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Un blogue pour célébrer et valoriser la vieillesse

Merci aud'offrir cette tribune aux gens de 65 ans et +, que j'appelle avec affection: les vieux. J'ai atteint l'âge de 71 ans. Mon doctorat m'a été remis par l'Université de la Vie. La majorité des vieux sont autonomes, actifs et engagés et peuvent contribuer au débat social. Faire taire les gens âgés parce qu'ils radotent le passé, c'est vouloir effacer tout ce que la vie nous a appris pendant 50, 60 ans et plus. Tout ce savoir deviendrait périmé. Elles sont rares les tribunes pour nous. Les vieux ont tellement à raconter.
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An elderly woman goes for a walk with her dog on a cold morning, in Pamplona, northern Spain on Sunday, Dec. 9, 2012. (AP Photo/Alvaro Barrientos)
AP
An elderly woman goes for a walk with her dog on a cold morning, in Pamplona, northern Spain on Sunday, Dec. 9, 2012. (AP Photo/Alvaro Barrientos)

Claude Bérubé est l'auteur du blogue Les insolences d'un ptit vieux

Merci au Huffington Post Québec d'offrir cette tribune aux gens de 65 ans et +, que j'appelle avec affection: les vieux. J'ai atteint l'âge de 71 ans. Mon doctorat m'a été remis par l'Université de la Vie. La majorité des vieux sont autonomes, actifs et engagés et peuvent contribuer au débat social. Faire taire les gens âgés parce qu'ils radotent le passé, c'est vouloir effacer tout ce que la vie nous a appris pendant 50, 60 ans et plus. Tout ce savoir deviendrait périmé. Ils sont peu présents sur les tribunes médiatiques.

Elles sont rares les tribunes pour nous. Les vieux ont tellement à raconter. Que ce soit pour transmettre les belles valeurs qui les ont guidés tout au long de la vie, pour transmettre les réflexions, les expériences, les observations. Que ce soit pour commenter l'actualité avec le recul, avec des yeux et un angle différents du pseudo spécialiste. Souhaitons aussi que l'écho de nos propos atteigne les oreilles des jeunes, sinon ils n'auront pas accès à toutes les connaissances qui se terrent dans la bibliothèque que sont les aînés.

Maintenant que j'ai 71 ans, je trouve les jeunes de 40 ans, bien jeunes. À 40 ans, on devrait voir la vieillesse comme un avenir prometteur de sa vie auquel on aspire. Hélas, on ne souhaite pas l'atteindre puisqu'on la présente comme une étape insignifiante, dégradante, radoteuse, handicapée. Quel avenir obscur! Entre 40 et 65 ans, on emporte dans son sac à dos ces préjugés opiniâtres. À 65 ans, le miroir nous renvoie encore l'image biaisée de la vieillesse, celle dans le sac à dos ; stéréotypée et fausse. Pourtant, la vieillesse que je vis est heureuse, active et féconde. Une tout autre image.

Nous voilà rendus à l'âge où les rides commencent à orner les yeux rieurs. L'âge où apprendre à lire les rides fait découvrir tout un monde. L'âge où les vieilles chansons font revivre les beaux moments, où les souvenirs permettent de revivre les grandes émotions. Mais pour ceux qui regardent la vieillesse dans le sac à dos, seule la course au rajeunissement apparait comme l'issue qui arrête le temps. Accroitre la prospérité d'une industrie parce qu'elle propose les pseudo-secrets de la jouvence.

Pour paraitre plus jeune, on s'habillera à la mode, on s'enduira de crème miracle, on fera appel à quelques injections de botox par ici, par là. Et pour vaincre les aspects les plus réfractaires, une petite chirurgie vaincra les aléas de cette étape de la vie. Il faut absolument paraitre plus jeune sinon c'est la catastrophe. Si on nous dit que nous paraissons tellement jeunes, on bombe le torse. Un médecin a titré son livre Vieillir et rester jeune. Pourquoi ne pas laisser la jeunesse aux jeunes? Pourquoi la leur subtiliser? Et laissons la vieillesse au vieux. Pourquoi ne pas avoir titré son livre comme suit «Vieillir en forme» ou encore «Bien vieillir»? Je préfère qu'on me dise que je vieillis bien. N'est-ce pas là le plus beau compliment? Comme une petite fille qui rêve de devenir une grande fille ou une adulte, pourquoi ne rêverions-nous pas d'accéder à la vieillesse, d'y voir sa beauté différente, de profiter de son savoir et même d'apprendre à lire les rides? Une étape de maturité pour peaufiner son être. Une étape où les souvenirs nostalgiques sont si agréables à l'âme. L'étape où c'est l'âme dont il faut prendre soin et non le corps. Une étape pour atteindre la sagesse et le bonheur: les ultimes cimes de la vie.

Il faut célébrer la vieillesse auprès des plus jeunes, car c'est là qu'on dessine l'allure de cette étape à venir. Il faut donner le goût de devenir vieux comme le podium de la vie. Il faut changer la perception qu'ont les jeunes de la vieillesse. Il y a bien sûr les balafrés de la vie. Il y en a à tout âge. Il faut adoucir les affres de la vie. Mais il y a une majorité, celle qui se valorise et atteint la vraie substance de cette vieillesse dont les années se prolongent sans cesse. Il a certes matière à espérer y accéder et à y faire un projet de vie.

Une madame Rose a sauté en parachute à l'âge de 80 ans. Une animatrice à la radio lui affirma: « Mais, vous n'êtes pas vieille, Rose, vous êtes resté jeune! Bravo! » Les cheveux m'ont dressé sur la tête. «NON, Rose n'est pas jeune. Elle a 80 ans. Elle est une vieille audacieuse et en forme. Comme le sont encore plusieurs vieilles et vieux de son âge. Bravo Rose pour avoir montré que vous pouviez réaliser ce rêve à 80 ans». Ils sont nombreux à réaliser ce que la vie ne leur a pas permis de faire. Ils sont nombreux à apporter une contribution à la société. Elles sont nombreuses les belles têtes blanches qui scintillent ! Les beaux vieux! Ceux-là avec une aura qui rayonne autour d'eux quand ils passent.

C'est cette image qu'il faut propager à toute la société pour qu'on aspire sereinement à atteindre la vieillesse, pour qu'on trouve beaux nos vieux, pour qu'on leur dise merci pour leur apport passé et présent. Et surtout que les vieux les croient et se voient avec le même regard.

Si jeunesse savait. Si vieillesse pouvait. Si la jeunesse tétait au mamelon du savoir et de l'expérience, que de belles choses elle pourrait faire, soutenue par de bons vieux supporteurs.

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