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Femmes en situation d'itinérance: une situation inacceptable

Plusieurs siècles de lutte pour l'égalité n'ont pas épargné les femmes, elles sont au contraire souvent les premières victimes de la pauvreté.
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En cette journée du 8 mars, Journée internationale des femmes, nous souhaitions saluer nos concitoyennes, nos sœurs, nos voisines, qui vivent actuellement en situation d'itinérance. Trop nombreuses et si peu visibles.

Plusieurs siècles de lutte pour l'égalité n'ont pas épargné les femmes, elles sont au contraire souvent les premières victimes de la pauvreté. En perdant le toit qui les abrite, elles sont plus vulnérables que jamais. La rue ne les épargne pas et elles le savent.

Trop souvent, certaines d'entre elles vont endurer la violence sous toutes ses formes, se replier sur elles-mêmes pour ne pas prendre le risque de perdre le lieu de vie qu'elles pensent être le dernier rempart avant l'impensable : se retrouver à la rue.

À Montréal, le Pavillon Patricia Mackenzie de la Mission Old Brewery accueille chaque année près de 550 femmes. Au moment de pousser la porte des services d'urgence, les femmes sont épuisées. Elles ont avant tout besoin de repos. En marge de cette société dont elles sont exclues et à la suite de nombreuses situations, de la perte de leur emploi, à une problématique de santé physique ou mentale, au cumul de situations ou de circonstances malheureuses, elles ont souvent perdu confiance en elles.

Nous ne brosserons pas le portrait global de ce groupe de femmes, car il serait irrespectueux de les réduire à une situation. Elles sont des personnes à part entière et notre rôle est de les accueillir comme tel. Une approche déterminée qui nous permet de ne pas tomber dans le piège des analyses généralistes, des conclusions hâtives et des solutions miracles qui conviennent à tout le monde.

Des solutions: au féminin pluriel... Une fois pour toutes!

Accueillir n'est pas une fin en soi, accompagner et vouloir permettre à ces femmes de cheminer vers une sortie définitive de la spirale infernale de l'itinérance n'est pas une utopie, c'est UNE VISION qui permettra à chacune d'entre elles de retrouver une juste place dans notre communauté.

Au cours de la dernière décennie, l'engrenage de la pauvreté, de la maladie et de l'isolement, a longuement été documenté, analysé et très justement dénoncé.

La volonté de s'accommoder de l'idée que les dames soient tout simplement protégées des dangers de la rue est anachronique: notre société vaut bien mieux que cela ! Elle doit permettre à toutes de s'épanouir et de poursuivre leur existence dans un milieu de vie durable, sain et harmonieux.

Trop souvent, on voudrait nous faire croire à la fatalité, au manque de capacité des unes et des autres. Si les obstacles sont parfois nombreux, ils ne sont jamais insurmontables et notre expérience au cours des dernières années a démontré qu'il suffit de se donner les moyens et de s'allier avec nos partenaires pour atteindre et dépasser nos objectifs.

Parmi les exemples, le Projet de réaffiliation en itinérance et santé mentale (PRISM), un partenariat entre l'équipe de la Dre Lison Gagné du CHUM et la Mission Old Brewery. Depuis son implantation au Pavillon Patricia Mackenzie en mars 2015, le taux de réussite de ce partenariat dépasse les 80 %. Ce programme a permis à plusieurs dizaines de femmes de recevoir un suivi approprié en santé mentale et elles sont désormais installées dans des milieux de vie durable, selon leur volonté et la nature de leurs besoins.

Nous avons besoin de plus de programmes comme ceux-ci pour nous assurer que les femmes souffrant de problèmes de santé qui se trouvent en situation d'itinérance ne restent pas dans la rue.

Alors quand la santé va, tout va?

Si l'itinérance rend malade, nous savons bien que la réalité des femmes en situation d'itinérance n'est pas seulement une question de santé publique. Elle relève de la question primordiale du logement, qui rappelons-nous: elle fait partie intégrante du droit, dans la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 et dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966.

En favorisant l'accès au logement abordable, avec un soutien psychosocial continu et aux soins de santé adaptés, nous réalisons un investissement collectif durable, nous pouvons mettre fin au cycle de l'itinérance chronique et aider les femmes à retrouver leur place dans la société.

Nous visons à élargir notre offre de logements, mais pour cela nous avons besoin du soutien financier de nos élus.

Au Pavillon Patricia Mackenzie, nous avons fixé l'objectif du logement comme pierre angulaire au rétablissement des femmes. Plusieurs de nos programmes sont orientés vers cette direction, et ça marche ! Des solutions qui doivent rester variées, respectueuses et réalistes. Ainsi, nous avons pu reloger un grand nombre de femmes et faire chuter le nombre de femmes en situation d'itinérance chronique de 90% à 10% dans nos services. Nous visons à élargir notre offre de logements, mais pour cela nous avons besoin du soutien financier de nos élus.

Nos expériences au cours des dernières années montrent que nous pouvons améliorer considérablement la vie des femmes les plus vulnérables. C'est possible en favorisant l'accès au logement abordable avec un soutien psychosocial continu et aux soins de santé adaptés. Si nous investissons collectivement dans ces solutions durables, ensemble nous pouvons mettre fin au cycle de l'itinérance chronique des femmes.

Nous sommes prêtes !

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