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Lino Zambito est un peu comme une arme de destruction massive dans notre univers politique. L'ancien entrepreneur en construction et témoin-vedette de la Commission Charbonneau a de nouveau fait des révélations dévastatrices. L'ex-pdg d'Infrabec n'a pas encore subi le test du contre-interrogatoire. Mais, depuis six jours, il déshabille sur la place publique un système de corruption et de collusion tentaculaire.
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Lino Zambito est un peu comme une arme de destruction massive dans notre univers politique.

L'ancien entrepreneur en construction et témoin-vedette de la Commission Charbonneau a, à nouveau, fait des révélations dévastatrices à la reprise des travaux de la commission d'enquête, commission qui avait fait relâche pendant une semaine.

L'ancien propriétaire de l'entreprise Infrabec n'a pas encore subi le test du contre-interrogatoire. Mais, depuis six jours, il déshabille sur la place publique un système de corruption et de collusion tentaculaire.

Pour le moment, on doit présupposer que ses affirmations sont corroborées par d'autres témoins, des enquêtes de la commission, l'UPAC ou le rapport Duchesneau, sinon on ne lui accorderait pas autant de visibilité.

Des noms sont tombés lundi : Pierre Bibeau, organisteur du Parti libéral du Québec depuis toujours, vice-président de Loto-Québec et ex-mari de la ministre Line Beauchamp, Gilles Vaillancourt, maire tout puissant de Laval qui aurait touché une cote de 2,5%. Sans compter, au passage, que le témoin glisse le nom de David Whissel, l'ex-ministre et son entreprise d'asphaltage ABC Rive-Nord. Des ingénieurs, aussi, auraient servi de courroies de transmission pour des enveloppes brunes.

Après Montréal et les villes de la Couronne nord atteints de ce mal à divers degrés, on a abordé la question des contrats, très juteux, du Ministère des Transports du Québec (MTQ). Ce que décrit Lino Zambito c'est un système installé en parallèle au MTQ pour garnir les caisses électorales des partis politiques.

Des «commandes politiques» sont passées aux firmes de génie-conseil qui supervisent les travaux pour renflouer les coffres. Ces firmes d'ingénieurs se tournent vers les entrepreneurs en construction pour amasser de l'argent, soutient le témoin.

Les entrepreneurs contribuent et ont l'occasion de se reprendre, dit-il, en ayant recours à de faux-extras. Extras qui sont autorisés par les bureaux de génie-conseil qui surveillent les travaux. Des informations privilégiées sont coulées, parfois, pour avantager un entrepreneur lors d'un appel d'offres. Au besoin, on utilise une fausse facturation pour se refaire.

Selon Zambito, il existe une «chaîne», une «affiliation» entre l'ingénieur en charge d'un projet du MTQ, l'entrepreneur et les «extras» ou imprévus. Les «extras» seraient donc l'indicateur de la magouille dans l'attribution d'un contrat.

L'an dernier, en Chambre, le Parti québécois a multiplié les questions sur l'existence de ces «extras».

Si on résume: des milliards de nos impôts sont dépensés par le MTQ en infrastructures sans que le ministère n'exerce un véritable contrôle sur une bonne partie de ses opérations. Pire, ce système répondrait à des commandes politiques.

On aurait donc sous-contracté la corruption.

Décidément, il n'y a pas grand monde qui sortira indemne des travaux de la Commission. C'est, on le constate, un passage obligé.

Avril 2009

Construction: la (longue) marche vers une enquête

Tony Accurso

La commission Charbonneau en bref

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