Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Travaillez-vous, même malade?

Avez-vous déjà travaillé alors que vous étiez malade? Si vous répondez positivement à cette question, c'est que vous faites partie des surprésentéistes. Le surprésentéisme est un mot nouveau pour désigner un comportement ancien mais en pleine croissance: le fait de travailler malgré un état de santé dégradé qui aurait mérité un arrêt maladie.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Avez-vous déjà travaillé alors que vous étiez malade? Si vous répondez positivement à cette question, c'est que vous faites partie des surprésentéistes. Le surprésentéisme est un mot nouveau pour désigner un comportement ancien mais en pleine croissance: le fait de travailler malgré un état de santé dégradé qui aurait mérité un arrêt maladie.

Un peu plus de la moitié des Français auraient, par exemple, fait preuve de surprésentéisme au moins une fois lors des douze derniers mois. Mais les motivations des uns ne sont pas forcément les raisons invoquées par les autres. Le surprésentéisme peut ainsi être plus ou moins choisi ou subi. Pas moins de 92 facteurs explicatifs ont pu être observés par les chercheurs. Pourtant, élaborer un seul portrait-robot à partir de ces facteurs n'aurait pas de sens. Pour le dire avec humour, le portrait-robot d'un être humain moyen serait en effet un mutant moitié homme et moitié femme!

On peut en revanche identifier sept grands types de surprésentéistes. Dans lequel vous reconnaîtrez-vous?

Le dirigeant : Il estime qu'il ne peut pas se permettre de rater une réunion importante ou de mettre le pied sur le frein. Sa réticence à s'arrêter provient d'un réflexe culturel propre à un haut niveau de responsabilités ("ça ne se fait pas"), d'une forte charge de travail sans possibilité de remplacement et d'un souci d'image. Arrêt de travail rime avec aveu de faiblesse et absence avec inadéquation pour le poste. Des arrêts longs ou répétés seraient des obstacles à sa carrière. Il cherche aussi à montrer l'exemple à ses collaborateurs. Le surprésentéisme est aussi une marque de virilité: ce n'est tout de même pas une petite grippe qui va l'arrêter!

(Le billet se poursuit sous la galerie)

Boire de l'eau

11 conseils pour ne pas tomber malade

Le précaire : Le travailleur par intérim ou contractuel et cherchant à obtenir un emploi permanent ou bien occupant un poste dans une entreprise en restructuration, cherche à montrer une bonne image de lui-même pour mettre toutes les chances de son côté. Touchant de faibles revenus, un arrêt maladie serait préjudiciable à son porte-monnaie du fait des trois jours de carence de la sécurité sociale dans le secteur privé.

Le passionné : Sa profession rime avec vocation. Se sentant investi d'une mission, il met un point d'honneur à ce que les bénéficiaires de son activité (clients, collègues, patients...) ne pâtissent pas de son éventuelle absence. Il fait preuve d'un professionnalisme sans faille et d'un sens de l'engagement exacerbé. Il peut aussi s'agit d'un expert en quête de reconnaissance sociale. Il ne souhaite pas s'arrêter car cela retarderait sa carrière.

L'indépendant : Il est tenu par les contraintes financières qui pèsent sur lui, d'autant qu'il peut difficilement être remplacé. De plus, son tempérament et l'image qu'il a de lui-même le poussent à travailler coûte que coûte. Certains salariés, du fait de leur activité et/ou de leur mode de rémunération, s'apparentent à cette catégorie : les commerciaux par exemple.

Le contraint : Evoluant dans un collectif de travail avec une forte culture du présentéisme, il sent une forte pression sociale tomber sur lui en cas d'absence. Son comportement doit être irréprochable. Les débutants qui ont à faire leurs preuves dans leur nouvelle entreprise se retrouvent également dans ce cas de figure.

Le solidaire : Il évolue dans un collectif de travail soudé. Au nom de la qualité des relations interpersonnelles avec ses collègues, il craint qu'une ambiance entraîne pour eux une surcharge de travail. Il pratique donc le surprésentéisme par solidarité.

Le grand malade : En mauvaise santé chronique, il cumule généralement problèmes de santé physique et de santé mentale. À la fois très surprésent et très absent, il oscille entre les deux suivant sa capacité à tenir le coup et sa charge de travail. Quand sa pathologie est peu visible, il craint que ses collègues le soupçonnent d'abuser du système. Il fait alors de réels efforts pour être le maximum présent à son poste de travail.

Alors, quel surprésentéiste êtes-vous ?

Denis Monneuse est notamment l'auteur de Le surprésentéisme: travailler malgré la maladie (De Boeck, 2013).

2013-09-17-supresenteisme.gif
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.