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Budget Leitao: une chirurgie bariatrique

Le premier budget du gouvernement libéral cible l'appareil étatique, qui devra absorber 90% et plus des compressions de dépenses. Carlos Leitao reconnait que le contribuable est déjà imposé, taxé et tarifé au maximum et qu'il n'y a plus d'espace.
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Le gouvernement Couillard soumet le secteur public à une véritable chirurgie bariatrique.

Le premier budget du gouvernement libéral cible l'appareil étatique dans toutes ses ramifications, appareil qui devra absorber 90% et plus des compressions de dépenses. Dans son budget, le ministre des Finances, Carlos Leitao, reconnait que le contribuable est déjà imposé, taxé et tarifé au maximum et qu'il n'y a plus d'espace.

Quant à l'économie, elle est, à toutes fins utiles, en panne sèche ce qui affecte la colonne des revenus. La croissance prévue est de 1,8 % et de 2 % au cours des deux prochaines années. Le vieillissement du Québec fait aussi son œuvre.

Pour mesurer la commande qui est faite aux ministères et organismes publics, regardons les chiffres. Le contrôle des dépenses doit économiser 2,7 milliards $ cette année et 2,4 milliards $ en 2015-16 pour un total supérieur à 5 milliards $. On prévoit que la Commission sur la revision des programmes ira chercher 3,2 milliards $ dans les prochains mois.

Si on ajoute la contribution des sociétés d'État et le gel des effectifs, on atteint un montant impressionnant de 7,7 milliards $ de réductions!

Parallèlement, le budget impose un gel des effectifs dans toute la nébuleuse de l'État. On s'étonne toujours de constater que le gouvernement québécois est incapable de préciser le nombre exact de ses employés. Québec affirme qu'il ne veut pas juste émettre un chèque de paie, mais savoir à qui il l'envoie.

Pour y parvenir, le gouvernement va légiférer pour donner aux réseaux (santé et éducation) le pouvoir de limiter l'embauche. Toutefois, les documents budgétaires révèlent que 15 000 employés de l'État prennent leur retraite, chaque année, et ce pour les cinq prochaines années ce qui donne des possibilités.

Les ministères devront se serrer la ceinture et composer avec une croissance des dépenses de 1,8 % en 2014-2015 et de 2,1 % l'année suivante. Selon les tableaux du Conseil du Trésor, on sera à 0,7 % de croissance en 2015-2016.

Inutile de dire que ce rythme obligera des décisions difficiles. En santé, la croissance devrait être de 3 % et de 2,7 % et en éducation de 2,2 % et 1,9 %.

Les libéraux reconnaissent privément que 3 % en santé c'est ambitieux, sinon intenable, avec les «coûts de système».

Le budget Leitao contient un chapelet de mesures qui ressemblent à des mesurettes comparées à ce qui est exigé de l'ensemble de la fonction publique.

On peut reprocher aux libéraux d'avoir brisé leurs promesses de ne pas hausser les tarifs en augmentant le prix du tabac. Ils ont ramené également leur engagement de dépenser 15 milliards $ par an en infrastructures à un modeste (?) 11 milliards $, mais il y a des limites à charger la carte de crédit, reconnait-on.

Quant à la création d'emplois, elle va demeurer anémique (31 000 emplois), une performance en deçà de celle du PQ qui n'était pas reluisante.

Carlos Leitao a terminé la lecture de son discours en citant un proverbe portugais «l'espoir entre toujours par la porte qu'on a laissée ouverte». Il faut s'attendre, entre-temps, à ce que la porte laisse entrer bien des protestations.

Indéniablement, les libéraux considèrent que le patient est paralysé par une obésité morbide.

Les ministres doivent ventiler, ces jours-ci, les compressions dans leur ministère, histoire de distribuer sur 26 élus le fardeau de la commande.

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