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Souveraineté: Option U.S.A.

Lévesque nous a proposé une Option Québec qui n'a pas marché. Je vous propose Option U.S.A. qui va nécessairement fonctionner parce que conforme aux faits et parce qu'il se situe dans un continuum déjà annoncé par des personnages de notre histoire.
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OPTION U.S.A. est le titre d'un ouvrage sur lequel je travaille depuis quelques années, mais qui pourrait n'être qu'un chapitre d'un traité plus large que je suis à écrire présentement.

Voyons quelques rappels importants. Les idéaux du fédéralisme classique proposés tant par les libéraux que par les conservateurs méritent d'être secoués, voire ébranlés, au plus profond de leurs racines, non pas idéologiques, mais historiques en faisant appel au réalisme des faits, "à l'humiliation de l'entendement devant les faits" pour paraphraser le philosophe Henri Bergson.

L'échec spectaculaire du mouvement et de l'idéologie souverainiste, tout comme l'incapacité du fédéralisme classique, libéral ou conservateur, d'intégrer le Québec dans la Confédération et de renouveler ce que nous appelons la "Constitution" pour l'adapter aux réalités actuelles, prouvent hors de tout doute que le temps est venu pour les Québécois et nos compatriotes du Canada, possiblement pour d'autres raisons (comme la réalité autochtone ou les disparités régionales, ou le pouvoir de dépenser du fédéral) d'envisager une intégration nord-américaine sur les bases de notre défense, du renseignement et des affaires extérieures. N'avons-nous pas assez tergiverser autour des mêmes questions sans jamais aboutir? Le discours des politiciens fédéraux d'aujourd'hui est une cynique répétition d'une histoire sans destination, ni finalité. Quant au discours des souverainistes, il ne convainc ni les anglophones, ni les communautés ethniques, ni une minorité francophone clairement fédéraliste. Ajoutez les indécis et vous comprendrez pourquoi le projet de pays a peu de chance de devenir réalité.

Donc, je pense qu'il faut une valeur ajoutée au discours et à la pensée politique qui nous sorte des ornières absurdes de la répétition, pour mieux nous conformer à la réalité géopolitique mondiale et où les Québécois et les Québécoises ont leur place. Lévesque nous a proposé une Option Québec qui n'a pas marché - c'était aussi le titre de son livre - je vous propose Option U.S.A. qui va nécessairement fonctionner parce que conforme aux faits et parce qu'il se situe dans un continuum déjà annoncé par des personnages de notre histoire dont le Capitaine Clément Gosselin, Louis-Joseph Papineau et Michel Gauthier, décédé depuis quelques années déjà et fondateur du Parti 51, un parti n'existe plus malheureusement.

Dès lors, je comprends parfaitement la nouvelle génération de se désintéresser de la chose politique: agir autrement serait cautionner l'absurde et l'incompétence. Les jeunes ont raison; les "baby boomers" ont tort, gras dur, oui, mais dans l'erreur totale! Dans l'erreur parce que leur vision de la géopolitique, s'ils en ont une, n'est pas conforme aux faits. Le drame, néanmoins, est que les conservateurs de Harper utilisent cette indifférence pour compter des points politiques: ils tablent sur l'ignorance de la nouvelle génération. Or, la nouvelle génération n'est pas ignorante, mais tout simplement pragmatique. Elle voit bien que les cinquante dernières années en politique québécoise n'auront servi qu'à engraisser les mêmes syndicats ou entreprises de construction au détriment du bien commun. Cette génération de "baby boomers" égocentrique et narcissique est un échec total qui n'a rien laissé à la nouvelle génération, toute déshéritée et à la merci de l'extrémisme de gauche comme de droite.

De plus les arguments que l'on oppose généralement à l'annexion politique du Québec aux États-Unis sont faux, nommément en ce qui a trait à la langue, à la santé, à la justice, au droit de propriété, au commerce et au monde du travail (syndicats et moblitité de la main d'oeuvre). Nous y reviendrons.

Mais d'abord des rappels sur des questions géopolitiques incontournables.

Le Canada, dispose-t-il de la souveraineté de ses eaux arctiques? Exerce-t-il sa souveraineté? En droit international, pour disposer d'une souveraineté, il faut à tout le moins occuper ou contrôler un territoire et pas seulement se contenter d'aller y faire un petit tour de temps en temps. Il faut y être, en prendre possession, ce qui signifie à moyen et long terme le développement du territoire.

Or, nos rangers autochtones sont braves et sympathiques, mais on doit bien admettre que des promenades en motoneige et la chasse au caribou ne confèrent pas la souveraineté territoriale.

Mais peut-on raisonnablement penser que des sous-marins nucléaires américains, russes ou autres de diverses catégories patrouillent nos eaux conformément ou non au droit international et que notre participation au U.S. NORTHERN COMMAND constitue une renonciation de facto à notre souveraineté au profit de l'État qui dispose de la technologie pour contrôler ledit territoire, nommément les États-Unis d'Amérique?

En matière nucléaire, c'est un scénario analogue. En dehors des ententes internationales auxquelles il participe bien timidement depuis le gouvernement conservateur de Harper, le Canada peut-il assurer sa défense ou même une réponse nucléaire de quelque nature? La réponse à cette question est négative. Quant aux ententes, Harper a tout fait pour saboter ses relations avec le Président américain dans le cadre du projet avorté de Keystone. Or, ce sont les Américains qui disposent du système de défense nucléaire et son contrôle. Le Canada ne fait pas partie du parapluie nucléaire même s'il participe au système d'alerte du NORAD.

Quant à l'OTAN, cette dernière n'étend pas ses tentacules jusqu'à nos frontières.

Autrement dit, en matière de défense, ce qui comprend le renseignement et la politique étrangère qui s'y rattachent, le Canada est nu.

J'aime bien rappeler à mes amis souverainistes que René Lévesque a servi comme journaliste en uniforme avec un grade pour l'armée américaine durant la Seconde Guerre mondiale. Ça en dit long sur l'homme et ses croyances profondes. Doit-on comprendre que le père du souverainisme québécois et fondateur du parti du même nom, était prêt à donner sa vie pour les États-Unis d'Amérique, et non pour le Canada?

En ce qui concerne des sujets plus civils, prenons la langue par exemple. Les États-Unis n'ont pas de langue officielle en matière de compétence fédérale alors que plusieurs états en ont une, et c'est la langue anglaise. Par ailleurs, le fédéral offre de nombreux services en espagnol, dont les déclarations de revenus.

La Louisiane et le Nouveau-Mexique sont de facto bilingues et reconnaissent une deuxième langue dans leur législation, soit le français et l'espagnol. La question linguistique aux États-Unis évolue avec la société, sans être figée dans une ou des législations. La science et le pragmatisme américains ne sauraient tolérer un fixisme, voire un statisme linguistique. Par exemple, l'Arizona et la Californie fournissent une éducation publique dans les deux langues: l'anglais et l'espagnol.

Intéressant dossier à suivre, mais en dehors des carcans linguistiques.

En ce qui a trait à la santé, l'Obamacare permet une couverture plus large des travailleuses et des travailleurs en contraignant les assureurs privés à fournir cette couverture à des PME, qui autrement en seraient privées. Les assureurs assument donc de nouvelles obligations pour une clientèle qui, il n'y a pas si longtemps, était privée de toute couverture. Mais la bataille n'est pas gagnée puisque le lobby des assureurs augmente sa pression sur les républicains. C'est à suivre.

Au Canada, c'est le sens inverse. On se retrouve avec un système à deux vitesses où les médecins encaissent au privé et au public. C'est le Klondike! Nos médecins ne parlent plus désormais de déménager leurs pénates aux États-Unis où ils doivent se défendre contre les poursuites civiles et les procès devant juge et jury devant des caméras.

Ici, tout se fait en secret et le gouvernement paie bien sinon ce sera le malade...ou les deux...bingo! Nos médecins millionnaires n'ont rien à envier à leurs collègues américains qui doivent enrichir des avocats pour survivre.

Quant à la justice, wow quelle différence.

Au civil d'abord. Le droit de propriété devient un droit constitutionnel conformément au XIVe Amendement. Le VIIe Amendement consacre le droit du justiciable à un procès devant jury en matière civile. Aussi, même la justice civile peut être diffusée sur les médias électroniques.

D'autres différences davantage techniques existent, mais ne font pas l'objet de mon commentaire.

Au criminel, le droit de la preuve comporte des présomptions importantes fondées sur le sens commun et qui facilitent le travail des poursuivants. Par ailleurs, toute preuve obtenue illégalement empêche le poursuivant d'accuser un suspect contrairement au modèle canadien qui lie l'exclusion d'une preuve au fait que son obtention déconsidère ou non l'administration de la justice.

Il existe un droit criminel fédéral pour des accusations spécifiques portant sur les crimes transfrontaliers, entendons les frontières internes et l'externe, comme la frontière commune avec le Canada, et autant de droits criminels qu'il existe d'états, donc cinquante.

Au chapitre du sentencing, tant au fédéral que dans le droit des états, on retrouve le principe du "three strikes and your out" qui peut entraîner une condamnation à perpétuité pour un récidiviste. Les sentences sont consécutives et non concurrentes généralement. Les Américains reconnaissent toujours le pardon en matière criminelle alors que nous l'avons aboli pour le remplacer par la suspension de dossier.

Nous reviendrons dans un autre billet sur le commerce et le monde du travail.

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