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Voter utile ou voter heureux

Il me semble que tous ceux qui pourfendent la division du vote ne se préoccupent pas suffisamment de la deuxième partie de l'équation. En fait, ils ne voient pas pourquoi on voterait Québec Solidaire, Option Nationale ou Parti Vert quand on a déjà un parti passablement solidaire, bien national et un petit peu vert. C'est-à-dire le PQ. En d'autres mots, ils ne prennent pas très au sérieux --du moins est-ce mon impression-- les velléités de voter pour un (petit) parti "progressiste souverainiste", comme s'il s'agissait d'une simple vue de l'esprit.
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Vous avez lu Bernard Emond dans Le Devoir? Vu Yann Perreault sur YouTube? À tout le moins entendu Gilles Duceppe fustiger Amir Khadir d'avoir voté NPD aux dernières élections fédérales?...

À 28 jours du prochain jour de scrutin, les voix s'élèvent pour inciter les gens à ne pas "diviser le vote", à voter utile, comme on dit, et enfin éjecter Jean Charest de derrière son volant. Comme d'habitude, le cinéaste Bernard Emond s'est montré particulièrement éloquent:

"...il faut voter comme si c'était le deuxième tour. C'est Charest ou Marois, comme en France en mai dernier c'était Sarkozy ou Hollande.Et rappelez-vous les présidentielles françaises de 2002, c'était Le Pen ou Chirac. La gauche a voté Chirac. Toute la gauche, en bloc. C'était une question de salut national. Je crois que nous en sommes là. L'élection sera trop serrée pour risquer de perdre une seule circonscription aux libéraux à cause de la division du vote progressiste. Nous porterons la responsabilité de notre choix."

Yann Perreault soigne moins son vocabulaire, mais dit sensiblement la même chose: Québec Solidaire, Françoise David, tout ça, c'est bien beau, mais "cette fois-ci, on niaise plus, on s'en va PQ, on sort Charest", dit le chanteur-auteur-compositeur-interprète.

Maudit dilemme, si vous voulez mon avis. Le "salut national" versus sa conscience. Comment choisir? La question à se poser, en fait, est la suivante: La démocratie est-elle plus mal servie en se tapant Charest encore quatre ans (pour cause de division du vote) ou l'est-elle davantage en taisant ses préférences politiques?

Il me semble que tous ceux qui pourfendent la division du vote ne se préoccupent pas suffisamment de la deuxième partie de l'équation. En fait, ils ne voient pas pourquoi on voterait Québec Solidaire, Option Nationale ou Parti Vert quand on a déjà un parti passablement solidaire, bien national et un petit peu vert. C'est-à-dire le PQ. En d'autres mots, ils ne prennent pas très au sérieux --du moins est-ce mon impression-- les velléités de voter pour un (petit) parti "progressiste souverainiste", comme s'il s'agissait d'une simple vue de l'esprit.

Tous ceux qui ne voient pas de réelles différences entre le PQ, QS, ON ou encore, PV, devraient sans doute voter pour le Parti Québécois. D'autant plus que le risque de cette élection n'est pas seulement celui d'un autre mandat libéral, mais celui d'un premier mandat caquiste. La division du vote pourrait aussi avoir ce résultat-là.

Mais pour tous les autres? Pour tous ceux et celles qui ne se sentent pas représentés par le Parti québécois, qui ont à coeur une autre façon de faire de la politique ou simplement des causes que le PQ n'a pas toujours bien défendues (l'environnement, les ressources naturelles, la répartition de la richesse et même, l'éducation), n'ont-ils pas le devoir, au contraire, de voter avec leur coeur? De ne pas abandonner leurs idéaux précisément au moment où ça compte le plus?

On parle beaucoup de Charest et du cynisme qu'il propage, mais il y a d'autres raisons au cynisme ambiant: il y a la camisole de force qu'est notre système électoral qui nous oblige de compter avec nos doigts plutôt qu'avec nos valeurs, de miser sur le court teme plutôt que le long terme, de prendre au sérieux un parti de transfuges dont l'ambition première est le bricolage d'Etat, et de s'abstenir de prendre position, tout en prétendant incarner le "changement."

Mais si c'est le (vrai) changement qu'on veut, alors où est-ce qu'on commence? Ne faut-il pas d'abord donner un coup de pouce à ce qui commence, justement? ("Je suis arrivé à ce qui commence", écrit Gaston Miron, repris lors du printemps érable). Ne faut-il pas prendre le risque de parier, non pas sur ce qui fonctionne déjà, mais sur ce qui ne fonctionne pas encore, sur un idéal plutôt que du tout cuit dans la bouche?

Une société qui ne mise pas sur l'idéal, c'est-à-dire l'espoir de quelque chose de meilleur, a-t-il même un avenir?

Quiconque a vu l'extraordinaire vidéo de Catherine Dorion, comédienne, mère d'un adorable bébé et candidate pour Option Nationale, sait ce que je veux dire. Enfin, une énergie, une parole, un entregent auxquels on peut croire. Il serait immensément dommage, pour tout progressiste souverainiste s'entend, de rayer cette dynamo de la carte par simple calcul électoral immédiat.

Bref, pourquoi voter utile quand on peut voter heureux?

Jean Charest - Parti libéral du Québec

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