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La police n'est que le reflet de notre société

Il y a fort longtemps, dans les années 50, les policiers, reflets d'une société, terminaient des études au secondaire court. Ils avaient de bonnes raisons, c'était l'époque. Aujourd'hui, nous avons de jeunes policiers de plus en plus scolarisés. Plusieurs vont à l'université. Ils croient devenir officiers commandants en moins de quatre ans.
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Ce qui suit n'est que mon opinion!

Il y a fort longtemps, dans les années 50, les policiers, reflets d'une société, terminaient des études au secondaire court. Ils avaient de bonnes raisons, c'était l'époque. Ils remplaçaient les études par du gros bon sens, des bras et rien ne les rebutaient. Tout le monde faisait ça à l'époque, les gens croyaient à la parole donnée et au travail bien fait. La société primait sur l'individu et tout le monde disait: «Mon ami et moi...»

Les policiers des années 60 avaient une 11e année, c'était la norme. Ils étaient plus éduqués, mais ne connaissaient que peu de choses dans le domaine policier. Les plus vieux apportaient le soutien, l'expérience et une vision simple de la vie. Ils étaient les mentors.

La société de l'époque y trouvait son compte. C'était en fait la police de quartier avant que le terme ne soit inventé. Les gens saluaient les policiers, engageaient des conversations, se sentaient concernés par leur environnement. Des clochards et des voyageurs moins fortunés venaient dormir en cellule quand ils avaient froid et, au matin, ils avaient droit à un café et des rôties. Les policiers ramassaient un gars qui se chicanait avec sa blonde et ils le reconduisaient chez son frère, son père ou un ami. Le lendemain, ils allaient chez-lui pour vérifier l'état de la relation.

Ces hommes connaissaient tous les voleurs du coin et ils les défiaient ouvertement. Un gars négligeait sa famille, pas de lait, pas de chauffage pour les enfants, pas de couches. Il se faisait sonner les cloches et pendant des mois, les flics faisaient un suivi serré. Une femme se faisait battre par son mari et les policiers du secteur le tenaient à distance. C'était une norme établie. Maintenant, nous avons des tribunaux encombrés, une DPJ surchargée et un tas de burn-out.

Les motards et les gangs de l'époque évitaient les endroits fréquentés par les flics, C'était une loi, la loi des gars en bleu. Tu traitais un policier de cochon, tu risquais une claque. Tout le monde trouvait qu'il l'avait mérité.

Les officiers avaient fait la guerre et ne paniquaient pas au moindre incident. Ils avaient en moyenne 50 ans, ils savaient mener les hommes et les souder. C'était au temps ou tu étais flic 24h/24 et tu portais ton arme de service. Tu faisais des arrestations en congé et même en vacances. Tu étais un flic et tu te sentais impliqué.

Avec la fin des années 70 vinrent le cégep et la Charte des droits de la personne. Et avec celle-ci, l'idée que nous sommes l'être le plus important au monde. Les gens commencèrent à dire: «Moi et mon ami...» Ils ont été confortés dans l'idée qu'avant eux, il n'y avait rien. Pas d'histoire, pas de prédécesseurs, juste des vieux à qui il faut payer une pension.

Les bienfaits de la Charte: plus le droit de laisser des gens dormir au poste sans accusations; obligation d'accuser les gens lors de querelles familiales.

Les voleurs se plaignent de harcèlement quand des policiers les enquêtent. Ces derniers n'ont plus raison de croire que quelqu'un dans une ruelle à 3h du matin peut-être suspect. Si par grand malheur, on tente de botter le cul d'un gars qui néglige ses enfants, c'est la fin d'une carrière. Il ne faut pas se substituer aux tribunaux encombrés, qui prennent des années à traiter les dossiers.

Dans police de l'an 2000, on a besoin d'un mandat pour entrer chez un meurtrier, même s'il est derrière sa porte. S'il se sauve - et c'est déjà arrivé -, vous devez retourner pour un autre mandat. Enfin, si un juge le veut bien. On fait appel au SWAT, lorsque deux flics auraient pu faire le travail. Il ne faut pas brutaliser le suspect armé, il devait avoir une bonne raison. La victime, on s'en fout.

Pouvez-vous croire qu'une avocate, une femme, vous dit que la Charte est plus importante que la vie d'un enfant.

Il faut un mandat pour regarder le mort, un autre pour prélever des échantillons. En fait, il faut un mandat pour tout. Maintenant, une accusation assez simple à la cour, c'est plus de 30 pages de paperasse en quatre copies.

Pour la première fois dans l'histoire, l'arme de service est devenue un danger après le quart de travail. Pas question de l'avoir avec vous, comme si après 8h de travail, le cerveau du policier fondait.

L'attitude des jeunes recrues

Nous avons de jeunes policiers de plus en plus scolarisés. Plusieurs vont à l'université. Ils croient devenir officiers commandants en moins de quatre ans. Les départements de police ont poussé les vieux à la retraite, car ils étaient moins aptes à obéir sans discuter. Les plus jeunes y ont trouvé leur compte, avec des promotions rapides!

Les nouveaux policiers bardés à la RoboCop détestent se frotter aux itinérants. Ils sont trop scolarisés pour s'abaisser à les ramasser. Ils ne veulent pas connaître les voleurs, c'est trop de travail ou trop de tracas. Les patrons demandent des billets, ils donnent des billets. Pourquoi faire autrement?

Ces jeunes veulent des grades, pas de la misère. C'est le lot de cette génération. Je ne veux pas de responsabilités, mais je prends le salaire. Lors d'une intervention, je me suis par exemple fait répondre par une jeune policière: «Pourquoi c'est moi qui pogne la marde?». Je lui ai simplement répondu: «J'sais pas moé!» Désolé, c'est dans la job de répondre aux gens correctement!

Il ne faut pas jeter la pierre trop rapidement. Si ces jeunes sont comme ça, c'est qu'on les a mal préparés. Pensez au «Tu veux-tu?» en s'adressant aux profs ou à tout le monde. Désormais, ils ne savent plus comment aborder les gens devant eux. Le vous???

La scolarité c'est bien, écrire de jolis mots aussi... Mais comme le reste de cette génération, les jeunes policiers sont pauvres en orthographe, peu enclins à décider, mais rapides à se défiler. Il y a certaines raisons à cela: ils font une intervention, ils sont filmés; ils en font une autre, ils sont blâmés. La déontologie est débordée. Il y a de plus en plus de gérants d'estrade qui auraient fait ça comme ci, ou comme ça.

Un vent de démotivation frappe alors les jeunes flics. Les patrons veulent des billets, ils auront des billets. Ramasser des voleurs coûte cher et le budget est mince.

La faute à qui? Et si nous la partagions tous! Car on a finalement la police que l'on mérite.

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