Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

«Homme masculin cherche homme masculin»: transposer son insécurité

Qui t’a donné le mandat, ou le droit, de définir la masculinité pour toute la communauté LGBTQ?
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
Cessez de transposer vos insécurités et vos «daddy issues» liés à votre orientation sexuelle sur les autres.
Petar Chernaev via Getty Images
Cessez de transposer vos insécurités et vos «daddy issues» liés à votre orientation sexuelle sur les autres.

Un peu plus tôt ce mois-ci, j'ai pris connaissance d'un billet de blogue publié sur le HuffPost Québec à propos de la masculinité. On y parlait du prix à payer pour atteindre des standards de société trop souvent inatteignables. J'ai beaucoup apprécié l'article en général et le fait que quelqu'un s'exprime sur un sujet dont on parle souvent tout bas sans oser y porter l'attention qu'il mérite.

Bien que le fond du texte me soit apparu très pertinent, j'y ai trouvé une forme d'exclusion par sa nature légèrement hétérocentrée et j'y ai vu l'importance, voire l'opportunité, de venir ajuster la balance. On y disait, entre autres, « [...]ils ne doivent surtout pas être 'comme une fille' et ils doivent sans cesse prouver qu'ils ne sont 'pas gai'.» Cette phrase, je dois l'avouer, m'a fait grincer des dents. Je tenais donc à rebondir sur cette phrase qui m'est restée en tête.

Détrompez-vous, ce texte n'en est pas un de coming out, je suis de ceux qui croient que la sexualité des uns et des autres n'appartient à personne d'autre qu'à l'individu lui-même.

Mais tout de même, qu'en est-il de la communauté LGBTQ? J'utilise ici l'exemple des homosexuels, mais ce texte pourrait tout autant s'appliquer au principe de féminité/masculinité chez les lesbiennes, lesqueer, les transgenres, etc.

Tentons tout de même de voir le tout positivement. Je suis un optimiste, je préfère regarder notre société avec une lunette qui me renvoie l'image d'une population qui évolue et qui, lentement mais sûrement, change sa perception à l'égard de la «différence».

Le point de vue straight

Encore trop souvent, j'entends des phrases comme: «qui est l'homme et qui est la femme dans votre couple?». Dans ces moments, je l'avoue, ma lunette d'éternel optimiste devient rouge. Ma réponse est relativement simple: donner une définition simplifiée au maximum de l'homosexualité. Deux hommes ou deux femmes qui s'aiment.

À chaque année qui passe, les termes de masculinité et de féminité deviennent de plus en plus flous et c'est une bonne chose.

La masculinité ou la féminité n'a rien à voir avec la sensibilité d'une personne, sa capacité à pleurer ou pas devant le film Les pages de notre amour, avec le fait de coucher avec de multiples partenaires, avec le nombre de fois qu'une personne va au gym par semaine et avec sa masse musculaire (insérer un roulement des yeux ici). À chaque année qui passe, les termes de masculinité et de féminité deviennent de plus en plus flous et c'est une bonne chose. Parce qu'il s'agit de principes non mesurables selon la perception des gens ou de ce qu'on voit dans le regard des autres. Il s'agit d'un sentiment purement personnel de bien-être, de ce que l'on est et sur la façon dont on choisit d'agir.

Nous avons tous une part de masculinité et de féminité en nous. On peut voir cette proportion varier d'une personne à l'autre et c'est ce qui rend les gens aussi intéressants. Après tout, il faut de tout pour faire un monde.

L'herbe n'est pas plus verte chez le voisin

Ce serait facile pour moi de vous dire que les homosexuels sont ostracisés, que les personnes hétérosexuelles ne comprennent pas leur réalité et que leurs présomptions sont basées sur des stéréotypes et des préjugés.

Ceci étant dit, je préfère laisser ce débat à un autre, étant un sujet souvent exploité. J'utiliserai plutôt cette plateforme pour dire ceci : le point de vue des hétérosexuels, les questions étranges de leur part, leurs préjugés et leurs stéréotypes, c'est de la petite bière comparé à ce qui se passe au sein même de la communauté LGBTQ.

Remettons d'abord la balance à zéro. Rencontrer en 2017, c'est difficile, peu importe l'âge, l'orientation sexuelle ou le sexe. Les applications de rencontre ont rendu les choses très complexes. Quand on n'est pas victime de «ghosting» pur et dur, on rencontre des profils d'hommes et de femmes complètement terrorisés derrière leur écran qui préfèrent entretenir des relations virtuelles plutôt que de sortir et de prendre le risque de rencontrer quelqu'un en personne.

Quoi qu'il en soit, je ne compte plus le nombre de fois où je suis tombé sur des profils arborant fièrement la mention «masc for masc» qui pourrait simplement se traduire par homme masculin cherche homme masculin. Pendant longtemps, en tant qu'ancien sexologue intervenant communautaire que je suis, je tentais d'expliquer à la personne le non-sens de cet énoncé.J'ai fini par abandonner projet parce que ça entrait par une oreille et sortait par l'autre la plupart du temps.

À cette mention, je réponds maintenant par une question : qui t'a donné le mandat, ou le droit, de définir la masculinité pour toute la communauté LGBTQ?

À cette mention, je réponds maintenant par une question : qui t'a donné le mandat, ou le droit, de définir la masculinité pour toute la communauté LGBTQ? Ce qui aux yeux de certains représente la masculinité n'aura, pour ainsi dire, absolument rien à voir avec la représentation du concept d'un autre individu. C'est la même chose pour la féminité. Essayons d'utiliser des exemples concrets pour illustrer le tout.

J'aime les vêtements et ma carte de crédit peut en témoigner. J'aime faire les magasins et je pleure comme un bébé devant des films d'amour. Imaginons que mon voisin va au gym six fois par semaine, écoute du métal et passe ses fins de semaine chez des concessionnaires automobiles. Qui est le plus masculin des deux? Personne n'aura jamais la réponse parce que la conception de cette dite masculinité leur appartient à eux et à eux seuls et que personne ne peut juger cela. Tant et aussi longtemps que l'on se sent bien avec qui l'on est, en tant qu'homme ou en tant que femme, nos actions et nos choix sur notre façon d'être ne regardent personne.

Cessez de transposer vos insécurités et vos daddy issues liés à votre orientation sexuelle sur les autres.

À tous les hommes qui ont, à un moment ou à un autre, utilisé l'expression «masc for masc» et qui continuent de le faire ; à ceux qui font souvent en sorte que des hommes plus fragiles se sentent inférieurs ;ce texte est mon doigt d'honneur. Cessez de transposer vos insécurités et vos daddy issues liés à votre orientation sexuelle sur les autres. Je suis qui je suis, homme et fier de l'être. Et pour répondre à cette question qui vous tourmente depuis le début de ce texte : oui je pleure devant Les pages de notre amour... à chaque fois.

Avril 2018

Les billets de blogue les plus lus sur le HuffPost

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.