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Commission Robillard: grand dérangement en vue

Deux chiffres majeurs doivent être pris en compte pour mesurer le cul-de-sac des finances publiques. À 12 milliards $, les intérêts sur la dette composent la 3e dépense du gouvernement. Dans 30 programmes sur 39, le Québec dépense plus que son voisin de l'Ontario, soit un écart de 1238 $ par habitant ou de 10 milliards $.
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La commission Robillard propose, mais le gouvernement dispose, a rappelé dimanche le premier ministre Philippe Couillard, quelques heures après que le groupe de travail eut fait connaître ses toutes premières recommandations.

Cela est vrai, mais il est clair que le grand dérangement, le vrai, ne fait que commencer. «Ce n'est que le début», a commenté la présidente de la Commission de la révision permanente des programmes (CRPP), l'ex-ministre Lucienne Robillard en dévoilant le premier résultat de leur travail.

La Commission a identifié huit cibles, mais le gouvernement a déjà disposé dans les deux principaux secteurs: les garderies et les municipalités. Dans le cas des tarifs en garderie, il a rejeté la proposition d'un tarif porté à 35$ même si, à la lumière des explications fournies par le groupe Robillard, elle était plus intéressante pour les familles.

Le Québec laisse 150 millions $ en déduction fiscale fédérale sur la table en raison de son tarif subventionné à 7$ par jour. Il aurait fallu cependant beaucoup de «pédagogie» pour justifier qu'on passe de 7,30 $ à 35 $ et le gouvernement a préféré couper la poire en deux en fixant le maximum à 20$.

La commission suggère d'aller chercher 1,3 milliard dans l'aide aux municipalités. Le gouvernement vient pourtant de signer une entente avec l'ensemble des villes les privant de 300 millions $ cette année. La FQM et l'UMQ avaient accepté à condition expresse que cette compression se limite à 2014-15. Le réveil pourrait être brutal.

La commission souligne à gros traits que les dépenses augmentent en moyenne de 5,8% dans les municipalités alors que le Québec s'astreint à une discipline de fer à 1,3% d'augmentation. Les commissaires sont convaincus que les villes peuvent y parvenir sans hausser les taxes, en puisant notamment dans leurs surplus qui dépassent le milliard. Cela reste à prouver et on doit y voir une opération pelletage de déficit vers un gouvernement inférieur.

La commission fait preuve d'audace en s'attaquant à, c'est le cas de le dire, à une vache sacrée du Québec: l'assurance stabilisation agricole, pour en tirer 300 millions $. Le gouvernement est conscient que s'il va dans cette direction, il provoquera un lobby puissant capable de défaire des députés en région.

Dans le cas du financement des étudiants étrangers, le gouvernement a évoqué l'imposition de quotas. Sur une base annuelle, le Québec pourrait récupérer 100 millions $.

Les tarifs ambulanciers n'ont pas été haussés depuis 17 ans et il est temps d'y voir.

La commission propose d'abolir les budgets discrétionnaires des ministres et le soutien aux bénévoles. Ces compressions qui totaliseraient 24 millions $ ont visiblement une valeur symbolique pour démontrer que les élus font leur part.

Par ailleurs, la commission Robillard a constaté qu'il n'existe pas d'inventaire complet des programmes et qu'il «n'existe pas de retour régulier sur les objectifs initialement poursuivis». Autrement dit, un programme, une fois créé, peut exister pour toujours.

Deux chiffres majeurs doivent être pris en compte pour mesurer le cul-de-sac des finances publiques. À 12 milliards $, les intérêts sur la dette composent la 3e dépense du gouvernement.

Dans 30 programmes sur 39, le Québec dépense plus que son voisin de l'Ontario, soit un écart de 1238 $ par habitant ou de 10 milliards $. Pourtant, le Québec dépense mois pour la santé (287 $) et en éducation (339 $), la différence s'expliquant par des salaires plus élevés dans l'autre province.

Pour le moment, la santé et l'éducation ont échappé au couperet de la commission. Celle-ci travaille en mode urgence budgétaire et déposera un autre rapport en juin.

Lucienne Robilllard soulignait dimanche «que la solution facile pour le gouvernement, c'est d'augmenter les impôts». Alors, compressions ou hausses d'impôt?

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