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Le devoir de la Chambre des communes: expulser la députée fantôme Sana Hassainia

La Chambre des communes doit exercer son autorité parlementaire en mettant fin au mandat de Sana Hassainia. Il en va de la confiance des Canadiens et des Canadiennes envers l'institution du Parlement.
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On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir blogué.

La députée de Verchères-Les Patriotes Sana Hassainia a fait la manchette la semaine dernière à la suite d'une enquête menée par Thomas Gerbet, d'Ici Radio-Canada. La nouvelle révélait son manque d'assiduité et ses dépenses plus élevées que la moyenne de ses collègues. Elle s'est mérité le quolibet de députée fantôme. Unanimement, d'anciens employés et collègues de la Chambre des communes, ses vis-à-vis locaux ou provinciaux et surtout les citoyens qu'elle a le mandat de représenter sont outrés. Cette histoire a fait l'objet d'une couverture pancanadienne et a même trouvé écho dans son pays d'origine, la Tunisie, via Al Huffington Post, l'Économiste Maghrébin et radio Mosaïque.

« Scandale » et « intolérable » sont les termes employés par le député provincial de Verchères, Stéphane Bergeron, qui a été l'un des premiers à réagir à la publication des absences quasi permanentes de la députée indépendante. Plusieurs organismes communautaires du comté de Verchères-Les Patriotes n'invitent même plus la députée Hassainia à leurs événements « parce qu'elle ne vient pas; elle ne répond même pas ».

La «suffisance» avec laquelle l'élue s'est justifiée a été parodiée sur le site de petites annonces Kijiji par une offre d'emploi de « député(e) à temps partiel ». L'auteur de l'annonce, qui dépasse déjà les 5000 vues et dont plusieurs médias ont parlé, trouve que le comportement de l'élue manque de respect pour le «travail de député qui est exigeant». Oui, l'annonce est un canular, mais le fond de l'histoire est des plus sérieux.

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Pour toute réponse, la députée a expliqué ses absences, lors d'un entretien téléphonique avec Ici Radio-Canada, en indiquant qu'elle manquait les votes qui avaient lieu l'après-midi et le soir parce que sa « petite voix ne fera pas une grande différence » dans le contexte d'un gouvernement majoritaire. « C'est mon choix. J'ai une façon personnelle de concilier travail et vie de famille », ajoute-t-elle. Elle assure, bien qu'elle travaille de la maison, qu'elle «continue de servir» ses citoyens... « Pas tous les jours, mais quand c'est nécessaire, je le fais».

Le salaire de base qu'elle perçoit pour son « travail » est de 163 000 $ par année. Elle s'est plainte de sa rémunération dès 2011 : «On nous donne un bon salaire, mais le travail que nous avons à faire est énorme. Honnêtement, avec tout ce que l'on a à faire, ce n'est peut-être même pas assez payé. » À titre comparatif, Statistique Canada révèle que la rémunération annuelle moyenne était de 47 458,48 $ en 2013 (les données incluent les heures supplémentaires et correspondent à la rémunération brute avant les déductions à la source). Mme Hassainia voudrait-elle nous faire la grâce de nous révéler quel salaire elle a laissé pour se présenter comme députée et accepter de servir ses concitoyens?

Les justifications de Sana Hassainia sont indignes d'une parlementaire et lèsent la communauté, puisqu'elle n'assume pas la responsabilité de sa fonction, à savoir de servir et de représenter la population. Elle est au service de l'État et des citoyens, et non pas l'inverse. Nous pourrions dire qu'elle porte également atteinte à l'image des femmes en politique et à l'ensemble des Canadiennes, par son interprétation de la conciliation travail-famille et, de surcroît, qu'elle fait honte à sa communauté tunisienne d'origine. Mais nous ne le ferons pas. Nous vous dirons plutôt que la députée fantôme a les pieds nickelés, ce qui signifie « ceux qui ne sont pas portés sur le travail ». L'expression vient soit du fait que les pieds en nickel sont trop précieux pour servir à marcher ou à travailler, soit de pieds nickelés, pieds atteints de rachitisme ne permettant donc pas un travail soutenu. Cela signifie refuser d'agir ou encore faire preuve de paresse.

Malgré tout le battage médiatique dont elle fait l'objet, la députée a laissé penser qu'elle pourrait se représenter cette année pour demander un nouveau mandat, sous la bannière libérale ou encore celle de la nouvelle formation Force et Démocratie... Soit elle est inconsciente, soit elle est paresseuse. Nous affirmons tout d'abord que rien de tout cela n'a à voir avec son origine ou le fait qu'elle soit mère de famille. Rien de cela ne s'applique. C'est d'abord et avant tout une grande profiteuse, rien de moins!

Elle banalise sa fonction, mais accepte tout de même de percevoir un salaire pour un travail qu'elle n'accomplit pas. Les travailleurs québécois et canadiens ne bénéficieraient pas d'un tel privilège, soit celui d'être payé sans effort ni sans prestation de services. Leurs employeurs, privés ou publics, séviraient avec raison dans un tel cas.

Toutefois, elle est démocratiquement élue, sa voix est essentielle puisqu'elle doit promouvoir les intérêts de la population qui l'a choisie.

À titre de députée, elle a dû prêter serment aux institutions du Canada et notamment au principe de la démocratie. La députée s'est engagée ainsi à servir les intérêts supérieurs du pays. Le serment et l'affirmation solennelle qu'elle a faits servent à lui rappeler le poids des obligations et des responsabilités qu'elle aurait dû assumer.

Il est donc du devoir de la Chambre des communes d'exercer son autorité parlementaire et de mettre fin au mandat de madame Sana Hassainia en expulsant la députée de Verchères-Les Patriotes par une résolution formelle, de faire enquête sur son véritable emploi du temps et de vérifier ses dépenses excessives. Il en va de la confiance des Canadiens et des Canadiennes envers l'institution du Parlement et d'une juste et saine représentation démocratique.

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