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Au contact du ciment

Chère vie, ne cesse jamais de me surprendre. Évidemment, je préfère les bonnes surprises, mais j'accepterai aussi les mauvaises ; parce les mauvaises surprises sont également des défis à relever, des opportunités.
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Une vieille amie à moi a récemment traversé une période difficile de sa vie. Son discours était gris et triste. La désillusion l'avait avalée toute crue. Un soir, sans prévenir je l'ai vue se relever ; se sortir sa de torpeur en écrivant cette réflexion:

Chère vie, ne cesse jamais de me surprendre. Évidemment, je préfère les bonnes surprises, mais j'accepterai aussi les mauvaises ; parce les mauvaises surprises sont également des défis à relever, des opportunités. Elles me permettent de me rappeler la personne que je suis et celle que je veux devenir. Un jour sans surprises est un jour sans souvenirs donc, qui n'a jamais existé. Puisque je veux me souvenir de chaque journée de mon existence, je veux que chaque journée soit différente. Chère vie, ne cesse jamais de me surprendre, cela me permet de garder le cap, de me sentir exister.

Quelques phrases qui m'ont inspiré ce texte.

Ayant toujours été obsédée par la «quête de la vérité», qu'elle concerne le sens profond de la vie ou la véritable identité de Aunt Jemima , l'affaire Papa-Noël a très tôt été close pour moi. Je dirais que vers l'âge de cinq ans, j'avais compris que mes Barbies étaient cachées dans la grande garderobes de mon père et que distribuer des cadeaux aux enfants du monde entier entre minuit et minuit une, ça se peut pas! Malgré tout, ma mère tenait particulièrement à ce que, chaque année, je lui écrive une lettre. Enthousiasmée, j'allais porter ma liste de souhaits à ce personnage plus emblématique qu'imaginaire dans la petite boîte aux lettres rouge au coin de la rue. Je recevais toujours la même réponse, écrite à l'ordinateur, mais je m'en foutais. Le bonhomme en rouge vivait dans ma tête seulement ; ma tête c'était suffisant. Sûrement parce que les sentiments reliés à l'espoir d'un mystère improbable génèrent plus de plaisir le temps que ceux de la déception.

Les enfants croient. En fait, les enfants aiment croire. Ce n'est qu'avec le temps que se détériore le «voile magique d'espoir» dans lequel on est enveloppé à la naissance. On se fait tirer dessus, parfois rouler dans la merde, certaines personnes essaient de nous en dévêtir. Notre petit voile finit par être plein de trous et tout brun. Aux premiers sabotages, on le met à la laveuse et on recoud les disgracieuses ouvertures. On se dit alors, qu'il est usé, mais qu'au même titre qu'un jeans délavé, ça nous donne un style. L'humain, courageux de nature, ressort donc de chez lui, jour après jour, usant un peu plus le voile doux et vaporeux de l'enfance. Les tournants rugueux de la vie finissent trop souvent par avoir raison de notre propension à préserver la magie.

Et c'est généralement comme ça que ça se passe.

Depuis Noël 1995, j'ai traversé quelques tempêtes, emportant avec elles d'autres idéaux. J'ai, de plus en plus, arrêté de croire, en de moins en moins d'abstractions. Au début, j'étais terrorisée, paralysée dans l'eau du bain de la glaciale réalité. J'y suis donc restée un certain temps, à attendre que Jésus débarque dans un halo éblouissant: ma fille, lève-toi et marche! À mon grand désarroi, il n'est jamais arrivé. C'est donc après avoir imploré la quasi-totalité des êtres divins que j'ai saisi le sens de ce vieil adage: ce n'est pas en tombant dans l'eau qu'on se noie, c'est en y restant. Dieu merci, juste avant la noyade, je suis sortie de l'eau, fraîche comme une rose. Bon, j'étais un peu ratatinée, mais au moins j'étais propre! Je me suis mise à penser aux causes et aux chemins sinueux qui m'avaient amenée nulle part. Avec qui j'y étais allée et pourquoi. Les raisons, les unes plus noires que les autres, m'ont incriminée. Nos choix, lorsqu'ils naissent de la peur, nous mutilent à notre insu. Nous devons renoncer à être esclaves de nos mécanismes de défense.

J'admets que ça paraît dramatique, vite comme ça, mes histoires de noyade, de tempêtes et de déceptions, mais c'est le lot de tous un chacun et c'est, somme toute, un beau drame. Oh nous, pauvres mortels, devons composer avec les aléas de la vie qui nous mettent parfois au tapis. Incontestablement, c'est compliqué. Mais c'est probablement plus divertissant qu'être une chaise... à mon avis! D'autres penseront le contraire. Ce type d'individu n'aime pas se laver dans l'eau de la vérité ; peu apte et/ou intéressé à l'introspection, il est facilement identifiable de par son odeur nauséabonde. En résumé, la réflexion peut engendrer de la souffrance, la souffrance diminue le plaisir et le grand enfant qui n'aime pas prendre des bains fuit la réflexion. Par expérience, j'évite le plus possible ce genre de spécimen flottant la plupart du temps au-dessus du sol dans un nuage de poudre aux yeux. Il se drogue au plaisir, confondant ce dernier au bonheur. Erreur. Remplir le vide par le vide est une stratégie qui a montré ses limites.

Il ne faut pas craindre les temps morts puisqu'ils nous révèlent à la vie.

Il ne faut pas craindre les silences, même les plus criants.

Les culs-de-sac sont d'incroyables opportunités. Nous devons nous permettre d'être vulnérables pour retrouver l'amour du verbe croire.

C'est une erreur de ne pas croire et une faute de tout croire - Fernando de Rojas

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