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Arrestations à Lac-Mégantic: où est passé le gros bon sens?

Les services de police sont trop sur le paraître et pas assez dans l'efficacité. Quand un officier supérieur enseigne au cégep l'art du semblant d'efficacité, on est mal parti. Les shows sont là pour rester, ça donne de l'image, ça fait plaisir aux médias... Mais le peuple?
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Depuis l'affaire Parasiris où les enquêteurs spécialisés de la police de Laval ont si bien foiré, les sections spécialisées ont maintenant recours au char d'assaut pour écraser les mouches. J'imagine que des officiers supérieurs, ceux qui n'ont vu le terrain que de loin, pondent des directives visant à minimiser les risques au point d'en avoir l'air ridicules.

Le dernier exemple en date : les trois arrestations à Lac-Mégantic. Alors, que l'avocat de la défense communique avec les policiers et la Couronne pour une rencontre et une détention probable - ceci se faisant régulièrement, du moins à mon époque -, les enquêteurs demandent l'aide du groupe d'intervention tactique, le SWAT. L'homme aurait eu par le passé des armes mal entreposées et possiblement des tendances suicidaires. D'où viennent ces informations? Pour les armes, je peux comprendre, mais pour les tendances, s'il vous plaît!

Ce dangereux bonhomme amené de force, menottes aux poings, sort quelques heures plus tard avec une promesse faite à un juge. Hé les gars... Connaissez-vous ça, une promesse de comparaître? Nous faisons cela dans un poste de police : le suspect n'étant toujours qu'un suspect, il se rend au poste avec son avocat, ou non, pour signer une promesse de comparaître comprenant certaines conditions et le tour est joué. Pas de cirque médiatique, pas de pétage de bretelles. La question qui se pose: « Où avons-nous laissé notre bon sens? »

Cette façon de faire n'est pas une première. Qui se souvient de l'entrée en grande pompe des hommes de la SQ au repaire inhabité des Hells à Trois Rivières, en 2002? Cette entrée fut médiatisée presque à outrance. On voyait un local entouré de 20 centimètres de neige, pas un pas, pas une piste vers la porte, mais un camion pelle qui enfonce la porte aux petites heures du matin. Bien sûr qu'il est vide ce local, tout le monde le sait, sauf la SQ. Joli show de boucane, tant pis pour les payeurs de taxes.

Pensons à l'affaire de Guy Lafleur. Les policiers, s'ils avaient eu une certaine expérience, auraient téléphoné à l'avocat et pris un rendez-vous dans un centre d'enquête. Non... Il fallait gonfler l'affaire, mettre des menottes, montrer la bête au public. Maintenant, tout ça se retrouve au civil avec une action en dommages envers les policiers et la Couronne. Un manque de jugement? Ça, c'est certain. Un besoin d'être connu? Ça aussi.

Dans la triste affaire Magnotta, pourquoi cinq policiers pour escorter un homme en avion? Pourquoi sont-ils accompagnés d'un commandant ne connaissant rien à l'enquête? Pourquoi 10 véhicules de police, alors que le lendemain, un seul à suffit à le transporter à la cour? La seule et unique raison : le show pour le peuple. Un show de milliers de dollars, des dollars qui manquent dans d'autres secteurs. J'ai déjà ramené en avion un dangereux criminel, un homme ayant attenté à la vie de deux autres hommes, nous n'étions que deux enquêteurs. Quand le bonhomme me posa la question: qu'arriverait-il si je refusais de vous suivre ? J'ai simplement répondu qu'un voyage en valise de char, c'était long à partir de Calgary. Je ne plaisantais pas et il nous a suivis avec beaucoup d'empressement.

La dernière fois que j'ai eu à utiliser le SWAT, je suis demeuré stupéfait de leur peur d'avoir peur. À force de tergiversations, le suspect a eu le temps de partir. Je n'en revenais pas de voir les sourires de ces idiots aux bras musclés. Ils n'auraient pas à intervenir! J'y retournerais le lendemain, avec mon partenaire et deux policiers en qui j'avais confiance. 20 minutes plus tard, tout était terminé, le suspect, l'arme, la fouille. Pas le temps d'hésiter, planifier, jauger les risques, et vérifier si tout est fait selon les règles de SWAT. L'action ne se fait pas dans une profonde réflexion paralysante : elle se fait avec des règles de gros bon sens. Le lendemain, mes officiers en ont fait de l'urticaire, mais tout était réglé.

Je ne raconterai pas toutes les autres et je l'avoue, je n'ai jamais eu qu'une confiance limitée dans cette section. En fait, dans presque toutes les sections où il faut suivre la ligne directrice. Acheter un camion jouet ne changera rien. C'est dans la tête... Et aussi dans les couilles. Et ça, ça ne s'achète pas.

Les services de police sont trop sur le paraître et pas assez dans l'efficacité. Quand un officier supérieur enseigne au cégep l'art du semblant d'efficacité, on est mal parti. Les shows sont là pour rester, ça donne de l'image, ça fait plaisir aux médias... Mais le peuple?

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