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Politique étrangère de Trump: une menace à la stabilité internationale

Il est toujours mauvais pour une démocratie de s'en remettre aux militaires pour décider de la politique internationale.
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Donald Trump ne cesse de dénoncer des accords signés ou des décisions faites par les administrations précédentes.
Carlos Barria / Reuters
Donald Trump ne cesse de dénoncer des accords signés ou des décisions faites par les administrations précédentes.

Sous l'impulsion de l'administration Trump, inspirée par une idéologie d'un autre temps et l'incompétence, les États-Unis sont en pleine régression sur la scène internationale. Leur isolement volontaire s'amplifie, à la suite de décisions absurdes ou mal inspirées que ce soit de se retirer de pactes internationaux, comme l'accord de Paris sur le climat, ou commerciaux comme le TPP, d'organisations internationales (UNESCO) ou la récente reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël, sans oublier les menaces de mettre fin à l'ALENA. La stratégie de sécurité nationale américaine, divulguée le 18 décembre, renforce cette approche unilatérale et nationaliste.

Un autre élément qui ajoute à ce constat est la perte d'influence du Secrétariat d'État, qui normalement devrait guider la politique extérieure américaine. Il se vide de centaines de diplomates d'expérience qui démissionnent ou sont congédiés. De nombreux postes d'ambassadeurs ne sont pas pourvus, dans des capitales importantes particulièrement au Moyen-Orient. Le secrétaire d'État Tillerson qui n'écoute qu'une petite coterie de conseillers républicains sans envergure ne démontre pas de réel intérêt à l'égard du ministère qu'il dirige. Lui-même ne semble avoir à Washington qu'une influence réduite, se faisant constamment contredire par Trump. On annonce régulièrement son départ.

Il est toujours mauvais pour une démocratie de s'en remettre aux militaires pour décider de la politique internationale.

Ce serait le Pentagone qui tirerait profit de cette situation. Il est toujours mauvais pour une démocratie de s'en remettre aux militaires pour décider de la politique internationale. Sans oublier les tweets intempestifs du président Trump.

Ce chaos à Washington fait en sorte que d'autres pays s'engouffrent dans ce vide et profitent des opportunités qui s'offrent à eux. Il y a la Chine, bien sûr, qui s'impose en Asie, mais pas seulement. Forte de sa puissance économique, elle pousse ses pions en Afrique et en Amérique latine. Ses compagnies investissent partout dans le monde y compris en Amérique du Nord. Et ce ne sont pas les discours belliqueux de Trump qui vont y faire grand-chose.

Beijing se sert désormais de ses énormes ressources financières pour faire avancer des intérêts politiques. Son projet «une ceinture, une route» en est un instrument. Il vise à créer un réseau d'infrastructures (routes, ports, lignes ferroviaires) vers l'Europe en passant par l'Asie centrale pour exporter encore davantage. Des zones économiques spéciales sont aussi prévues. On parle d'un budget global de 800 à 1000 milliards de dollars.

D'autres pays tirent aussi des avantages de la désintégration du leadership international américain. Une récente tournée du président Poutine au Moyen-Orient a confirmé le retour de Moscou dans cette région. Après avoir célébré la victoire de ses troupes en Syrie puis rencontré le président Al Sissi au Caire où ils ont fait l'annonce d'une entente pour la construction d'une centrale nucléaire, grâce à un prêt à la Russie de 25 milliards de dollars, Poutine s'est rendu en Turquie. C'était la huitième rencontre avec le président Erdogan en 2017. Des projets d'achat d'armement russe étaient à l'ordre du jour. Les liens entre la Russie et l'Iran se renforcent aussi, partenaires en Syrie pour préserver le régime Assad.

Même la France s'y met. Le président Macron prend le leadership de la protection de l'environnement en étant l'hôte récemment par exemple du Sommet One Planet à Paris. Il a aussi habilement négocié le retour du premier ministre libanais Hariri après qu'il eut été «kidnappé» par l'Arabie Saoudite.

La récente décision de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël est un autre exemple d'incohérence. Pour satisfaire au plan intérieur des éléments notamment religieux qui l'appuient, Trump s'est mis à dos le monde musulman, exclut possiblement les États-Unis du processus de paix palestino- israélien, mais surtout aide l'Iran de se présenter comme le vrai défenseur de l'Islam. Une stratégie qui échappe à toute logique, car les mêmes pays arabes au Moyen-Orient qui tentent de s'unir dans une alliance anti-iranienne se retrouvent obligés de condamner cette annonce unilatérale.

Une stratégie qui échappe à toute logique, car les mêmes pays arabes au Moyen-Orient qui tentent de s'unir dans une alliance anti-iranienne se retrouvent obligés de condamner cette annonce unilatérale.

Les dommages causés aux États-Unis par cette politique étrangère sont substantiels. La crédibilité américaine est remise en question. Trump ne cesse de dénoncer des accords signés ou des décisions faites par les administrations précédentes. Si cette lancée se poursuit, comme cela apparaît être le cas, il y a fort à parier que le prix à payer sera «America first, but alone».

Cette stratégie est néfaste pour le pays. Mais si ce n'était que cela. En adoptant une approche strictement égoïste des relations internationales c'est à notre futur à tous que Trump s'en prend. La possibilité bien réelle d'un conflit nucléaire en Corée du Nord est un cas d'espèce. Les menaces à nos économies, réelles ou non, sont aussi dangereuses.

Les dirigeants politiques mondiaux, y compris notre gouvernement à Ottawa, devraient en tirer les conclusions pertinentes, et cesser de penser que le président Trump les écoutera et qu'il est un interlocuteur raisonnable. De nouvelles alliances seront nécessaires, entre démocraties, en attendant que Washington retrouve un leadership éclairé.

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