du commerce international n'a aucune valeur prescriptive. Il n'y a pas de valeur optimale pour ce solde. C'est simplement la résultante d'une comptabilité. Malheureusement, on oublie ainsi l'enseignement de la section précédente sur la présence de « deux technologies » pour produire des hydrocarbures et que l'une nous est facilement disponible en créant de la richesse.

Éoliennes et balance commerciale

À cause de leur production irrégulière, l'apport en énergie des éoliennes ressemble à celui des pluies dans les barrages. Elles permettent d'accroître le niveau d'eau dans les réservoirs en diminuant le nombre de turbines en activité lorsque le vent le permet. Le même résultat est obtenu par une importation accrue d'électricité aux heures de bas prix.

Dans une perspective d'améliorer le solde commercial, la voie des éoliennes devrait être choisie même si son coût est supérieur à 10 sous le kWh. Le coût de l'alternative de l'importation se situe aux alentours de 3 sous le kWh. Quelle alternative est la plus rentable?

Conclusion

Le critère de choix doit être celui de la rentabilité et non une référence au solde du compte commercial. Ce dernier critère est une approche de fermeture ou de protectionnisme.

J'ai d'ailleurs un voisin de bureau qui conserve depuis plusieurs années un solde commercial fort négatif avec l'achat d'une résidence et d'une automobile. Pourtant, il est prospère et ne va pas vers la faillite, loin de là.

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