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Obama: les excuses, ça suffit

Il est temps d'arrêter de trouver des excuses à Barack Obama. Avec tant d'enjeux dans cette élection, sa prestation lors du débat mercredi soir était indéfendable. Depuis son élection, on a invoqué des raisons, publiquement ou en privé, pour expliquer pourquoi Obama semblait incapable de relever les plus grands défis de la nation.
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Il est temps d'arrêter de trouver des excuses à Barack Obama. Avec tant d'enjeux dans cette élection, sa prestation lors du débat mercredi soir était indéfendable.

Depuis son élection, on a invoqué des raisons, publiquement ou en privé, pour expliquer pourquoi Obama semblait incapable de relever les plus grands défis de la nation. Malgré l'accroissement de la pauvreté dans la pire récession économique connue depuis la Grande Dépression, les supporters d'Obama murmuraient qu'il ne pouvait pas faire plus pour les pauvres, ni parler avec plus de vigueur en leur nom, car cela aurait tourné à son désavantage politique. Du coup, presque toutes ses initiatives politiques ont dû s'adresser aux classes moyennes, alors que les pauvres étaient bien plus touchés. Lyndon B. Johnson pouvait déclencher une guerre contre la pauvreté, mais pas Obama.

Les Afro-américains ont été disproportionnellement frappés par la Grande Récession et ses conséquences, perdant à la fois richesses et revenus à des niveaux ahurissants. Une grande part de la communauté noire subit encore une crise économique à grande échelle. Mais Obama et ses conseillers n'ont pas souhaité s'exprimer ouvertement ou de façon trop virulente sur cette catastrophe, de peur que le Président ne soit perçu comme trop « noir » par les électeurs blancs aux préjugés bien ancrés, et perdant alors leur soutien.

Il y a toujours une bonne excuse ou raison de ne pas mettre toute l'énergie et les ressources du président dans la lutte.

Sur le plan des emplois, la plus grande difficulté que doit résoudre le pays, l'obstruction républicaine a été l'excuse pour ne pas avoir fait mieux. Que les républicains n'aient pas arrêté de contrecarrer les plans du Président ne fait aucun doute. Mais Obama n'a jamais contre-attaqué. Il n'a jamais trouvé le Harry Truman en lui, n'a jamais défendu son cas devant les gens avec force. Au contraire, il n'a cessé d'essayer de satisfaire la partie adverse, même après qu'il soit devenu clair qu'aucun arrangement n'était possible.

Pour faire face à la pire catastrophe économique depuis les années 1930, les Etats-Unis avaient besoin d'un effort de création d'emplois sans précédent et d'un programme de revitalisation économique, un New Deal pour le XXIème siècle. Mais cela aurait demandé d'avoir un président capable de tenir tête à l'opposition obstinée de ceux qui sont les responsables de cette crise au départ. Au lieu de cela, nous avons un programme de relance économique tristement insuffisant, et une tentative d'accord complètement ratée entre le Président et les Républicains rétrogrades du Congrès. Ce grand marché aurait imposé des mesures d'austérité qui auraient encore plus écrasé les pauvres, les Afro-américains et la classe moyenne.

Mercredi soir, près de 60 millions de téléspectateurs ont été les témoins de ce refus chronique de combattre de Barack Obama. Il n'a pas attaqué Mitt Romney pour ses commentaires choquants et révélateurs qui rabaissaient presque la moitié de la population à des fainéants et bons à rien. Il ne l'a pas harponné sur son bilan catastrophique en termes de création d'emplois quand il était gouverneur du Massachusetts. Il ne s'en est pas pris à lui au sujet de son assertion impitoyable, lors de l'émission "60 Minutes", sur le fait qu'on prend bien en charge les gens sans assurance santé aux urgences: "Si quelqu'un a une crise cardiaque, il ne meurt pas dans son appartement. On l'emmène en ambulance jusqu'à l'hôpital où il est soigné", avait-il alors déclaré.

Durant le débat, Obama n'a jamais pris la peine de revenir sur cette remarque sans pitié, d'expliquer pourquoi s'appuyer sur les traitements aux urgences est l'une des pires approches possibles de considérer la dispensation des soins.

L'une des choses les plus frappantes de ce débat a été l'absolu mépris de Mitt Romney pour tout fait un tant soit peu réaliste ou vrai. Tromper délibérément représentait le fondement de sa stratégie. Il n'a même pas craché le morceau sur les réductions d'impôts qui sont pourtant la pierre angulaire de sa campagne. Et cependant, c'est Romney qui a eu le culot de regarder Obama dans les yeux avant d'asséner: "M. le Président, vous avez droit à votre propre avion et à votre propre maison, mais pas à vos propres faits."

Mais bon sang ! Comment Obama l'a-t-il laissé s'en sortir comme ça ?

La dure vérité est que le Président Obama n'avait pas l'air préparé à ce débat. Il est arrivé comme quelqu'un qui n'avait pas vraiment envie d'être là, qui se demandait au nom de quoi il devrait subir les attaques impertinentes, et les contrevérités lancées sans cesse par son rival. Les millions de supporters d'Obama qui rêvaient de voir leur candidat s'enflammer pour eux -un Président qui se battrait vraiment pour leur cause- n'ont récolté qu'une profonde déception.

Au contraire, Romney semblait non seulement confiant, mais aussi en position de force. Il était énergique (tout en énonçant mensonge après mensonge), alors qu'Obama avait l'air éteint, mal à l'aise et peu désireux de contrebalancer de façon virulente ces mensonges. Pire, Romney était de loin celui qui montrait le plus son envie de se battre.

Il y aura d'autres débats. Et les élections sont loin d'être jouées. Mais les supporters d'Obama doivent montrer que le temps des excuses est fini. Le président n'a aucun droit de se présenter à un débat pas préparé et d'offrir une prestation si peu convaincante qu'elle en devient embarrassante. Les chefs progressistes qui représentent la frange la plus forte et la plus fidèle de ses soutiens doivent absolument lui faire parvenir ce message de façon claire.

Le Président a déçu son peuple. Et s'il est capable de le faire dans une élection pourtant cruciale, cela signifie qu'il pourra le refaire s'il remporte un second mandat.

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