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La culture du pot à bonbon

La balle est donc dans le camp d'Yves Bolduc. Qu'il soit le premier à faire preuve de décence et de grandeur en remboursant cette prime. Que tous les politiciens qui sont revenus à la politique après avoir profité d'une indemnité de départ fassent de même. Mais bon, on peut aussi demander à la pluie de cesser de tomber...
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Depuis une semaine, le ministre de l'Éducation Yves Bolduc doit se défendre d'avoir profité d'un programme pour inciter les médecins à prendre en charge plus de patients. Il aurait réussi, malgré son travail de député qui en est un à temps plein, à prendre en charge 1 500 patients... s'il le dit, soit. Mais beaucoup doutent de la qualité de son travail de député compte tenu du temps nécessaire pour suivre, et non simplement voir, 1 500 patients.

Depuis le 3 juillet, quand la nouvelle est sortie, beaucoup de voix se sont élevées pour décrier cette situation. Certains demandent la démission du ministre, d'autres qu'il rembourse cette prime. Beaucoup remettent en cause la véracité des dires du ministre sur sa capacité de tenir deux emplois si prenants à la fois. Mais surtout, parce qu'il a pris en charge 1 500 patients sachant très bien que le gouvernement minoritaire du PQ ne durerait pas 4 ans. Peu importe qu'il y ait eu une loi sur des élections à dates fixes, les gouvernements minoritaires ne durent rarement plus que 18 à 24 mois. Alors comment pouvait-il promettre à 1 500 personnes de les prendre à sa charge alors qu'il savait que ce serait temporaire?

Et c'est là que le bât blesse.

Le ministre de la Santé Gaétan Barrette tente par tous les moyens de faire dériver le débat vers la grande capacité de travailler de M. Bolduc. D'ailleurs, dans toutes ses interventions, il a fait preuve du manque de classe qu'on lui connait en écorchant sévèrement et avec mépris les députés, les médecins (surtout les jeunes) et Claude Castonguay.

Mais la véritable raison pour laquelle la population, l'opposition, les chroniqueurs et les éditorialistes s'en prennent à M. Bolduc n'est pas parce qu'il a fait de l'argent ou qu'il aurait travaillé très fort. C'est plutôt parce qu'il a utilisé le système, qu'il avait lui-même mis en place, pour promettre à 1 500 personnes de les prendre en charge malgré l'instabilité bien connue d'un gouvernement minoritaire et ainsi empocher la prime et foutre le camp après les élections. En bon québécois, ça ressemble plus à « une passe de cash ». Et ses patients, ceux qui devraient être au cœur de toute cette histoire, ont été laissés pour compte après seulement un an.

Oui c'était légal. Jamais personne n'a remis en cause la légalité de la manœuvre... mais c'est tout à fait immoral. Surtout venant d'un gouvernement dont les budgets sont et seront empreint d'austérité. D'en voir un de ses membres s'en mettre plein les poches à même l'argent public est simplement inacceptable. Car M. Bolduc n'est pas un médecin comme les autres. C'est d'abord et avant tout un politicien pour la simple et bonne raison qu'un politicien doit prioriser le service public. Tous, sauf MM. Bolduc et Barrette, s'entendent pour dire que de faire du bon travail de député et de prendre en charge autant de patients est impossible. Si M. Bolduc préfère la médecine et qu'il veut profiter de ces primes, alors qu'il quitte la politique.

Ceci dit, M. Bolduc n'est pas différent des autres politiciens, ceux que la population n'en peut plus de voir se servir impunément dans le pot à bonbons à coup de bonus, d'indemnités de départ et de luxe. Le tout, pendant que la population attend 17 heures à l'urgence, au point où certains en meurent, que nos enfants décrochent des écoles publiques en décrépitudes, que nos routes ressemblent à des champs de bataille, que les malades mentaux n'ont aucune porte d'entrée pour accéder au système de santé et que les cas les plus graves finissent soit dans la rue ou sous les balles d'un policier qui s'est senti menacé, que les employés du secteur public doivent, eux, se faire couper leur pension, etc. Ces politiciens eux, sans aucun scrupule, se remplissent les poches d'argent public et se croient justifiés de le faire en toutes circonstances.

C'est un peu comme Lise Thibault qui se défend d'avoir fraudé le gouvernement. Ne vous y méprenez pas, elle croit vraiment qu'elle était l'incarnation québécoise de la reine.

C'est une culture qui dure depuis longtemps, trop longtemps. Yves Bolduc n'en est qu'un symptôme comme les députés qui quittent avec une indemnité de départ dans les six chiffres pour revenir 1, 2 ou 3 ans plus tard sans en rembourser un rond, comme ces politiciens qui se permettaient de jouer avec des contrats publics pour en profiter personnellement, comme les commissaires scolaires qui se permettent des voyages et des conférences à nos frais, et j'en passe.

Il y a un ménage à faire dans cette culture qui nous coute des millions de dollars chaque année. Mais malheureusement pour nous, les seuls qui peuvent faire ce ménage sont ceux qui en profitent tout en se demandant pourquoi la population ne vote que peu.

La balle est donc dans le camp d'Yves Bolduc. Qu'il soit le premier à faire preuve de décence et de grandeur en remboursant cette prime. Que tous les politiciens qui sont revenus à la politique après avoir profité d'une indemnité de départ fassent de même. Que les commissaires scolaires fassent preuve de plus de sobriété et de modestie. Peut-être qu'après la population recommencera à faire confiance à ces élus qu'elle paie à grand salaire.

Mais bon, on peut aussi demander à la pluie de cesser de tomber...

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