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La caisse pop du 21e siècle

Est-ce que les membres de Desjardins souhaitent être clients de la PLUS GROSSE bannière? La plus rentable, la plus diversifiée, la plus intégrée? Pas sûr. On veut juste être bien servi à des heures convenables par du personnel souriant et compétent. On cherche encore l'alternative sociale et communautaire au monde bancaire.
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Vendredi dernier lors de l'assemblée générale du Mouvement Desjardins, la présidente Monique Leroux a affirmé qu'elle désire voir des «Caisses Pop» du 21e siècle. Elle veut moderniser les communications entre les entités Desjardins et ses membres.

Elle a parlé de technologie, de sans-fil et de nouveaux guichets tactiles... Ce sont là en effet, de beaux «moyens». Mais pour la VRAIE communication, c'est autre chose. La communication dans ma définition implique DEUX; le directeur, le conseiller ou la caissière et le client. Est-ce que Desjardins est équipé ou souhaite réellement communiquer, comprendre et répondre aux principales préoccupations de ses membres?

Je suis client de Desjardins depuis 4 décennies. J'ai ouvert mon premier compte à la maternelle. J'ai vu, entendu et fredonné le fameux «Pop-sac-à-vie-sau-sec-fi-co-pin» de la petite Marie-Josée Taillefer.

J'ai aussi été témoin de la transformation radicale de mon institution coopérative! J'ai vu ma caisse céder ses pouvoirs décisionnels à sa voisine plus grosse. J'ai vu cette dernière se faire avaler et n'être plus qu'un comptoir. J'ai observé une formidable rotation du personnel et les heures d'affaires se restreindre au minimum. Dans mes moments difficiles, j'ai eu la déception de voir mon transit autorisé fondre de moitié sans préavis. Ma petite caisse pop était devenue un mouvement, obsédé par la croissance de sa fédération centrale.

Comme plusieurs, j'ai été obligé d'aller voir chez RBC ou à la TD. Les taux hypothécaires et prêts personnels que la caisse de mon enfance m'offrait étaient rendus «plus qu'une banque». Pas un petit peu. J'ai vu des écarts de 1, 2 ou même 3%. Bref, pour financer ma ristourne annuelle, on augmentait tous les taux et conditions! Quand tu as 35 ans et tu dois nourrir ta famille, la ristourne tu l'as loin. C'est à chaque mois que j'en avais besoin de ce nanane! Mais ma caisse ne voulait pas m'entendre. Elle était trop occupée à s'enfler et se faire belle pour la CITY, Wall Street ou Bay Street!

Pas de doute madame Leroux, vous avez accompli de nombreuses et grandes réalisations. Mais, dans quel but? Compétitionner la Banque Nationale et son papier commercial? Avoir plus de modèles de cartes de crédit que RBC? Moins de prêts à risque que la CIBC? Avoir un plus beau vert que la TD?

À la fin de 2010, la revue britannique «The Banker» a nommé Desjardins: Banque de l'année au Canada!

Mon premier réflexe a été d'être flatté. Mais fallait-il vraiment se réjouir de cet insigne d'honneur? Depuis sa fondation par Alphonse Desjardins, on prétend vouloir être autre chose qu'une banque et voilà qu'elle devient LA banque du Canada! On affirmait avoir des valeurs plus humaines, une vision plus «partenaire», plus familiale. Qu'en reste-t-il? La centralisation, les fermetures de caisses en région (et même de guichets) et fusions, les nombreuses acquisitions de cabinets, la multiplication des fonds de placement à la mode, la titrisation de produits financiers complexes sont bien des démonstrations éloquentes de l'appétit féroce d'une banque.

Est-ce que les membres de Desjardins souhaitent être clients de la PLUS GROSSE bannière? La plus rentable, la plus diversifiée, la plus intégrée? Pas sûr. On veut juste être bien servi à des heures convenables par du personnel souriant et compétent. On cherche encore l'alternative sociale et communautaire au monde bancaire.

Non, madame Leroux entrer dans le 21e siècle ne signifie pas avoir son application pour iPad Retina ou Android, des sites web méga haute-vitesse et des guichets tactiles 3D! Mon 21e siècle à moi est synonyme de «révolution sociale ». Les sociétés de mon siècle me parlent, m'interpellent par mon nom et... me reconnaissent.

Pour regagner ma confiance et mon respect, ma caisse pop du 21e siècle:

-aura de l'écoute et d'empathie

-aura du temps à me consacrer

-s'éloignera des gadgets et des artifices et se rapproche des gens

-me contactera pour améliorer mon budget et mon bilan

-aura moins d'employés à commission, mais plus d'employés à «satisfaction»

-retrouvera des préoccupations locales et communautaires

-s'éloignera des modes, mais cernera les tendances mobilisatrices

-aura des conditions de prêts ou de dépôts plus avantageuses SANS tracasserie

-n'aura pas à se comparer à des institutions cotées en bourse, guidées par des bonis trimestriels

Et pour vous, ça rime à quoi une Caisse Pop du 21e siècle?

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