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Voilà pourquoi le PQ gagnera les prochaines élections, ou pas

Pauline Marois, élue majoritaire! Par une analyse comté par comté, selon une bonne vieille méthode, le député libéral de Verdun depuis 1989, Henri-François Gautrin, en arrivait à la conclusion de la victoire péquiste. J'eus soudainement souvenance d'une histoire semblable impliquant Maurice Bellemare. Connaissez-vous Maurice Bellemare?
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Pauline Marois, élue majoritaire! Par une analyse comté par comté, selon une bonne vieille méthode, le député libéral de Verdun depuis 1989, Henri-François Gautrin, en arrivait à la conclusion de la victoire péquiste. Branle-bas chez les libéraux! L'excitation était à son comble. Une trahison! Mais Gautrin, c'est Gautrin. On sait malgré tout que ses 25 ans de vie politique apportent son lot de gros bon sens et un savoir précieux. Un malaise, oui! On aurait préféré qu'il se taise. De toute façon, les pressions du chef Philippe Couillard l'ont amené à se rétracter et à rentrer dans les rangs. Et même plus, à démissionner. Il fallait s'y attendre. Curieuse fin de carrière!

J'eus soudainement souvenance d'une histoire semblable impliquant Maurice Bellemare. Connaissez-vous Maurice Bellemare? Fort possiblement pour ceux de mon âge, mais j'en doute pour les plus jeunes. Un personnage haut en couleur, avec une voix de stentor et une bonhommie coutumière. Dès 1944, il fut élu député du comté de Champlain sous le règne de Maurice Duplessis, puis il fut ministre jusqu'en 1979.

En 1962, j'avais 21 ans. Je commençais à travailler dans une station de radio de Trois-Rivières. Puis, un beau matin, ce Maurice Bellemare entre dans le studio avec son imposante stature. Fort de ses 18 années en politique, il s'élança dans une grande explication sur la campagne électorale qui en était à ses débuts. Pas un seul mot concernant les chefs et les débats de la campagne électorale. Il fit exclusivement le portrait de tous les comtés en les désignant sur la grande carte épinglée au mur.

Selon sa propre grille d'analyse, il évaluait tout d'abord la valeur de chaque candidat. Son implication dans le milieu et sa notoriété. Puis, il insista sur l'organisation sur le terrain, soit la machine électorale au service des candidats. Celle qui accomplit le pointage, l'opération pour connaitre les votants favorables ou non. C'est la seule technique pour faire sortir le vote le jour scrutin. Il insistait sur le travail sur le terrain pour évaluer l'évolution d'une campagne. Comme la publicité locale, l'enthousiasme d'une grande équipe de bénévoles qui, de porte en porte, tente de convaincre et s'assure que les électeurs favorables aillent inscrire leur vote dans l'isoloir. La machine électorale constituait à son point de vue l'épine dorsale d'un scrutin. «C'est souvent la différence entre un comté et un autre», s'exclamait-il. Après cette analyse, il abordait ses prédictions de victoires et d'échecs pour chacun des comtés.

Déjà, il prédisait une défaite pour son parti, l'Union nationale, à moins de gagner six comtés de plus. «On s'en charge pendant la campagne. Et on gagnera», disait-il. Puis, il quitta en nous laissant un vingt dollars selon les pratiques électorales de l'époque.

L'Union nationale fut défaite par onze comtés. Il leur en manquait six.

Il y a de ces vieux bonzes de la politique comme Maurice Bellemare et Henri François Gautrin, avec du «pif», qui sentent le pouls des humeurs populaires par leur connaissance du terrain et leur gros bon sens, bien souvent au-delà des commentaires des spécialistes. Il y a des comtés rouges, bleus, verts et orange, et pourtant c'est la même campagne nationale. La différence se joue sur les terrains dans les comtés. Une bonne machine peut renverser le résultat. Tout comme une vague populaire non prévisible.

Il suffisait de suivre, dans le temps, l'autobus de Jean Lapierre pour se rendre compte que la campagne nationale des chefs n'avait que peu d'impact dans les comtés où des organisations efficaces étaient en place. Un candidat, comme il y en a plusieurs, téléporté dans un comté sans organisation active apportera peu de votes à son parti. À moins d'une vague comme celle du NPD. Mais encore, fallait-il une faiblesse de machine chez les adversaires. Les candidats avec une machine électorale bien huilée ont survécu à cette vague.

Parfois, un candidat obscur sur la scène nationale, qui fait du porte-à-porte, rencontre en personne ses électeurs, tâte le pouls de ces derniers et qui est soutenu par une équipe efficace, surgira au grand dam des commentateurs politiques.

Bien sûr, c'est sans compter les médias sociaux, les journalistes, les vagues, les combats des chefs, les embuscades et tous les aléas durant la campagne. Et la pluralité des partis politiques. Les spécialistes affirmeront le contraire de mon propos, que des études démontrent l'inverse. J'en suis conscient. Ils ajouteront que cet aspect ne compte que pour 5%. Mais, de vieux routiers de la politique sentent le vent comme les cultivateurs, ils savent prévoir le temps.

L'élection à nos portes nous jouera peut-être des tours. La faiblesse de nos chefs de parti qui n'arrivent pas à rejoindre les préoccupations des citoyens, déçoit les votants et surtout démotive les travailleurs de terrain. L'enthousiasme fond. C'est là où on trouvera cette fameuse machine que les candidats passeront. Des surprises nous attendent, notamment le taux de participation. Il faut faire sortir le vote favorable. On pourra vérifier les prévisions de Gautrin. J'aurais bien aimé comparer les prédictions de tous les autres Bellemare et Gautrin de notre Québec.

Lisez d'autres textes de Claude Bérubé en visitant son blogue Leptitvieux.com

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Pierre Karl Péladeau

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