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Un gâchis appelé «police de quartier»

Comment avons-nous pu penser, en diluant le service policier, que la ville serait mieux protégée? Le coût de ce gâchis, des millions de dollars. Pas seulement des millions en salaires, des millions en mauvais investissements, des millions qui serviraient à rendre la police efficace.
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Comment avons-nous pu penser, en diluant le service policier, que la ville serait mieux protégée?

De la méthode Henri Paul Vignola, à la police de quartier de Jacques Duchesneau

1973 - La Communauté urbaine de Montréal possède environ 22 postes de police. Dans ces postes, il y a un groupe gendarmerie et un groupe sureté (enquêteurs). La gendarmerie est en uniforme répartie sur 5 groupes et un enquêteur chapeaute chaque groupe en permanence. Donc il fait les mêmes quarts de nuit/ jour/soir, que ses hommes.

De plus, dans chaque poste se trouve la sureté, composée entre une dizaine et une vingtaine d'enquêteurs, travaillant habituellement de jour et s'occupant de la criminalité du secteur. Tout le monde connait tout le monde et des liens serrés sont tissés. Les policiers vont demander des conseils, informent, et l'enquêteur sort de son bureau pour se rendre aux cellules, souvent en compagnie des policiers ayant fait l'arrestation.

La formule fonctionne à merveille, personne ne s'en plaint. Les enquêteurs relèves sont pour la plupart des volontaires ou des gens assignés pour quelques mois. Ils travaillent sur le terrain et prennent des décisions importantes et immédiates. Ce système remplace: la Patrouille de nuit qui brûlait les enquêteurs devant faire la nuit et se rendre à la cour le jour.

1996 - Une police imaginée par un homme issu des sections.

La gendarmerie

En instaurant la police de quartier, la direction fit passer le nombre de postes â plus ou moins 47. Donc en moyenne, 25 officiers commandants de plus, 25 officiers en second de plus et 125 superviseurs de plus. Des hommes pris à même la troupe, alourdissant la masse salariale. Nous dirons un surplus de chefs pour le nombre d'Indiens. La hiérarchie simple à la base devient de plus en plus compliquée vers le haut. Commandant, inspecteur, inspecteur-chef, assistant de direction, directeur adjoint, etc. Alors que de constable, vous devenez sergent et commandant. L'inverse de l'ancien système favorisant l'expérience.

47 postes, que l'on doit garnir en hommes. Des relèves de 5 hommes, des postes de police fermés la nuit et des commandants ayant 30 hommes sous leurs ordres .* Des citoyens devant se rendre au poste pour remplir leur rapport ou attendre parfois 20 minutes au 280-2222. Votre appel est important. Un policier social! Celui qui vous écoute, mais qui ne peut rien faire.

Ce département construit un groupe de plus en plus imposant de faiseurs d'images, «Les relations avec les médias» aussi chapeautés par un commandant. Sans parler des «relations avec la communauté» et quelques autres brillantes idées, alourdissant un appareil déjà embouteillé.

La sureté

Des enquêteurs parqués dans quatre centres d'enquêtes, situés à des kilomètres des différents postes. Des hommes n'ayant que peu de contacts avec les policiers en uniforme, se privant ainsi d'informations importantes.

Nous y retrouvons des spécialistes, divisés en modules : Vols contre la personne, contre la propriété, des crimes sans plaignants et des crimes généraux. Ces groupes ont un lieutenant détective par module et un commandant par unité.

Le département a remis au goût du jour et avec un nouveau nom: la patrouille nocturne, bannie 15 ans plus tôt. S'ajoute un petit groupe d'enquêteurs de soir, occupant une région et nommé pompeusement: Service à la clientèle.

Ce qui amène: des détenus de la nuit, vus par la sureté de jour, sans même avoir rencontré les policiers au dossier. Des policiers transportant des détenus sur plusieurs kilomètres, allongeant le temps des appels. De l'information diluée et beaucoup de frustrations.

Les sections

La filature avant 1996 - 4 sections régionales connaissant les enquêteurs, les secteurs et les voleurs. Disponibles rapidement, ils sont le fer de lance des régions.

Quand ces sections n'étaient pas disponibles, un enquêteur pouvait se rabattre sur les policiers du poste, car on y retrouvait du personnel.

La filature centralisée divisée en 4 groupes servait aux sections spécialisées tels: Homicides, Vols qualifiés, Antigang, Fraudes.

La filature après 1996 - Toutes les filatures deviennent centralisées. Le département coupe dans le personnel. Les enquêteurs des régions doivent faire des demandes en 4 copies. La priorité est gardée pour les sections spécialisées, alors les filatures régionales se font rares et il faut être patient **.

Si un enquêteur veut du personnel autre que la filature normale, il doit regarder autour de lui ou s'adresser aux différents postes de quartiers, si le crime est dans leur secteur.

Exemple: Un gang opère dans le centre-ville, il occupe le terrain des postes 20/21/22. Alors, un commandant pourrait prêter un homme par poste, pour une journée ou deux. Ne riez pas c'est arrivé. Pour le reste, le département de police s'est permis de cacher ses sections dans l'Est de la ville tout en ayant le Quartier Général au centre-ville. Bel exemple de communication.

Quelques correctifs

Il faut dire à la décharge des officiers en place, des correctifs ont été apportés. Quelques postes de quartier ont été fermés, d'autres sont devenus des coquilles vides (postes administratifs), il n'y a plus que 33 postes actifs. Ceci ne règle en rien le problème de la communication entre services. De plus, les commandants et adjoints devenus en surplus continuent à être payés.

Le coût de ce gâchis, des millions de dollars. Pas seulement des millions en salaires, des millions en mauvais investissements, des millions qui serviraient à rendre la police efficace.

Que faire?

Avouer que quelqu'un s'est trompé! Revenir un peu en arrière pour reprendre une méthode qui fonctionnait bien. Dommage pour les enquêteurs de fins de semaine off. Dommage pour les policiers qui veulent se déguiser en courant d'air après leurs trois constats d'infraction. Le retour de groupes plus consistants donc plus unis. Le retour d'un mentor conseillant les jeunes face à des problèmes techniques. Des policiers connaissant la criminalité du secteur et ses criminels. Des équipes capables de rassurer les citoyens, pas des donneurs de billets à des passants qui foulent un gazon public ou qui se mettent les pieds dans l'eau d'un parc. Beaux exemples de rapprochement.

* À titre de comparatif: en 1973, au poste 33, le lieutenant avait plus de 30 hommes sous ses ordres. Il était assisté de 3 sergents. Il faut dire que c'était l'exception. Dans les postes réguliers, il y avait un lieutenant et un sergent pour 15 hommes. Le poste avait un directeur et un capitaine, pour l'ensemble des relèves, entre cent et deux cents hommes.

** Lors d'une opération, des Roumains se faisant passer pour des policiers dévalisaient les touristes dans le vieux Montréal. J'allai porter une demande de filature urgente de 10 pages. Le contrôleur m'annonce fièrement qu'il allait commencer lundi! Me voilà aux anges. Puis il me donne une date dans trois semaines. «Et si tu règles ça avant, tu nous avises.» J'ai dû me débrouiller autrement.

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