Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Un camouflet pour Netanyahu et une gifle pour l'Autorité palestinienne

La résolution votée par le Conseil de sécurité des Nations unies sur les colonies de peuplement dans les territoires occupés et les principes énoncés par le secrétaire d'État John Kerry en décembre 2016 pourraient servir de base à une future négociation entre Israël et l'Autorité palestinienne.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

La résolution votée par le Conseil de sécurité des Nations unies sur les colonies de peuplement dans les territoires occupés et les principes énoncés par le secrétaire d'État John Kerry en décembre 2016 pourraient servir de base à une future négociation entre Israël et l'Autorité palestinienne (AP). Les réactions ont été diverses aux États-Unis, en Israël et dans les pays arabes. Le temps nous dira si ces initiatives constitueront des références incontournables dans les négociations futures.

La résolution, passée à l'unanimité avec l'abstention des États-Unis, réitère son appui à la solution de deux États, condamne le terrorisme et les incitations à la violence contre les civils, qualifie les colonies de peuplement en Cisjordanie et l'annexion de Jérusalem-Est comme illégales et appelle la communauté internationale à faire une distinction entre les territoires de l'État d'Israël et les territoires occupés depuis 1967. Cette distinction constitue une défaite pour le gouvernement Netanyahu et la droite israélienne qui se vantent que les colonies sont un fait accompli. La condamnation par le Conseil de sécurité des incitations à la violence contre les civils vise surtout l'AP après la recrudescence des actes terroristes en Israël et les territoires occupés l'an passé et leur glorification par l'AP. Pour le reste, la résolution constitue une victoire pour l'AP, les pays arabes et les organisations progressistes juives en Israël et la diaspora.

Kerry propose que la reconnaissance d'Israël comme État juif soit un des principes fondamentaux dans les négociations de paix entre Israël et l'AP. Ce principe, pourtant reconnu par les Nations unies en 1947 et inscrit dans la déclaration d'indépendance d'Israël en 1948, est revendiqué par le gouvernement Netanyahu comme une des conditions préalables à toute négociation de paix. Chose remarquable, le principe d'un État juif est maintenant appuyé par les principaux états arabes sunnites de la région, soit l'Égypte, la Jordanie et l'Arabie saoudite. Cette reconnaissance est une victoire pour Netanyahu et la majorité juive en Israël et un véritable camouflet pour l'AP et la minorité arabe israélienne qui ont toujours refusé le principe d'un État juif.

À toutes fins utiles, la communauté internationale appuie les résolutions des Nations unies contre les colonies. Quant aux principes de Kerry, à part l'appui explicite de quelques pays arabes et occidentaux, il est trop tôt pour juger de leur pérennité.

Les groupes progressistes juifs et israéliens et critiques du gouvernement Netanyahu tels JStreet aux EU, JSpace au Canada et la Paix Maintenant favorisent la vision de deux États viables, s'opposent à l'expansion des colonies qui menace le caractère juif et démocratique d'Israël et le respect des droits humains. Les juifs américains sont aussi en grande majorité contre l'expansion des colonies juives. Pour le gouvernement Netanyahu, le gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël, la communauté juive américaine est la communauté qui compte dans la diaspora en raison de sa capacité à fournir des dons importants à Israël et de lobby à l'endroit du Congrès et du gouvernement des États-Unis, le principal allié et pourvoyeur d'aide militaire à Israël. Les organisations juives américaines dites établies, telles AIPAC et la Ligue anti-diffamation, défendent aussi l'idée de deux États, mais rechignent à critiquer Israël sur la question des colonies.

De son coté, Netanyahu joue un double jeu sur la question des colonies. D'une part, il se dit favorable à la vision de deux États, mais en pratique, fait tout pour rendre cette vision impraticable comme le pense une forte minorité d'Israéliens qui soutiennent surtout les partis d'opposition.

Selon de récents sondages, le parti de droite de Netanyahu (Likoud) et le principal parti d'opposition du centre-gauche sioniste pro-paix (Liste Sioniste) en Israël ont reculé fortement au profit des partis du centre (Yesh Atid - le parti le plus populaire dernièrement) et des autres partis de droite. Les mouvements de droite donnent de plus en plus de place au religieux au détriment du laïc et de la défense des droits démocratiques et de la personne. Les tensions se sont fortement accrues entre le judaïsme orthodoxe prédominant en Israël (le rabbinat orthodoxe a le contrôle exclusif sur tous les aspects juifs de l'État séculaire d'Israël, tels le mariage, le divorce, etc.) et le judaïsme non-orthodoxe, surtout réformiste, plus libéral et minoritaire en Israël mais prédominant aux États-Unis. La communauté juive américaine n'aura jamais été aussi divisée de son histoire sur Israël depuis la résurgence de la droite/extrême droite israélienne expansionniste et messianique (droit de retour sur les terres bibliques).

Cependant, Netanyahu demeure bien en selle au gouvernement même s'il pourrait être menacé personnellement car il est sous enquête par la police israélienne sur une question de cadeaux illégaux, mais aucune accusation n'a été portée à ce jour.

Le président-élu Trump, sympathique envers Netanyahu et la droite israélienne, devrait en principe être plus favorable à Israël sur la question palestinienne que l'aura été le gouvernement Obama même si ce dernier aura fourni la plus importante aide militaire de son histoire à Israël. Il a critiqué l'administration Obama, tout comme le Congrès américain et les organisations juives américaines établies, pour son manque de soutien à Israël au Conseil de sécurité.

Est-ce que la distinction entre territoires d'Israël et territoires occupés pourrait avoir pour conséquence d'encourager de nouvelles initiatives internationales telles que celles entreprises par l'Union européenne sur l'étiquetage et les accords commerciaux qui discriminent les colonies? Est-ce que Trump sera un élément facilitateur dans la région ou sera-t-il un agent perturbateur comme par exemple son appui éventuel à l'expansion des colonies et leur annexion partielle par Israël ou au déménagement de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem dont le statut reste à négocier? Les prochaines années nous le diront.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.